Billet de blog 19 juillet 2009

Michel Dalloni (avatar)

Michel Dalloni

Génie civil

Journaliste à Mediapart

Dans les lacets de la Grande Boucle (14). Une si longue attente...

Toujours là? Vous êtes formidables. Pas trop fatigués d’attendre? Et bien, soyez rassurés, les coureurs du 96e Tour de France non plus.

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Toujours là? Vous êtes formidables. Pas trop fatigués d’attendre? Et bien, soyez rassurés, les coureurs du 96e Tour de France non plus.

Samedi 18 juillet, sur la route qui reliait Colmar (Haut-Rhin) à Besançon (Doubs), au long de 199 km d’un élégant ruban d’enrobé à chaud, ils n’ont fait que ça, attendre. Pareil pour le vainqueur du jour, le Russe Sergueï Ivanov, qui, lui, attendait seulement le bon moment. C’est donc en vue de l’arrivée que l’efficace machine à broyer du braquet de la mystérieuse équipe Katusha décida de se débarrasser de ses onze compagnons d’échappée, qui avaient passé une partie de l’après-midi à attendre soit l’attaque d’un individualiste, soit la réaction du peloton, soit l’interpellation des adolescents flingueurs soupçonnés de leur avoir farci les mollets de petits plombs.

Longtemps, les évadés ont cru que George Hincapie montrerait le chemin, tellement il lorgnait le maillot jaune. Et puis non. Le meilleur ami de Lance Armstrong était trop absorbé par des exercices de calcul mental pour décider. Il attendait une suggestion de son directeur sportif, qui attendait de savoir si les Astana étaient prêts à museler le peloton, qui attendait de connaître l’opinion du néo-cannibale texan sur la question, lequel anthropophage attendait que les mécanos aient fini de fixer sur son cintre la paire de rétroviseurs commandés en vue de la première étape alpestre, dimanche 19 juillet, où il s’attend à un mauvais coup de son cothurne, Alberto Contador, qui attendait la réponse de Carlos Sastre au sujet du projet d’alliance dont il l’avait entretenu en descendant les Pyrénées. Mais, comme les Ibères sont de plus en plus rudes, surtout entre eux, il attend encore.

Du côté de la maison AG2R, qui s’attendait à restituer vite fait la maglia gialla que Rinaldo Nocentini a emprunté au vestiaire d’Andorre-Arcalis voilà une semaine, on souquait ferme en attendant la relève, qui attendait de savoir d’où venait le vent (de face) et où en était Lance Armstrong dans sa réflexion sur l’éventuelle possibilité d’un coup de main en tête de peloton mais le boss, qui adore faire attendre les autres, ainsi que les préleveurs de pipi, qui ont attendu une heure au départ de Colmar avant de pouvoir le contrôler, pourraient en témoigner, et attendait d’en savoir un peu plus sur la position du ministre français de la santé et des sports, Roselyne Bachelot, avant d’alimenter la polémique, avait autre chose à foutre. Bref, les rombiers pédalant pouvaient toujours attendre. Et nous avec.

Puisqu’il est vital de rire au moins dix minutes jour, n’attendons plus et signalons, pour finir, qu’une rumeur matinale a signalé la présence de Cadel Evans, coureur cycliste australien, dans un groupe d’échappés. Cadel Evans. Echappée. On ne s’y attendait plus et on avait raison car il n’aura pas fallu attendre longtemps la publication d’un rectificatif officiel, sobrement intitulé: "Cadel Evans n’est pas sorti du peloton". Tu m’étonnes. De toute façon, avant de tenter quoi que ce soit d’important, le d’Artagnan de la loose doit attendre une autorisation écrite de l’administration du Texas, sinon il sait à quoi s’attendre… C’est aussi valable pour Carlos Sastre et Denis Menchov. Une incartade et ces trois-là ne perdraient rien pour attendre. Ce qui revient à dire qu’à force d’attendre, ils vont tout perdre. Bien fait.