Billet de blog 20 septembre 2013

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Grand Paris, les rendez-vous manqués

Le projet de loi de décentralisation, actuellement en discussion au Sénat, passe à côté de son sujet, déplore Gérard Perreau-Bezouille, premier adjoint au maire de Nanterre (Hauts-de-Seine), et « marque une étape de plus dans un processus de recentralisation, à l’œuvre depuis quelques années, qui va complètement à contre-courant de l’histoire ».

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Le projet de loi de décentralisation, actuellement en discussion au Sénat, passe à côté de son sujet, déplore Gérard Perreau-Bezouille, premier adjoint au maire de Nanterre (Hauts-de-Seine), et « marque une étape de plus dans un processus de recentralisation, à l’œuvre depuis quelques années, qui va complètement à contre-courant de l’histoire ».


La défiance que suscite le projet de loi instaurant la métropole du Grand Paris révèle qu’une fois de plus, le gouvernement a raté le coche. Alors qu’il avait l’occasion de penser une réforme métropolitaine fondée sur la coopération et la complémentarité des territoires, le projet actuel marque une étape de plus dans un processus de recentralisation, à l’œuvre depuis quelques années, qui va complètement à contre-courant de l’histoire. Il y a, derrière ce projet, une véritable logique : réduire les champs d’action des collectivités locales pour mieux couper dans les services publics. Cette conception libérale de l’organisation de la société avec laquelle le gouvernement  n’a pas décidé de rompre l’amène à produire une loi : celle « des rendez-vous manqués ».

Un rendez-vous manqué avec la banlieue d’abord : c’est l’irruption des banlieues et leur affirmation qui fonde l’émergence des métropoles dans l’espace politique, qui casse le schéma traditionnel de ville centre dominante et de périphéries dominées. Il n’y a pas de métropole sans multipolarités, sans relations entre les communes qui ne soient fondées sur l’égalité. Face aux inégalités sociales et territoriales, seul un projet guidé par la volonté de donner accès au plus grand nombre au droit à la centralité est envisageable. Or, le risque du projet actuel est de voir, une fois de plus, imposer aux villes de banlieue des installations dont la ville centre, en l’occurrence Paris, ne veut pas. C’est un véritable retour en arrière ! Nanterre l’a subi pendant des décennies et aujourd’hui encore certains quartiers de notre ville paient les conséquences de cette conception centralisatrice. 

C’est aussi un rendez-vous manqué avec la solidarité : de quelle manière seront réparties les ressources que cette Loi concentre dans le nouvel échelon de la métropole ? Comment permettront-elles de lutter contre les inégalités territoriales alors qu’on peine déjà à construire un fonds de solidarité régional équitable ?

C’est un rendez-vous manqué avec la démocratie : imposer un tel projet, si lourd de conséquences, dans la précipitation et sans concertation, c’est ignorer les élus et leur travail, notamment au sein de Paris métropole. Affaiblir de la sorte le pouvoir communal revient à éloigner toujours plus les citoyens des lieux de décision alors que les élus de proximité sont les seuls à garder la confiance des habitant-e-s de leurs territoires.

C’est un rendez-vous manqué avec l’histoire : les syndicats intercommunaux, parfois d’envergure métropolitaine, ont une expertise précieuse qu’il faut bonifier. Pourquoi nier ce travail de longue haleine de mise en cohérence ? La métropole possède déjà des outils à son échelle, il s’agit maintenant de mieux les articuler entre eux.

C’est, enfin et surtout, un rendez-vous manqué avec une véritable ambition pour la métropole : nous sommes convaincus qu’une autre forme d’évolution est possible. Une métropole solidaire et inclusive qui conforte la participation citoyenne en renforçant les pouvoirs publics locaux. Les citoyens sont « en même temps dans un tout », métropolitains, parisiens, alto-séquanais, Nanterriens, habitants de leur quartier : c’est ce caractère omniscalaire de chaque territoire et de chaque habitant, allié au polycentrisme de la métropole, qui doit favoriser l’inclusion, préserver la solidarité entre les territoires et, ainsi, répondre de bonne manière aux questions posées autour de la place et du rayonnement de « Paris » dans le monde.

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