Je me souviens des mois de mars depuis tout gamin, car ils sont synonymes de « printemps ». Dans le rythme des saisons, c’est celle de la renaissance, ma saison préférée. Mon corps réclame le soleil, la chlorophylle et la lumière de cette saison.
Comme souvent, notre mémoire se nourrit d’images, de sons, de réunions de famille, mais aussi de chansons.
Mais ces mois de mars sont aussi parfois tristes et ceux de 2004 et 2010 notamment. En 2004, le 4 mars , c’est d’abord le toulousain des Minimes, Claude Nougaro qui nous quittait. Son incomparable style, sa voix chaude comme l’été du Midi, sa voix chantante comme les galets de la Garonne, son tempérament de feu et jovial comme sa ville rose qu’il a si bien chanté nous manque beaucoup. Mais les paroles de cet humaniste m’accompagnent depuis que j’ai découvert le personnage.
Et aujourd’hui, dans notre France blessée par les discours politiques faits d’intolérances et de rejets, Claude Nougaro nous a légué des chefs d’œuvres. De « Cécile, ma fille », à « Le jazz et la java » en passant par « Toulouse », « Tu verras », « Quatre boules de cuir » et tant d’autres. Si j’aime à écouter Nougayork pour son côté rock et la renaissance qu’elle symbolise [ A écouter là : http://www.youtube.com/watch?v=bCtSn4sA0Ok ] , c’est ARMSTRONG qui me touche le plus. En cette année, il faut impérativement se souvenir de ces magnifiques paroles, cette invitation à la tolérance, à l’amour, au respect. A écouter, réécouter ici : http://www.ina.fr/divertissement/chansons/video/I04076267/claude-nougaro-armstrong.fr.html
Armstrong, je ne suis pas noir
Je suis blanc de peau
Quand on veut chanter l’espoir
Quel manque de pot
Oui, j’ai beau voir le ciel, l’oiseau
Rien rien rien ne luit là-haut
Les anges... zéro
Je suis blanc de peau
Armstrong, tu te fends la poire
On voit toutes tes dents
Moi, je broie plutôt du noir
Du noir en dedans
Chante pour moi, Louis, oh oui
Chante chante chante, ça tient chaud
J’ai froid, oh moi
Qui suis blanc de peau
Armstrong, la vie, quelle histoire?
C’est pas très marrant
Qu’on l’écrive blanc sur noir
Ou bien noir sur blanc
On voit surtout du rouge, du rouge
Sang, sang, sans trêve ni repos
Qu’on soit, ma foi
Noir ou blanc de peau
Armstrong, un jour, tôt ou tard
On n’est que des os
Est-ce que les tiens seront noirs?
Ce serait rigolo
Allez Louis, alléluia
Au-delà de nos oripeaux
Noir et blanc sont ressemblants
Comme deux gouttes d’eau
Oh yeay!
Il faudrait l’envoyer à M. Guéant ou Marine….
Et comme la camarde continue son œuvre inexorablement, le 13 mars 2010, elle a aussi été frapper plus au nord en Ardèche, un autre géant de la chanson française. Jean Ferrat. Ce fidèle compagnon de route du Parti communiste a traversé le siècle et ses chansons sont elles aussi intemporelles. On connait tous « Nuit et Brouillard », « La Montagne », « Potemkine », mais aujourd’hui, c’est « Ma France » qui doit nous servir à tous d’aiguillon pour ne pas trahir les valeurs de notre beau pays. Jean Ferrat y magnifie une France généreuse, accueillante, fière, ouverte, tolérante et pourtant il peut témoigner dans son histoire personnelle qu’elle sait aussi ne pas l’être. C’est à écouter ici : http://www.youtube.com/watch?v=qkO7_rhhCbA
De plaines en forêts de vallons en collines
Du printemps qui va naître à tes mortes saisons
De ce que j'ai vécu à ce que j'imagine
Je n'en finirai pas d'écrire ta chanson
Ma France
Au grand soleil d'été qui courbe la Provence
Des genêts de Bretagne aux bruyères d'Ardèche
Quelque chose dans l'air a cette transparence
Et ce goût du bonheur qui rend ma lèvre sèche
Ma France
Cet air de liberté au-delà des frontières
Aux peuples étrangers qui donnait le vertige
Et dont vous usurpez aujourd'hui le prestige
Elle répond toujours du nom de Robespierre
Ma France
Celle du vieil Hugo tonnant de son exil
Des enfants de cinq ans travaillant dans les mines
Celle qui construisit de ses mains vos usines
Celle dont monsieur Thiers a dit qu'on la fusille
Ma France
Picasso tient le monde au bout de sa palette
Des lèvres d'Éluard s'envolent des colombes
Ils n'en finissent pas tes artistes prophètes
De dire qu'il est temps que le malheur succombe
Ma France
Leurs voix se multiplient à n'en plus faire qu'une
Celle qui paie toujours vos crimes vos erreurs
En remplissant l'histoire et ses fosses communes
Que je chante à jamais celle des travailleurs
Ma France
Celle qui ne possède en or que ses nuits blanches
Pour la lutte obstinée de ce temps quotidien
Du journal que l'on vend le matin d'un dimanche
A l'affiche qu'on colle au mur du lendemain
Ma France
Qu'elle monte des mines descende des collines
Celle qui chante en moi la belle la rebelle
Elle tient l'avenir, serré dans ses mains fines
Celle de trente-six à soixante-huit chandelles
Ma France
Pour terminer ce billet en chanson, j’espère que c’est une France respectueuse de ces valeurs là qui accouchera de ce printemps d’élections. Tout le contraire de la France que d’aucuns veulent pour nos enfants.
Merci à ces « grands » de la chanson française de nous avoir légué ces chefs d’œuvres d’humanisme. Je ne m'en lasse pas de les écouter.
Il faut s'en souvenir chaque jour.