Billet de blog 23 février 2024

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Quand Ruffin passe par chez toi

C’est vrai, il n’est pas tout à fait venu à la maison, mais presque. Saint-Aubin-du-Cormier est à 15 kilomètres, alors je ne pouvais pas rater ça.

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Ça va bientôt faire deux ans que j’ai lâché les camarades avec qui on a fait campagne pour les législatives dans la 6e circonscription d’Ille-et-Vilaine. La chute a été rude et puis après, Mélenchon n’a pas été 1er Ministre et ensuite, y’a eu Quatennens. Il avait de quoi être énervé, mais c’était pas une raison pour taper. Bref, ce mercredi, Ruffin était annoncé à l’espace Bel Air de cette ville dont la population a doublé, depuis que je suis arrivée dans le coin il y a 30 ans, pour atteindre 4 293 habitants.

C’était déjà la tempête. Ça soufflait, ça ventait et il pleuvait des cordes, mais bon, c’est pas tous les jours que Ruffin passe à la maison, c'était obligé d'y aller et une fois dans la salle, je me suis même installée au 2e rang. J’avais pas fait de covoit’ ni prévenu personne. Faut dire que la dernière fois que j’avais parlé de la Nupes au village, c’était pas trop bien passé, parce qu’ici, on ferme sa gueule et on dit pas pour qui on vote. Ça amuse la galerie quand je leur sors mon bouquin #Balance ton président, mais quand il s’agit de défendre des idées publiquement, il n’y a plus personne, et c’est pour ça que je suis allée toute seule savourer les bonnes paroles de Ruffin et sa bande.

Les potes de la France insoumise avaient carrément bien fait les choses et le parking était déjà quasi plein quand je suis arrivée. Franchement, je ne m’attendais pas à ça. Je savais que Mélenchon déplaçait les foules, je l’avais vu à Rennes en 2017, mais entre nous, le coup de la Marseillaise à la fin du meeting me reste encore en travers. J’étais surprise mais j'ai quand même trouvé une place pour me garer avant d’aller me glisser sur une chaise et d’être repérée par Hélène, candidate malheureuse de la 6e. Ça fait plaisir de te voir là, elle m’a dit. Moi aussi, ça me faisait carrément plaisir et je crois que les 500 autres aussi étaient contents d’être là.

Je n’ai pas vraiment apprécié la petite fanfare qui a joué quelques morceaux en avant-première, mais je crois que c’est parce que j’avais la tête ailleurs et j’étais pas venue pour ça. C’est vache parce que dans le lot, il y avait Samuel, un agriculteur éleveur qui est venu ensuite causer de la situation du monde agricole, enfin le sien, et des plaisirs qu’il a à faire son métier. Dans le coin, on a plutôt des panneaux à l’envers, alors ça fait du bien quand y’en a qui ont la tête sur les épaules pour venir te causer de leur monde à eux, sans pesticides par exemple.
Il était là parce que dans la journée, Ruffin était allé de-ci de-là rencontrer des gens qui travaillent et qui aiment leur métier, plutôt que de détester leur taf. Marie, une assistante d’éducation dans un collège public, est aussi venue raconter ses conditions de travail, 41 heures par semaine pour 1450 €/mois et une éventuelle CDIsation au bout de six ans, au bon vouloir de l’Administration.

Ensuite, deux des quatre députés (sur 6 pour le 35) de la Nupes avaient fait le déplacement. Si le thème de la soirée était axé sur le travail ou plutôt le Mal travail (du titre du dernier livre de Ruffin), les rôles étaient bien répartis. Frédéric Mathieu, élu de la 1re circonscription, a parlé des cabinets-conseils et de la haine de la macronie pour le service public, et Mathilde Hignet, élue de la 4e circo, des mauvaises conditions de travail partout, mais surtout dans l’agroalimentaire. Elle a fini par flinguer sa voix tellement elle est passionnée, avant de rendre hommage aux camarades de l’affiche rouge, ces travailleurs étrangers.

Je ne vais pas vous raconter tout ce que Ruffin a dit, vous allez pouvoir l’écouter, mais j’ai beaucoup apprécié quand il a parlé de son boulot qu’il veut sous la marque de la joie. Il dit : nous avons un devoir de joie, on est là pour remonter le moral. Avec les guerres, l’inflation, la réélection de macron, un Français sur cinq a le moral dans les chaussettes. On doit se battre contre l’abattement, l’indifférence, la résignation, c’est ce que nous avons à combattre, partout, même à l’Aquagym !

Voilà, je vous laisse écouter tout ça. Moi, ça m’a filé la pêche !

21 février 2024 - François Ruffin à Saint-Aubin-du-Cormier en Ille-et-Vilaine © zazaz
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