Billet de blog 15 avril 2016

Denis Garnier (avatar)

Denis Garnier

Retraité, auteur, blogueur et maintenant, artiste peintre.

Abonné·e de Mediapart

Prévention des RPS :Imposer par l’autorité ou impulser par le respect ?

A l'occasion d'une conférence dans le cadre du salon "Préventica-Maroc" à Casablanca fin mars, j'ai exposé une lecture de la prévention des risques dits psychosociaux. La prévention façon Gouvernementale, ou du MEDEF, s'oriente vers la culpabilisation des salariés à défaut de vouloir changer les organisations du travail. Mais heureusement, il existe aussi des entreprises modernes.

Denis Garnier (avatar)

Denis Garnier

Retraité, auteur, blogueur et maintenant, artiste peintre.

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Il existe de multiples façons d'aborder la problématique des risques psychosociaux qui se traduisent par des traumatismes du travail :

  • Les origines économiques,
  • les causes internes (management, rapports sociaux…), les causes externes (clients…),
  • les conséquences psychiques, physiques sur les travailleurs, économiques, sociales pour les entreprises,
  • Les incidences sur la qualité des produits pour les consommateurs.

Faut-il se limiter aux conséquences et ne proposer que de la réparation ? Faut-il en combattre les causes et quelles causes ? Sont-elles toutes accessibles aux acteurs de l'entreprise ?

Il apparaît à l'énoncé de ces multiples questionnements que la lutte contre les traumatismes du travail doit engager tous les acteurs du monde du travail. Ceux qui commandent, ceux qui organisent et ceux qui exécutent le travail. Donc personne ne peut échapper à sa responsabilité.

Mais le client veut toujours son produit au meilleur prix. Le fournisseur pour y arriver compresse tous les coûts en faisant pression sur la masse salariale. Cette pression s'exerce par les managers contre les salariés. Par voie de conséquence, ces derniers sont victimes de l'intensification de leur travail ce qui entraîne des conflits de valeurs, des conflits éthiques, des mauvais rapports sociaux, de la précarité, des violences, physiques, psychiques.

Alors que peut-on faire ?

Prévenir ? Réparer ? Evaluer ? La concurrence est de plus en plus organisée non seulement entre les entreprises d'un même pays, mais également entre celles de la planète. La mondialisation tire les coûts vers le plus bas remettant en cause le niveau des salaires et de la protection sociale de tous, sans que soit organisé un système de parité sociale comme c'est le cas pour le système monétaire. (Protectionnisme)

La prévention gouvernementale:

Alors à défaut de vouloir remettre en cause le système actuel organisé par les puissants de ce monde et leurs relais politiques, la "prévention" des traumatismes du travail encouragée par le pouvoir politique (le gouvernement) s'oriente vers la culpabilisation des travailleurs. Il faut que ces derniers s'adaptent aux nouvelles données de l'économie d'entreprise.

Pour cela on leur donne des comprimés pour lutter contre le stress, des séances de psychologues ou de psychiatre après un burn-out, des salles de sports, des conseils pour une hygiène alimentaire performante, de la formation pour apprendre à s'adapter, etc.

La prévention dans l'entreprise:

Les conservatrices :

Tout ne dépend pas de l'extérieur et du pouvoir politique heureusement.

Les entreprises, disons-le, les plus ringardes, poursuivent leur croisade du 19ème siècle par la réalisation des vieilles recettes du taylorisme. A cette époque les dégâts de la méthode se reportaient exclusivement sur les travailleurs. L'entreprise ne réparait pas, elle n'indemnisait pas, elle ne cotisait pas, elle n'assurait pas le risque ! Et donc lorsqu'un travailleur était usé, elle le jetait et en prenait un autre. Ce système ne lui coûtait rien. Les entreprises ringardes pensent toujours que la gestion par le stress, et la pressurisation des salariés, rapportent davantage que le respect des droits et de la santé. De la souffrance physique qui est indemnisée elles prônent aujourd'hui la violence psychique qui ne l'est pas.

Les modernes:

Aujourd'hui la sécurité sociale existe en France. Dans d'autres pays, il existe une couverture sociale à la charge de l'état ou des entreprises par le biais de cotisations ou de primes d'assurances. L'entreprise paie directement ou indirectement le coût des traumatismes du travail et se trouve impliquée dans la prévention des risques.

Les entreprises modernes, innovantes, ont compris que pour réaliser du travail de qualité, il fallait mettre en œuvre des conditions de travail de qualité avec des travailleurs en bonne santé physique et psychique.

Alors, tout est étudié pour marier la performance à la qualité des conditions de travail.

Elles considèrent que le produit fini, est le résultat d'un collectif de travail. Que plus ce collectif de travail sera performant plus le résultat sera probant.

Elles organisent ce collectif par la mise en place d'un management qui aide le travail plus qu'il ne le contrôle. Toutes les discussions sur la qualité du travail sont encouragées dans le respect absolu de ceux qui l'expriment. Ces entreprises découvrent que les solutions avancées par les travailleurs sont toujours meilleures et plus performantes que celles qui sont concoctées dans les bureaux d'études. Le nombre de cadre contrôlant est réduit au strict minimum et l'économie ainsi réalisée est investie dans la réalisation du travail dans de meilleures conditions.

Bref, à coût constant le produit fini est de meilleure qualité et au bout de quelques mois l'entreprise réalise des économies sur sa prime d'assurance, sa cotisation par la réduction significative des coûteux traumatismes du travail.

En conclusion:

Dans chaque pays, la lutte contre les traumatismes du travail relève de la compétence du citoyen en agissant sur le pouvoir politique.

Dans l'entreprise elle dépend essentiellement de la modernité des donneurs d'ordres et de la qualité des rapports sociaux.

Les autres aspects avancés par sur les risques dits psychosociaux, c'est-à-dire les rapports conflictuels entre les travailleurs, les enjeux de pouvoir, la magnificence du chef, etc. ont toujours existé. Là encore, les résultats sont directement proportionnels à la qualité du chef d'entreprise et de celle du dialogue social qu'il organise. Soit il impose par l'autorité, soit il impulse par le respect.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.