Le guêpier1
Pas de noisettes pour les pigeons
(L’antimirage des chaumières)
Épopée2 à suspense
née de l’imagination de
Jean-Pierre Lamargot
1 « Endroit dangereux, situation complexe et délicate dont on arrive difficilement à sortir sans dommage. Synonymes : pétrin (familier), piège, souricière, traquenard. Donner, tomber dans un guêpier. »
« Ce n'est pas la peine de nous donner tant de mal pour tirer Albert du guêpier où il s'est fourré » (François de Curel, La nouvelle idole, 1899, I, 1, p. 163), selon Le Trésor de la Langue Française informatisé (cf. http://atilf.atilf.fr/)
2 Long poème ou récit « de style élevé » où la légende se mêle à l'histoire pour « célébrer un héros ou un grand fait ». On pourrait sans doute à bon droit aussi bien parler de prétérition (« figure par laquelle on attire l'attention sur une chose en déclarant n'en pas parler »)
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Vulnerant omnes, ultima necat2
Parvenu à ce point du récit, on se doit de réaliser que la décision conciliatrice de la Juge permettrait sans doute à Squirrel de s’en tirer à bon compte par rapport aux conséquences de l’alternative risquée qu’eut été la tenue d’un procès.
C’est en tous cas ce que conclurent Viaduc et DP (que nous continueront de nommer ainsi, par habitude, alors qu’il avait depuis longtemps été nommé au poste peu envié de Directeur de la Conformité ; mais pour cette seule raison le rebaptiser DC aurait eu un air détestable de macabre faire-part).
Maître Hiphiphip3, avait eu l’habileté de les orienter vers cette attitude qu’en d’autres temps on n’aurait pas manqué de juger faite de conciliation, voire de capitulation ou même de connivence.
Lors de leur plus récente réunion, tenue alors même que la teneur du rapport de la DGCCRF venait tout juste d’être connue, une audacieuse petite souris aurait pu surprendre ces échanges entre Maître Hiphiphip et ses clients et attester de leur authenticité :
- Je vous en épargne le contenu exhaustif ; retenez cependant que sa conclusion est sans détours :
« … la responsabilité semble en conséquence être à la fois complémentaire et indissociable.
Par conséquence, il y a lieu de considérer que Squirrel Gestion a rendu possible la commission de cette infraction en apportant son aide technique (acte de complicité) à Squirrel, organe central, auteur de cette infraction. »
« Responsabilité/complicité, ce tandem vaut à lui seul son pesant de répression au verdict final », avait poursuivi Maître Hiphiphip.
Souvenez-vous que sa fameuse antienne (« responsable, mais pas coupable ») n’avait aucunement protégé Georgina Dufoix4 des foudres de l’opprobre, qui devaient réduire sa carrière aux cendres de la ruine, huit ans seulement après cette déclaration mémorable.
Or nous n’y pourrions prétendre car ce satané rapport nous déclare sans aucun doute coupables (d’actes délictueux) et responsables ; au strict minimum coupables de complicité, laquelle expose les complices aux mêmes peines que les auteurs des actes répréhensibles.
Lorsque des décisions de justice provoquent la surprise, ce n’est pas toujours dans un sens aussi heureux que celui engendré en son temps par la décision rendue par Constance Jurisprudette.
- Peut-être pourriez-vous au moins convaincre la Juge que nous n’avions aucunement l’intention de d’exposer les souscripteurs au moindre dommage, en leur proposant un produit sur lequel ils ont d’eux-mêmes jeté en masse leur dévolu, tenta DP, qui témoignait ainsi de sa meilleure connaissance du monde de la finance que de celui du droit.
- Je l’ai fait, en douteriez-vous ? Et avec assez d’efficacité encore puisque finalement, c’est à une simple transaction qu’elle entend nous inviter.
- Et que va nous coûter cette délicate « invitation », à supposer que nous acceptions de nous y plier ? demanda Viaduc avec un tremblement indigné dans la voix
- Usuellement, la réponse à cette question résulte de la conclusion des négociations menées par les conseils des deux parties. Mais en l’espèce, nous avons eu le temps, depuis que le CLAS s’est mis à diffuser sur son site, de nous mettre en situation de prédire très exactement l’ampleur des demandes qu’ils formuleront.
Nous5 ne doutons pas un seul instant qu’elles seront les mêmes que celles qu’ils avaient exposées devant la Médiatrice de l’AMF en septembre 2xx9, à savoir « la référence au taux sans risque sur 6 ans, s’appliquant au capital souscrit majoré des commissions, des frais de garde et des frais encourus ». - Voulez-vous dire que ces nigauds ne sauront pas profiter du rapport de force qui s’est aujourd’hui ouvertement infléchi en leur faveur et qu’ils se contenteront des mêmes demandes que celles formulées voici plus de douze années ? s’étonna Viaduc
- Leur façon de chiffrer ce qu’ils persistent à nommer « équité » reposera, j’en prends le pari, sur les mêmes principes, rigoureusement. A une seule nuance près : les intérêts étant capitalisés sur la durée, le coefficient de 1,69 qui en résultait lors de la réunion à l’AMF en 2xx9 est devenu 3,21 aujourd’hui et atteindrait même 4,29 si nous décidions de leur résister encore pendant cinq années supplémentaires.
Mais ils s’essoufflent et le niveau de leur essoufflement ne se mesure pas seulement à la chute du nombre d’adhérents du CLAS ; celui du montant de leurs prétentions suit une courbe résolument parallèle.
De plus, compte tenu de la réputation de pragmatisme dont jouit leur conseil, nous nous faisons forts de limiter, par souci de simplification et de conciliation, le fameux coefficient à 1,5 (+ 50 %) et de les faire renoncer à adjoindre le total des cotisations versées au CLAS et des honoraires servis à leurs conseils au capital souscrit, plus les commissions et les frais de garde, comme énoncé à l’origine.
De sorte que pour les 153 souscripteurs concernés le montant total de la transaction devrait se situer aux alentours de 2 millions d’euros, résuma Maître Hiphiphip. - Et quels seront les honoraires de résultat de leur conseil ?
- Aux alentours de 400 k6…
Viaduc reçut ce chiffre avec sang-froid et, avec le flegme qui lui tenait lieu de dignité, sans même formuler une quelconque remarque au sujet de la comparaison qui lui venait à l’esprit avec les honoraires facturés à Squirrel par ses propres conseils …
- … un niveau qu’elle estime « honorable », ajouta Maître Hiphiphip, avec une imperceptible moue de dédain …
- De sorte qu’il est, j’imagine, inutile de tenter de la circonvenir pour l’amener à un niveau de conciliation encore plus « pragmatique ».
- Ce serait en effet un calcul très hardi ; nous estimons que le jeu n’en vaut pas la chandelle et qu’il comporterait insidieusement quelques risques incommensurables.
Après tout, il serait sage et avisé de rapprocher ces deux millions du volume des bénéfices engendrés par l’opération Duplex ; pour mémoire, ils en représentent, en arrondissant au plus juste, 0.14 % …
L’insignifiance de ce confetti eut raison des derniers ergotages, hormis ceux de DP qui recommanda de faire durer encore un peu, comme s’il craignait de se trouver en manque … Maître Hiphiphip en profita pour pousser son avantage :
- Soyez assurés que nous serons stricts, très stricts, et sans complaisance aucune quant à la validité des preuves fournies par les requérants, même si nous connaissons depuis la nuit des temps l’alpha et l’oméga de chacun de leurs dossiers7.
Pourtant, je vous invite à résister à la tentation de trop tergiverser. - Faire valoir nos droits, vous appelez ça tergiverser ? faillit s’étrangler Viaduc
- Je souhaite simplement vous faire observer que Madame la Juge se sentira valorisée si elle peut inscrire à son palmarès le succès d’une transaction que l’univers de la Justice estimera sans nul doute « équitable et historique ».
Et qu’à défaut, elle n’aura d’autre recours que de lancer une procédure lourde, chronophage et au résultat des plus incertains. - Soyez plus claire chère Hiphiphip, je vous prie.
- Et bien, si nous devions refuser la transaction qu’elle recommande, ou bien si les négociations devaient s’éterniser sans se conclure, le pragmatisme de ma consœur pourrait bien s’en trouver émoussé et lui suggérer de pousser les feux en vue de l’ouverture d’un procès.
Je ne prendrais pas de paris sur l’efficacité de la résistance qui pourrait alors lui être opposée. - Procès dont l’issue serait lointaine, tout autant qu’incertaine, n’est-ce pas ?
- En effet, le résultat pourrait être sans commune mesure avec les 2 M7 qui nous occupent depuis bientôt une heure. Car la magistrature pourrait bien reprendre à son compte la notion de capitalisation, mais sur la durée effective ; et alors, à nous les 3,21 et pourquoi pas les 4,29. Avec un peu de malchance, on pourrait « tutoyer » les 5 !
Laissez-moi attirer aussi votre attention sur le fait qu’il existe un autre risque d’inflation du volume, encore bien plus dévastatrice, sans même parler de l’effet délétère exercé sur la notoriété de notre « vieille dame ».
Imaginez par exemple, que le bruit de l’ouverture d’un procès soit venu sur la place publique. Imaginez, sur cet élan, que 10 % des 266.547 souscripteurs autres que les 153 ici concernés, en prennent conscience. Imaginez encore que parmi ces 27.000, 10 % seulement réalisent qu’ils ont qualité pour se joindre à l’action.
Ce seraient alors quelque 2.700 plaignants (17 fois plus que les 153 concernés ici) qui pourraient prétendre à un dédommagement, calculé a minima sur des bases élargies, dont le montant voisinerait alors les 50 M, soit près de 2.33 % des bénéfices réalisés en marge8 de l’opération Duplex.
Une transaction a, outre celle des négociations dont elle résulte, la vertu de se concrétiser par un accord de confidentialité. Sa non divulgation en garantit la discrétion et s’oppose avec une efficacité sans pareille à la … contamination du milieu ambiant9.
Ite missa est ! Maintenant, la messe était vraiment dite, le vin bu et les hosties reçues et consommées : Viaduc estima le moment venu de conclure précipitamment les débats d’un vigoureux et sonore :
- « A vous de jouer Hiphiphip, entrez en négociation sans plus tarder ! Et qu’on en finisse ; une bonne fois pour toutes10! »
qui résonna longuement dans le silence, tel le claquement sec d’un fouet.
Pour leur part, les CLASsistes, pourtant d’un naturel patient, commençaient de trouver le temps long et même, pour tout dire, élastique ; sans pourtant que l’idée leur vienne d’en faire une fronde. Ils partageaient pleinement l’avis que Maître Hiphiphip avait exposé à ses clients au sujet des 266.395 potentiels plaignants encore demeurés silencieux.
Ils avaient retenu la formule de Maître Rupin selon laquelle la banque ne s’émeut qu’au son des pétulances du juge et du journaliste.
La voie de la conciliation préconisée par la Juge leur convenait d’autant mieux que dès le début de leur action, c’est celle qu’ils avaient spontanément privilégiée.
Ils estimaient que la bonne manière d’amener Squirrel à résipiscence eut été de trouver le moyen de ranimer opportunément l’écho qu’ils avaient dans le passé su déclencher au sein des médias ; en tous cas, de ranimer la flamme d’au moins l’un d’entre eux, d’une façon à la fois discrète et ostensible.
Sauraient-ils s’en donner les moyens et trouveraient-ils le moment approprié pour les mettre en œuvre, à la faveur, par exemple, d’un clin d’œil de l’actualité ?
Il s’en produisit un, le 29 mars 2x21, avec la publication du jugement rendu contre les Laboratoires Servier dans l’affaire dite du Médiator.
Y voyant un signe du destin, sans doute, Jean-Philippe Palombe se souvint avoir été en relation jadis avec Lucien Malvi, journaliste à Mediapart et lui adressa ce message, via le relais de la rédaction du webzine :
« S.-G. en L., le 30 mars 2x21
Cher Lucien Malvi,
Voici de bien longues années que vous aviez bien voulu prêter votre oreille d’abord, et votre plume ensuite, aux informations communiquées par le CLAS (alors Collectif Lagardère contre les Attentats de Squirrel, rebaptisé ultérieurement Collectif de Lutte contre les Abus Bancaires pour éviter toute confusion avec le groupe de presse éponyme).
C’était en 2xx8 ; 13 ans déjà ! Le CLAS (https://v1.all-in-web.fr/556_p_24418/mentions-legales.html) existe encore, hélas, et a tenu sa 12éme assemblée générale en décembre. Hélas, car sa volonté a de tous temps été de se saborder dès lors que les dommages subis par ses adhérents du fait de Squirrel à l’occasion de l’affaire Duplex (« le FCP haute performance pour doubler votre épargne en toute sérénité ») auraient été enfin indemnisés.
Pourquoi, alors, vous relancer ? Et pourquoi le faire précisément maintenant ? Parce que Maître Dominique Rupin, aujourd’hui disparu, avait écrit en son temps dans « Mon combat contre les banques » que le banquier ne craint que deux adversaires : le juge et le journaliste.
Or l’actualité vient de donner un coup de projecteur sur le « variant pharmacologique » de l’affaire du Médiator. « Variant », car on serait surpris des similitudes entre ces deux virus sournois ; s’il est nécessaire de s’en convaincre, on peut se livrer à l’expérience de remplacer Servier par Squirrel et Médiator par Duplex dans ce qui se publie actuellement. On ne manquera pas d’être frappé par la cohérence que conservera la nouvelle rédaction résultant de ces substitutions.
Dans un cas comme dans l’autre, les victimes se situent parmi le grand public (267.000 pour Duplex et 5 millions « revendiqués » pour le Médiator) et leur naïveté a été abusée par de vigoureuses campagnes de commercialisation maintenant qualifiées de « tromperie aggravée » pour le laboratoire et de « publicité trompeuse » pour la banque !
Pourtant, deux différences les distinguent :
- aucun parlementaire ne s’est vu reprocher d’avoir modifié un rapport parlementaire relatif à Duplex pour minimiser la responsabilité du groupe bancaire, pour la bonne et simple raison qu’aucun rapport n’a jamais été produit sur ce sujet, ni même demandé,
- contrairement à l'Agence Nationale de Sécurité du Médicament (ANSM, ex-AFSSAPS), personne n’a jamais accusé l’Autorité des Marchés Financiers (AMF, ex-COB) d’avoir « gravement failli dans sa mission de police financière».
Sa responsabilité n’a même jamais été recherchée, ni même été évoquée, hormis par le Conseil d’Etat. Par son avis du 28 mars 2x14, il considérait que c'était « à bon droit que la Commission des sanctions avait estimé que les faits dont elle avait été saisie étaient prescrits ». Mais il relevait aussi que les fonds Duplex et suivants « étaient destinés à une clientèle « grand public » et ce alors que la formule de rémunération du capital investi dans les fonds était particulièrement complexe ; que ces fonds avaient été commercialisés dans le réseau de Squirrel où ils avaient fait l'objet d'une promotion commerciale de grande ampleur ».
Selon l'analyse du Conseil d’État, ces conditions de commercialisation « justifiaient une vigilance particulière de la COB, puis de l’AMF dans l'exercice de leur mission de contrôle ». Les autorités de contrôle avaient eu la possibilité de relever les manquements allégués dès la période de commercialisation, qui s'était achevée en avril 2xx2.
« Avaient eu la possibilité », mais s’en étaient abstenues en dépit des appels qui leur avaient été adressés, très solennellement, par Maître Rupin, et par le CLAS.
Une autre différence majeure, la plus éminente, sans doute, est qu’à ce jour, l’affaire Duplex n’est jamais venue devant le tribunal correctionnel. En effet, le 15 septembre 2x16, le périodique Challenges publiait, sous le titre « Affaire Duplex : BECP de nouveau dans le viseur de la justice », l’information selon laquelle « … la plainte du CLAS déposée au niveau national, à laquelle s’étaient joints de nombreux plaignants, a été classée sans suite en 2x14. Motif invoqué par le Parquet : le groupe BECP, issue de la fusion en 2010 de Squirrel et des Banques Communes, ne saurait être considéré comme responsable d’une infraction commise auparavant par une société qu’il a absorbée. Dominique Rupin dénonce alors dans Le Parisien un « enterrement de première classe » mais ne se décourage pas. L’une des victimes dépose une nouvelle plainte avec constitution de partie civile début 2x15. C’est cette plainte, reprise par l’avocate Henriette Cuivron-Germani après le décès de son confrère, qui va aujourd’hui donner lieu à une enquête pénale ... »
Après bien des pérégrinations, le président du CLAS pouvait annoncer à ses adhérents, le 2 octobre 2x19 : « Notre dossier avance. L'avocate a pris connaissance du rapport enfin envoyé à la Juge par la DGCCRF, rapport qui nous est favorable. Elle a également rencontré la Juge, qui envisage de demander une transaction à BECP, plutôt que de poursuivre en direction d’un procès. »
Pourtant, à ce jour (538 jours plus tard), après avoir répondu à toutes les demandes d’informations complémentaires relatives aux victimes, l’avocate ne peut que se résoudre au constat que la transaction n’en est toujours qu’au stade de la négociation, sans avoir réellement progressé d’un seul pouce.
Le montant en est substantiel : à raison de 50 % de leur investissement initial (en 2xx1-2xx2, voici deux décennies !), il s’agit de quelque deux millions d’euros, répartis entre 153 plaignants12.
Leur handicap tient aussi plus que probablement à l’absence de la moindre Irène Frachon, même à dose homéopathique, dans les milieux bancaires ; « Le silence éternel de ces espaces infinis m’effraie », une pensée d’autant plus légitime qu’elle nous vient en pleine période pascale !
Pourquoi se lamenter à ce triste constat ? Pourquoi s’en consoler en devinant que l’intense pression du milieu anesthésie les velléités par peur de sanglantes représailles ? Ne pourrait-on pas plutôt se résoudre à une vision plus réaliste de la situation, en convenant que l’absence de lanceurs d’alertes démontre tout simplement à quel point la déontologie de ce secteur l’indemnise de la moindre alerte à lancer …
Mediapart (repris , pourquoi pas, par Le Canard Enchaîné, Le Parisien, Aujourd’hui en France, ainsi que par les médias télévisés) leur rendrait un fier service s’il incitait BECP à mesurer l’ampleur de l’enjeu, en procédant à quelques règles de trois élémentaires : sous les mêmes conditions, le maximum des indemnisations plafonnerait juste au-delà d’un milliard d’euros s’il devait concerner la totalité des 267.000 épargnants ayant à l’origine investi 2,13 milliards d’euros avec l’espoir entretenu par Squirrel d’en recevoir autant…
Si leur réveil venait à survenir, la performance de Squirrel pourrait alors rivaliser en toute sérénité avec celle des Laboratoires Servier.
Avec nos remerciements pour avoir accordé votre attention jusque là aux épargnants spoliés, veuillez agréer, cher Lucien Malvi, la reconnaissance anticipée des victimes survivantes.
Jean-Philippe Palombe
Remarque : ce courrier n’exprime que le point de vue de son seul auteur ; il n’engage pas le CLAS, dont il n’est plus qu’adhérent ordinaire, ayant mis un terme à ses fonctions d’administrateur. »
Il ne fut pas peu surpris de recevoir une réponse, quasi immédiate ; hélas, elle ne fut pas tout à fait celle qu’il avait espérée puisqu’elle l’invitait à écrire un billet de blog sur le site du webzine. Comme il ne s’agissait pas de tenter de forcer la main du journaliste, Jean-Philippe se résolut à suivre son conseil ; mais tout en ne formant d’illusions que très limitées sur l’écho que pourrait engendrer ce maigre succédané.
Et c’est ainsi que vous pouvez lire Le Guêpier …
Pourtant, à l’heure de la rédaction de ces lignes, ce dernier chapitre ne se fait encore l’écho que de simples spéculations, tout à fait avérées certes, mais non encore définitivement actées.
Atteste à l’envi de la circonspection que la prudence devrait imposer tout au long de ces péripéties le plus récent courrier adressé le 18 mai 2x21 par Maître Cuivron-Germani au président du CLAS :
Cher Monsieur,
Je reviens vers vous concernant l’affaire en référence.
Je vous informe que mon Confrère, Avocat de Squirrel, m’informe n’avoir transmis notre proposition et toutes les informations nécessaires à la négociation à sa cliente que récemment13.
Les éléments doivent être analysés par les Présidents de Directoires qui doivent parvenir à une position commune.
Elle14 me précise que ce processus prend du temps et qu’elle ne manquera pas de me transmettre la position de sa cliente dès qu’elle en aurait elle-même connaissance.
Bien évidemment, je ne manquerai pas de vous tenir informé.
Vous souhaitant bonne réception de la présente,
Je vous prie d'agréer, Cher Monsieur, l'expression de mes sentiments distingués et dévoués.
Henriette CUIVRON-GERMANI
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Quelque six mois auparavant, à l’occasion du remplacement de son Premier ministre, le Président de la République avait fait un choix audacieux au moment de nommer le Garde des Sceaux.
Il avait retenu la très forte personnalité du fils d’un Dupond, français d’une irréfragable banalité patronymique et d’une Moretti, immigrante italienne qui, plus tard, devrait vivre la très enviable destinée de troquer instantanément son statut de femme de ménage contre celui de technicienne de surface, à salaire égal15 ; d’où lui vinrent ses ardeurs à œuvrer au service de la justice.
Choix audacieux aussi que celui de propulser du jour au lendemain Maître Eric Dupond-Moretti du rang d’avocat à celui de chef de rang des magistrats face auxquels il savait conquis de haute lutte son titre d’Acquitator16 !
Alors que la presse, à l’image de Mediapart, ne daignait voir le plus souvent en lui que le ministre paradoxal (car visé par une plainte déposée contre lui, pour conflit d’intérêts, par la présidente du Syndicat de la Magistrature), il revendiquait pour sa part l’honneur d’être considéré pour les résultats enregistrés dès les premiers mois de son séjour Place Vendôme, en matière d’actions et de décisions prises pour favoriser l’éclosion d’une véritable Justice de proximité.
Ce message est bien parvenu à mon oreille à l’occasion de la rediffusion de l’émission Complément d’enquête le 7 janvier 2021 ; c’est pourquoi je prends l’engagement de faire à Monsieur le Garde don d’un exemplaire du Guêpier17 lorsque celui-ci sera enfin parvenu à son aboutissement. Le lointain successeur d’Aristide Briand et d’Armand Fallières (ou plus récemment de Christiane Taubira) pourra ainsi conforter son engagement en faveur de cette Justice de proximité, dont il formait le pronostic qu’elle serait de nature à diviser par deux au moins le viatique temporel dévolu à Thémis.
Ce dont la centaine et demi de CLASsistes qui auront pu mettre une résolution obstinée à accompagner cette saga jusqu’à son échéance lui donneront volontiers acte.
Ils pourront à juste titre s’intituler survivants, au propre, en hommage particulier à ceux pour qui la grande faucheuse aura sifflé par anticipation la fin de la partie ou au figuré, par comparaison avec ceux qui, au fil du temps, en l’espace d’une douzaine d’années, se seront évaporés18 de plus des deux tiers, qui par lassitude, qui par dégout de l’être humain ou de l’institution.
Tous auraient sans nul doute apprécié que leur soit épargnée la moitié de leur route et par là, la moitié de leurs doutes.
Mais c’est pourtant jusqu’à cette échéance qu’il vous faudra attendre, futurs lecteurs patients, pour apprendre tout, jusqu’à la dernière miette, des rayons du Guépier, garnis de tant d’insondables mystères…
Et si, d’une manière ou d’une autre, une part quelconque des 266.394 palombes jusqu’alors silencieuses s’étaient alors lassées de leur mutisme et s’en étaient départies (sait-on jamais ?...), alors vous seriez en droit de vous attendre à la parution d’un tome second19 du Guêpier… Mais à une date que nul ne peut prétendre sérieusement être en mesure de prédire, tant il est difficile à l’heure actuelle de se figurer l’allure des méandres du troisième millénaire.
A tout le moins, vous pouvez tirer de ce tome premier20 qui tire à sa fin21, à coup sûr (et en toute sérénité) la robuste certitude que Squirrel veille scrupuleusement à la gestion de ses propres fonds, faute qu’il en soit de même de ses fonds propres… De là à ce que vous vous sentiez encouragés à souscrire à ses produits, il y a, j’en conviens, un large pas22…
On prendra soin en tous cas d’admirer la clairvoyance de Squirrel, qui s’avère être la seule à avoir su anticiper le désastre de la Covid ; ce n’est pas aujourd’hui que Pfizer aurait su jouer avec autant d’à-propos du – 40 % grâce au cours d’une action ayant réussi la prouesse de coter moins de 23 dollars aux alentours du 21 juin 2xx6 et de sauver ainsi Duplex 5.
Désormais, alors que 14 années se sont écoulées, ce titre flirte peu ou prou, ces derniers temps, avec les 40 dollars (+ 24 %) ! – 40 % en quatre ans, d’une part et + 24 % en 20 ans, d’autre part – cela tient d’un spectaculaire grand écart que ne bouderait certes pas le Festival International du Cirque de Monte-Carlo et auquel applaudiraient leurs altesses, sans retenue !
Voilà des volatilités ô combien (et si opportunément) méritoires pour qui jouit de la chance de disposer d’une fringante équipe de brillants spécialistes confirmés et de pouvoir s’appuyer sur leur inestimable expertise.
Le souvenir du fantastique exploit qui les avait conduits à la prouesse de réaliser avec l’opération Duplex un éblouissant et imparable sans-faute marquerait sans doute les esprits de la place bancaire pour les siècles des siècles23.
Prochain épisode : Le piégé ?
1 En période d’épidémie galopante, terminer à « 37» tout juste est un petit rien, un luxe (n’ayons pas peur des mots) des plus rassurants, témoin d’une résilience bienvenue et prometteuse !
2 « Toutes blessent, la dernière tue », selon la formule qui ornait les cadrans solaires d’antan ; et peut-être aussi selon le slogan qui s’appliquait aux flèches des Amazones… Encore que personne ne souhaite la disparition de l’espèce sciuridée, sans doute pas encore protégée, mais qui mériterait bien de l’être.
Wikipedia vous offre de vérifier (si vous n’accordez pas à ce récit la confiance qu’il mérite) que « sa queue en panache et son acharnement à faire des provisions pour l'hiver ont contribué à sa popularité et en ont fait un animal emblématique souvent présent dans la symbolique et la culture. »
3 dont on apprendra seulement en mai 2x21 qu’elle avait succédé à Maître Hourra, en apportant au procédé une inertie qui pour un peu aurait éclipsé celle manifestée durant plus d’une décennie par son prédécesseur, qu’on avait tenu pour le champion incontesté en matière de pratiques dilatoires
4 En avril 1991, en tant que ministre des Affaires sociales et de la Solidarité nationale, Georgina Dufoix était mise en cause dans l’affaire du sang contaminé, avec Laurent Fabius et Edmond Hervé.
En droit strict, selon la Cour de Justice de la République, elle n’était cependant ni responsable (n’ayant commis, en tant que chef de service, aucune faute détachable du service, le seul responsable était alors l’État lui-même dirigé par une gouvernance ministérielle), ni coupable (n’ayant commis aucun acte illégal).
« N’est pas Calmette qui veut » ajouta Hiphiphip, évoquant ainsi (ou l’invoquant ?) celle qui eut l’honneur rare de se voir condamnée, mais « dispensée de peine ».
5 Décidément, Maître Hiphiphip ne se privait pas de se donner d’un « Nous » Majuscule, qu’elle jugeait sans doute (n’est-il pas d’une rare insolence qu’un avocat juge) proportionné à son niveau de réussite
6 Dans certains milieux, il est de bon ton de n’infliger aucun vertige à son auditoire en matière d’altitude de certains sommets ; on use pour cela du « k », qui tient lieu de « milliers » et sonne plus clair. Comme chacun sait parfaitement de quoi il retourne, il est inutile de préciser l’unité à laquelle s’applique ce discret multiple.
7 La suite montrerait qu’elle sut tenir parole. Le 1er mars 2x21, Maître Cuivron-Germani faisait savoir au Président P… T… que « nous nous en occupons très régulièrement avec échanges avec partie adverse et Juge d'instruction qui nous demande des pièces complémentaires »
C’était à peine 517 jours calendaires, soit 369 jours ouvrés, après le choix signifié par la Juge ; alors que 162 jours calendaires après cette décision, soit 116 jours ouvrés, les avocats de Squirrel étaient occupés « à vérifier la liste de tous les plaignants, afin de vérifier si tous sont bien des souscripteurs », liste rassemblant donc a priori tous les éléments qu’ils avaient demandés, négligeant le fait que leur cliente était tenue d’en disposer en ses archives depuis la signature des contrats.
Par une insondable ironie de l’actualité, c’était aussi à l’aube du jour où Sandro Nairobi avait interjeté appel de la condamnation à une peine de trois ans de prison dont un an ferme prononcée la veille contre lui pour corruption active et trafic d’influence dans l’affaire dite « Pierre Azimuth ».
8 Lorsque le « k » menace de s’essouffler, il cède le pas au « M », qui se prononce « Méga »
9 « en marge » ! Que ce mot, au parfum d’euphémisme, est seyant ! Parlez de marge si vous voulez voir le sourire éclairer la face de votre banquier ...
10 Une sorte de vaccination en quelque sorte, qui, comme elle, ne guérit pas du mal mais en limite la propagation …
11 Selon la définition donnée par le Wiktionnaire : « De façon à ne plus devoir être refait :
- Il faut résoudre ce problème une bonne fois pour toutes : jusqu’ici, les solutions mises en œuvre n’ont jamais été à la hauteur du problème.
- « Et inversement, à l’autre bout, va-t-on vraiment mourir un jour, est-ce que cela va enfin finir, une bonne fois pour toutes... comme l’on dit, une dernière bonne fois pour toutes ? » — (Evelyne Grossman, L’Angoisse de penser, 2008) »
12 A comparer aux 180 millions d’euros pour 5693 parties civiles pour Servier
13 On devrait peut-être la surnommer " La Tortue ", tant elle se hâte avec lenteur !... Mais elle annonce, aussi, que la négociation devrait ne plus tarder ( ! ! ! ...). Les CLASsistes se demandaient du coup si le moment ne serait pas venu de hausser quelque peu le ton, conjointement avec le niveau de leurs prétentions.
14 Ce genre inattendu semblait indiquer que Maître Hourra aurait cédé la place ; notre marathon man aurait-il manqué d’endurance ?
15 « Élégant comme Céladon
Agile comme Scaramouche,
Je vous préviens, cher Myrmidon,
Qu’à la fin de l’envoi, je touche ! »
(Edmond Rostand, in Cyrano de Bergerac)
16 Anecdote livrée par l’intéressé au cours de l’interview.
17 Privilège amplement mérité par celui qui affiche 145 acquittements à son palmarès…
18 Sous forme électronique, très probablement, tant l’éventualité de sa publication relève de l’utopie… C’était en tous cas l’hypothèse la plus probable, avant que la parution dans le blog de Médiapart ait été encouragée. Maître, cochon qui s’en dédit : cette publication est à votre disposition !
19 Plus descriptive, tout à la fois que plus romantique, ne recette de cuisine dirait sans doute plus joliment qu’ils se sont réduits progressivement, en concentrant les sucs.
20 « second » (et non pas « deuxième »), car il serait d’une gourmandise éhontée d’envisager qu’il put jamais y en avoir un troisième
21 A la manière dont on parle des « arts premiers » ?
22 « à sa faim » ?
23 Je n’ose dire une marge… Là-dessus, il n’y a pas-l’ombe d’un doute ! Je concède toutefois que cet à-peu-près risque de friser le poil (ou le duvet) à plus d‘un ; qu’ils veuillent bien ne pas m’en tenir rigueur.
En 2021, les FCP semblent quelque peu passés de mode chez Squirrel, dont les publicités courantes vantent désormais les mérites de ses ISR (Investissements Socialement Responsables) en même temps qu’elles mettent en garde contre le fait que « la recherche de performance peut engendrer des pertes en capital » ! …