C'est un aspect de la distance entre école et famille, qui peut exister de façon plus ou moins importante.
Par exemple, dans cette famille, papa est professeur de physique. Me voyant demander à une personne si elle veut bien couper son moteur qui tourne inutilement, il désapprouve : « En même temps, c’est l’intérêt d’être en République, on a le droit de faire ce qu’on veut. » Un professeur !
Si Papa est anti-système, ou anar au sens mal compris du terme « J’ai le droit de faire ce que je veux ? », comment va-t-il réagir ?
Scénario idéal : Le Petit fait remarquer à Papa qu’il devrait couper son moteur en discutant avec le voisin, et Papa acquiesce. Même, il dit merci au Petit ! Il coupe le moteur.
Scénario catastrophe : le Petit se prend une baffe.
Sans prendre un exemple hard où Maman vend du crack et où Papa est en tôle, il y a l’exemple où Maman se tape tout le travail domestique après sa journée de travail, tandis que Papa, après sa journée de travail, est sur sa console. Maman comme papa risque d’envoyer Le Petit au bain turc s’il ramène sa fraise sur le tri des déchets, ou l’usage du vélo pour aller à la boulangerie.
Enseigner les gestes qui sauvent la planète à l’école, c’est aussi éduquer les parents. Une fois Le Petit Prince initié par l’école, comment lui permettre d’éduquer ses parents ? Comment opérer cette transition écologique ?
Théâtre des opérations
C'est peut-être le théâtre qui serait utile : on tournerait plusieurs de ces scénarios, idéaux, moyens ou catastrophes. Ce serait très vivant. On jouerait les situations qui peuvent arriver, pour dédramatiser ou au contraire poétiser. En plus, le théâtre est un outil pédagogique extraordinaire : on apprend son texte bien plus vite que si c'était un simple travail scolaire. On imagine, on s'exprime, on écoute, on regarde. On agit et on réagit.
Le théâtre à l'école permet aussi de réunir parents, enfants et enseignants, le jour de la représentation. Quelle fête ! Quelle occasion de transformer les baffes en rires ! Les conversions en applaudissements !