Parménide d'Élée fit l’éloge du léger contre le lourd : « le léger est positif, le lourd est négatif ». Les coureurs du Tour de France ont probablement relu ses œuvres complètes -soit 160 vers (sic)- entre deux sessions de shopping détaxé à Andorre-la-Vieille.
Kundera, quant à lui, attendra probablement la fin du Tour. Ou pas.
Quand la route s'élève, les puissants sprinters contemplent leurs muscles de géants, l'orgueil froissé. Au mieux, ils rongent leur frein, au pire ils s'éclipsent (ou l'inverse) -Cipollini, Boonen... Ils envient l'insoutenable légèreté des voltigeurs des cimes, dans leur dialogue solitaire avec l'absolu. Ils pensent alors (contre eux-mêmes): « le léger est positif, le lourd est négatif », avant de déployer toute leur puissance quelques jours et plusieurs centaines de mètres plus bas et de changer d'avis.
Alors, « Parménide avait-il raison de dire que le léger est positif et le lourd négatif ? »
Oui, répondent les grimpeurs, ennemis acharnés de la pesanteur, chercheurs d'apesanteur... Le grimpeur, parfois si proche de l'absolu qu'il s'y brûle les ailes -Icares du cyclisme, à vous... Disparus Claveyrolat, Pantani, banni Rasmussen...
Quand la légèreté devient insoutenable... elle redevient pesanteur.
Et si le poids, c'était aussi le souvenir ? Alors Armstrong serait plombé par un passé trop lourd à porter, lui qui rêve d'un retour virginal, d'une insoutenable légèreté. Alors Casar aurait été hanté par un passé refoulé qui se répète pourtant – (5 fois deuxième).
Mais courir sans mémoire est aussi insupportable. Jean-Paul Ollivier nous le rappelle tous les jours en direct.
Alors pesanteur ou légèreté ?
Légèreté de la jeunesse de Brice Feillu, légèreté et classe d'un Contador émancipé. Pesanteur d'un Roi dont les divertissements pourtant abondants ne suffisent plus à effacer le poids des ans...
Car « on désire toujours, par dessus tout, l'inaccessible, avec avidité. »
Kundera