En s'en tenant aux disparitions signalées et aux cadavres retrouvés (5%), 4 404 personnes auraient trouvé la mort en tentant de rejoindre l'Espagne par la mer entre janvier et décembre 2021, soit une victime environ toutes les deux heures.
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1. Des côtes africaines vers les îles Canaries : 124 naufrages
Cette région ultrapériphérique de l'Espagne et de l'Union européenne concentre la majorité des décès enregistrés en 2021, une conséquence directe de la « militarisation » du littoral méditerranéen selon l'ONG [1]. En effet, l'externalisation et le renforcement du contrôles des frontières communautaires du détroit de Gibraltar et de la mer d'Alborán reportent les voies d'accès à l'Europe vers l'océan Atlantique.
2. Une féminisation des profils : 628 femmes et 205 enfants
Quasiment la moitié des victimes parties depuis Dakhla ou cap Boujdour (Sahara occidental) étaient des femmes et des enfants. Comme d'autres ONG spécialisées dans l'accueil des réfugié·es, Caminando Fronteras dénonce à ce titre un manque structurel d'accompagnement psychosocial des survivant·es des traversées (stress post-traumatique, syndrome d'Ulysse, etc.) [2].
3. Choisir qui survit, qui périt : une forme de « nécropolitique »
Plusieurs témoignages joints au rapport indiquent que les autorités contactées en Méditerranée n'entreprendraient parfois pas les recherches demandées, à l'instar de Malte ou de l'Italie. Selon l'ONG, l'arbitraire dans l'activation des services de secours illustre la nécropolitique de l'Union, soit « la création de mondes de mort, formes uniques et nouvelles d’existence sociale, dans lesquelles de nombreuses populations sont soumises à des conditions d’existence leur conférant le statut de morts-vivants » [3].
[1] Informe del Monitoreo DALV (Derecho a la Vida en la Frontera Occidental Euroafricana), Caminado Fronteras, 2021
[2] MARTÍNEZ, Manuel Francisco, MARTÍNEZ GARCÍA, Julia, « Procesos migratorios e intervenció psicosocial », Papeles del Psicólogo, vol. 39, N°2, pp. 96-103, 2018.
[3] MBEMBE, Achille. « Nécropolitique », Raisons politiques, vol. 21, N° 1, 2006, pp. 29-60.