Billet de blog 14 novembre 2008

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François Bonnet

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Fatal Flatteur frappe à l’Elysée

C'est une petite scène de genre de notre République. Celle de l'abaissement journalistique ou, plus simplement, du ridicule. Il ne tue pas, il consterne.

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Illustration 1

C'est une petite scène de genre de notre République. Celle de l'abaissement journalistique ou, plus simplement, du ridicule. Il ne tue pas, il consterne.

Pendant que les «états généraux de la presse» discutent doctement sous le regard attendri des conseillers de l'Elysée, une prestigieuse revue s'est trouvée un nouveau « Grand Danube de la Pensée » en la personne du président de la République. Politique Internationale, qui fête ses trente ans, a décerné le 13 novembre le « prix du courage politique »... à Nicolas Sarkozy. Et le discours de Patrick Wajsman, son directeur, est à la Une du site Elysée.fr (cliquez ici). C'est un morceau d'anthologie.

Patrick Wajsman, professeur à Sciences-Po, conseiller éditorial du Figaro, militant UMP, est un spécialiste des interviews courtoises des grands de ce monde. Cette fois, il a trouvé plus grand que grand. Du coup, son discours de la remise du prix au président est presque bref. Car, s'excuse-t-il au côté de Nicolas Sarkozy, « lorsque le mérite est aussi évident, les mots pour le décrire sont presque superflus » !

« Force du tempérament », « cœur », « convictions », « refus de s'incliner », « courage »
, M. Wajsman a épluché le dictionnaire. « Je ne peux pas tout citer », s'essouffle-t-il, tant est longue la liste des victoires diplomatiques de l'Elysée. Interrogé plus tard par les services de la présidence (à regarder en cliquant ici), le directeur de « la plus influente publication francophone consacrée aux questions internationales » (c'est ainsi que se présente Politique Internationale), persiste : « Quand on regarde le président Sarkozy (agir sur tous les grands dossiers internationaux) on s'aperçoit que c'est lui qui mérite le prix du courage politique. C'est indéniable, il suffit de regarder.»

Un exercice de courtisanerie de plus ne serait pas si grave s'il n'engageait la revue Politique Internationale à qui il arrive d'accueillir des collaborations de qualité, et où écrivent bon nombre de journalistes des services étrangers du Figaro, du Monde ou de Libération, sans compter quelques experts de renom. Les voilà eux aussi embarqués, sans doute à leur corps défendant, dans cette stupéfiante flagornerie.