Première gazette du monde d’après. Racisme, violences policières, conflit d’intérêts au plus haut niveau de l’État… Le nouveau monde ressemble à s’y méprendre à la France pré-Covid.
Après un opus confiné sur vos témoignages covid, la gazette de la modération revient pour une sélection des commentaires postés pendant le mois de juin. L’objectif : mettre en valeurs les contributions des lectrices et lecteurs sur les sujets qui ont occupé l’actualité.
Un bref aperçu des chiffres de ce mois de juin : 49 509 commentaires ont été publiés (33 141 côté Journal /16 368 côté Club), 445 dépubliés par la rédaction ( 361 côté Journal / 84 côté Club). L'équipe Modération s'enrichit d'un nouveau membre : Tarik Safraoui, qui nous a rejoint le 1er juillet. Bienvenue :)
Black lives matter
Le meurtre de George Floyd le 25 mai dernier a agi comme un véritable électrochoc aux États-Unis et dans le reste du monde. Une violence loin d’être nouvelle, mais une violence de trop qui, au lieu de générer uniquement une vague de réactions émotionnelles souvent synonyme de torpeur et d'inaction, a aussi donné lieu à des prises d’actions salutaires.
Tout le monde s’accorde pour juger le racisme aux Etats-Unis inacceptable. Certains s’empressent d’ajouter que nous ne connaissons rien de comparable en France. D’autres au contraire font un parallèle avec nos violences policières.
Le choix des mots est largement débattu dans les commentaires. L’expression “privilège blanc” le mot “racisé” sont mal perçus par plusieurs abonnés, qui y voient une façon de distinguer les gens par race. Une mise au point s’impose pour des débats plus sereins. Voici une définition du mot "racisé" proposée par Mélusine : "Le mot «racisé» permet de nommer ce groupe social fondé non pas sur une couleur de peau ou une supposée appartenance ethnique, mais sur le partage de l’expérience sociale qu’est le racisme. Est racisé.e celle ou celui susceptible d’être assigné.e à une catégorie raciale, c’est-à-dire perçu.e comme appartenant à un groupe altérisé, distinct du groupe majoritaire ; comme un groupe homogène partageant des pratiques, des manières d’être, de vivre et de penser. [...] Le qualificatif ne désigne donc pas une qualité de l’être, mais une propriété sociale. Non pas une identité, mais une position dans la société, résultant d’un processus collectif : la racisation." En 1988 Peggy McIntosh définit le privilège blanc comme l’ensemble des situations qui favorisent les Blancs (qu’ils en soient conscients ou non), à l'aide de 46 exemples observés dans sa vie quotidienne : "Je peux allumer la télé (…) et voir des gens de ma race largement représentée" (exemple 5) ; “Si un policier me contrôle ... je suis sûre qu’il ne m’a pas choisi à cause de ma race.” (exemple 19) ; ou encore "Je peux être sûre qu'en cas de besoin d'assistance médicale ou juridique, ma race ne jouera pas en ma défaveur" (exemple 24)... Je vous propose un test pour mesurer votre niveau de privilège dans la vie sociale grâce à ce test de la RTBF.
Déboulonner or not déboulonner
A travers le mouvement de “déboulonnage” de statues de personnages qui ont contribué à l’esclavage, nos abonnés s’interrogent sur la pertinence d’une telle démarche en France. Gallieni, Bugeaud, Faidherbe… les héros sanguinaires de la discorde 340 comms Arjuna questionne jusqu’où mener cette opération de prise de conscience, l’Histoire étant constellée de violence :
Sans surprise les soignants jadis héros de la nation ont retrouvé les conditions de travail déplorables de la France d'avant. Dans les fils de commentaires les débats se focalisent sur les cailloux lancés par l'infirmière Farida C. au détriment des revendications des personnels de santé.