J’ai lu avec beaucoup d’intérêt un article publié dans médiapart « Pénurie de personnel dans la restauration : les précaires ont déserté, les patrons sont dépités ».
« Entre deux allers-retours au bar, Margot commente l’absence de ses anciens collègues. « Ils se sont réorientés. Certains font de la vente en ligne. Mon copain, lui, est devenu préparateur de commande. Je pense qu’ils recherchent tous, la sécurité de l’emploi après un an et demi d’incertitudes, d’ouverture et fermeture des établissements. Et puis le Covid les a fait réfléchir. Ils ont envie d’avoir une vie de famille, pas évidente dans ce métier ! Vous bossez avec des coupures l’après-midi, vous finissez tard le soir, vous n’avez pas vos week-ends… »
Un peu plus loin, c’est un patron qui s’exprime : « Maintenant, ce sont les employés qui font la loi ! »
Mathieu, le conseiller Pôle emploi, approuve : « Cela fait des années que ces employés sont mal traités. Des années que les patrons chouinent parce qu’ils n’arrivent pas à recruter, en proposant des salaires au ras des pâquerettes. Mais on n’attrape pas les mouches avec du vinaigre ! Au bout d’un moment, ça casse. Eh bien, là ça y est, c’est cassé. »
De là, de cet épisode qui touche la restauration, il est possible d’imaginer ce que serait le plein-emploi pour les salariés. Ils pourraient choisir leur entreprise, les meilleures conditions de travail, le meilleur salaire, etc. C’est tout à fait inconcevable dans ce monde néolibéral où l’argent est devenu roi, où le monde de la finance dirige les États, où la classe politique est devenue le pantin de service.
Oui, le plein-emploi serait une catastrophe pour les profits qui découlent du travail des autres. Il sera peut-être temps, en 2022, de penser la juste répartition entre les bénéfices et les salaires, entre l’égoïsme et la solidarité.