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Les Cercles Condorcet

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Billet de blog 30 mai 2023

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3 juin Montée au Mur des Fédérés !

Loin de la légende noire des pétroleuses incendiaires et des terribles massacres de la semaine sanglante, la Commune fut d’abord une immense fête populaire rassemblant jusqu’à 200.000 personnes lors de sa proclamation devant l’Hôtel de ville. Nous la commémorons le 3 juin.

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Illustration 1

Créée en 1882 par les communards de retour d’exil, l’association des Amies et Amis de la Commune de Paris (1871) est la plus ancienne des organisations du mouvement ouvrier français. Elle perpétue les idéaux de la Commune et fait connaître son oeuvre prémonitoire : école laïque, séparation de l’église et de l’état, interdiction du travail de nuit, émancipation des femmes, autogestion des entreprises... Les Amies et Amis de la Commune organisent des expositions, colloques, débats; des rencontres dans les quartiers, les entreprises, les établissements scolaires; des visites de Paris et des lieux qui retracent le parcours des communards et éditent des textes, brochures, ouvrages retraçant l’épopée de la Commune... C'est autour des Amies et Amis de la Commune que des dizaines d'organisations se rassemblent ce samedi 3 juin pour la Montée au Mur des Fédérés.

Loin de la légende noire des pétroleuses incendiaires et des terribles massacres de la semaine sanglante, la Commune fut d’abord une immense fête populaire rassemblant jusqu’à 200.000 personnes lors de sa proclamation devant l’Hôtel de ville. Dans son livre justement intitulé « La proclamation de la Commune », Henri Lefebvre la décrit : « Ce fut d’abord une grandiose fête, une fête que le peuple de Paris, essence et symbole du peuple français et du peuple en général, s’offrit à lui-même et s’offrit au monde. Fête du printemps dans la Cité, fête des déshérités et des prolétaires, fête révolutionnaire et fête de la Révolution, fête totale, la plus grande des temps modernes… ». Ce moment festif fut partagé dans les tentatives analogues à Marseille, Lyon, Narbonne, Saint Etienne, Toulouse, Alger…

Déclaration au peuple français

Illustration 2

La Commune a développé son programme dans la fameuse Déclaration au Peuple français du 19 avril.
« Paris travaille et souffre pour la France entière, dont il prépare, par ses combats et ses sacrifices, la régénération intellectuelle, morale, administrative et économique, la gloire et la prospérité.
Que demande-t-il ?
La reconnaissance et la consolidation de la république, seule forme de gouvernement compatible avec les droits du peuple et le développement régulier et libre de la société ; L’autonomie absolue de la Commune étendue à toutes les localités de la France, et assurant à chacune l’intégralité de ses droits, et à tout Français le plein exercice de ses facultés et de ses aptitudes, comme homme, citoyen et travailleur ; L’autonomie de la Commune n’aura pour limites que le droit d’autonomie égal pour toutes les autres communes adhérentes au contrat, dont l’association doit assurer l’unité française ».  

Une trentaine de décrets s’ensuivront sur les loyers, les amendes patronales infligées aux ouvriers, la séparation de l’Eglise et de l’Etat, la promotion de l’enseignement du peuple, objectif de la Ligue de l'enseignement à la même époque, la reconnaissance juridique des enfants naturels et des concubines… Les femmes entrent réellement en politique à ce moment…

La Ligue de l'enseignement et la Commune

Illustration 3
Augustin Verdure

De cette œuvre grandiose, on ne voyait de l’extérieur de la ville que la guerre civile, puis le carnage final. La plupart des écrivains de l’époque, même républicains, en furent effrayés. Jean-Paul Martin dans son indispensable « La Ligue de l’enseignement. Une histoire politique (1866-2016) » nous apprend que les dirigeants de la Ligue restent muets. « L’épisode de la Commune ne sera jamais évoqué publiquement  lorsque la Ligue reprend ses activités en juillet 1871 » à l’exception de vagues évocations par certains militants. En revanche des Ligueurs présents à Paris s’engagèrent résolument. Le plus connu est Louis Rossel, membre du premier Cercle de la Ligue à Metz. Nicolas Cadène, qui est un de ses parents, lui a consacré plusieurs articles. Il nous fait l’amitié de nous autoriser à en publier un dans cette édition: "Qui était Louis Rossel ?". .

Un autre ligueur devenu communeux, comme on disait à l’époque, est évoqué par Jean-Paul Martin : Augustin Verdure. « Numéro 6 sur la première liste des adhérents [de la Ligue] dès 1866 ; militant coopératif, il est alors délégué de la société du crédit au travail ; il sera membre du Comité central de la Commune, arrêté, condamné à la déportation en Nouvelle-Calédonie où il mourra en 1873 ». Le Dictionnaire du mouvement ouvrier et du mouvement social précise qu’il fut instituteur, membre de l’Association Internationale des Travailleurs et franc-maçon. En Nouvelle-Calédonie, on lui refuse d’ouvrir une école. Les renseignements du Maitron sont tirés pour l'essentiel de « Histoire de la Commune 1871 » de P-O. Lissagaray qui ajoute un fait sidérant. Le conseil de guerre qui l’a condamné n’avait relevé contre lui que ce crime : c’est un « utopiste philanthrope » !

Marx disait que les « Parisiens étaient partis à l’assaut du ciel ». Belle image qu’on peut appliquer à la Ligue de l’enseignement qui se retrouvera dans l’héritage de la Commune. Son programme et les réalisations que la Commune a pu mener à bien ou entamer sont celles de tous les républicains. Ce sont celles que nous voulons faire vivre en tant que mouvement d’éducation populaire laïque. Une longue marche dans une voie qui est encore devant nous…

Illustration 4

La Commune, entre mémoire et histoire, a suscité une belle littérature et nombre d’œuvres d’art. Un article dans l'édition des Cercles Condorcet. 

Le discours prononcé par julien le 3 juin (ajout du 7 juin):

Commémoration de la Commune au Mur des Fédérés © cgt hsm

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