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Je me souviens....

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Billet de blog 5 octobre 2024

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Bien sûr il respire encore et sans doute pour longtemps car ils sont nombreux à son chevet à le maintenir en survie car leurs destins sont liés. Mais sa vraie vie est presque éteinte, elle s'essouffle dans des expirations aux relents de certitudes politiciennes aussi péremptoires qu'inutiles et de propos moralisateurs sur les scandales du moment. Et plus rien d'autre ne vient le nourrir ce club de Mediapart qui s'enfonce lentement dans ce médiocre format de forum défoulatoire où chacun peut déverser sa rancœur, ses frustrations et son mépris … après tout pourquoi pas, la véhémence agressive a gagné le monde et l'humain de base si résilient trouve son compte de quota existentiel dans cette navrante adaptation rageuse … que d'aucuns plus lucides pourraient trouver mortifère.

Alors, depuis quelques mois et à travers une douzaine de billets, j'ai tenté de faire renaître cette ambiance des débuts que je croyais à jamais perdue. Mais l'humour, l'imagination, les plaisanteries, divertissements et petits conflits sans conséquence ont disparus du logiciel de ce club maintenant si austère. Et l'échec patent de cette expérience, hormis le simple plaisir de l'écriture devient maintenant pour moi franchement dissuasif.

Alors je me souviens avec un brin de nostalgie de cette première décennie de Mediapart (je suis arrivé en 2010) durant laquelle il était courant de croiser dans le club, certes des blogs de discordes à virulences fleuries mais aussi des blogs de cœur à fil d'amitié, qui dotaient cet espace de chaleur et d'une fantaisie bienvenue. Des amitiés qui allumaient parfois des remous dans les sentiments pouvant muter en tendre affection …

Ecris quelque chose de joli,
Un instant de rêve et de pause dans le tumulte de la vie,
Un moment de métamorphose que tu nommerais l'embellie. 

Jean Ferrat

C'était aussi ça, Mediapart ! Un drôle de bistrot … On y partageait des engueulades, des fous-rire, des rages, des larmes, de la tendresse, des souvenirs, des projets, des espoirs, la vie, quoi !"

Annie Lasorne 

Et maintenant, en parcourant désespérément le tracker, j'écoute le silence de celles et ceux de mon ancienne petite famille qui ne s'y expriment plus. Et je cherche vainement les idées sérieuses que l'on objectait dans le respect de l'autre mais aussi des propos si légers qu'ils s'envolaient d'insouciance dans le chaos du monde et cette joyeuse connivence qui nous éclairait de sourires ou nous assombrissait de peines que l'on tentait mutuellement d'adoucir.

Elles et ils sont toujours là dans ma mémoire : Grain de Sel, Olala, Eugénio, Jonasz, Annie, Tricia, Boris, Isabeille, Tinus, Claire et quelques autres qui se sont éloignés un peu trop vite … Un réconfort, une évasion et parfois même un refuge quand l'age aidant, une sournoise solitude s'installe par la perte de ses proches et la relégation naturelle par les plus jeunes dans les entre-soi des seniors et des carrément vieux.

Bien sûr il y eut des ruptures, un climat sans dérèglement devenu trop monotone ? Un bisounours qui se rebiffe ? La vie ! Mais toujours des réconciliations (à quelques exceptions près) parce que sinon … c'est trop triste !

A la fin désolante du quinquennat Hollande, j'avais opté pour cette formation insoumise qui me paraissait si enthousiasmante mais qui hélas est devenue au fil des ans une désolante machine à perdre. Mes amies m'avaient mis en garde contre cette illusion, je ne les avais pas écoutées ; la raison a finalement eu raison de mon entêtement. Ces échanges se sont passés malgré tout dans la cordialité et le respect mutuel que les années avaient patiemment forgé. Aujourd'hui, pourtant très assagi et dans une situation similaire mais inversée, on m'abreuve d'insultes et de noms d'oiseaux fort colorés. Peu m'en chaut mais en regard de la (relative) courtoisie d'antan, le contraste m'explose à la figure.

Les éditions pilotées par quelques abonnés sont maintenant en arrêt cardiaque. Elles étaient pourtant le support privilégié de toutes les expressions, le lieu où l'on pouvait conter librement ses passions, ses souvenirs et où le ludique pétillant délivrait des trésors d'humour.

Bien sûr cette frustration peut paraître bien dérisoire face aux malheurs du monde dans une planète en feu, mais cet art de vivre en communauté qui nous échappe ajoute encore au pessimisme d'un futur que le vieil age m'épargnera peut-être de défier mais que devront affronter nos enfants et nos amis.

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