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Billet de blog 7 janvier 2024

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Histoire d’une mutilation nationale. N° 3

Sionisme = antisémitisme.: une équation pipée :  les Français dans l’obligation de choisir leur camp.

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Histoire d’une mutilation nationale.3

A2) Sionisme et crises internationales importées

le Président du Sénat (2ième personnage de l’Etat, tout de même, remplaçant incontournable du Président de la République en cas d’empêchement majeur) en convoquant une manifestation exclusivement « contre l’antisémitisme »,  force la confusion sionisme = antisémitisme. Il met, de facto,  les Français dans l’obligation de choisir leur camp. M. le Président du Sénat aurait dû appeler à une manifestation « contre le racisme et l’antisémitisme » », si tant est que le pléonasme, pourtant manifeste, ne lui fasse pas peur. L’antisémitisme est par définition contenu dans l’antiracisme. C’est une évidence qui ne saurait être insultante  pour personne : Hannah Arendt, comme Shlomo Sand, tous deux juifs, ne nous rappellent-ils pas que la «  race juive » est d’abord une invention rabbinique et ce, pour des besoins de cohésion communautaire ?

Dans cette affaire, Monsieur le Président du Sénat a tort : il n’est question que d’anticolonialisme. L’antisémitisme [1], lui, relève d’une autre dynamique, d’un autre paradigme.

Le raccourci selon lequel antisionisme = antisémitisme (combattu ,du reste ,par bien des juifs - de Dominique Vidal ,à Naom Chomsky, en passant par Alain Gresh,  Shlomo Sand, Ronny Brauman,  Mme Sibony, Ilan Pape , Gidéon Levy…) ce raccourci, donc , est une insulte à notre intelligence :  il est particulièrement révoltant par sa portée comminatoire. Par le sentiment d’injustice qu’il génère, ce type de raccourci est dangereux à plus d’un titre pour nos enfants exposés continûment aux excitations médiatiques pernicieuses – tous nos enfants, que nous soyons juifs, musulmans, chrétiens, athées, agnostiques …

Tout récemment, nous avons vu un élu de la nation, M. Lellouche, manifestement pro-sioniste, qui, au lieu d’apaiser la situation, attisait au contraire  les passions. Sous prétexte d’appeler, lui aussi, à la marche contre l’antisémitisme, il agréait avec chaleur la participation de l’extrême droite ; l’homme, usant de la synecdoque et autres figures de rhétorique à profusion, se laissa aller à une diatribe antimusulmane [5].

L’antisémitisme justifierait-il, aux yeux du juif Lellouche, la curée médiatique antimusulmane ambiante ? Depuis quand une injustice majuscule est-elle à même de réparer une injustice non moins majuscule ?

  1. Lellouche, vous déclarez cyniquement « ne pas croire au vivre ensemble ». Que recherchez-vous vraiment ? Pas l’unité nationale, quoi qu’il en soit.  Rouleriez-vous pour la France que vous auriez opté pour l’apaisement, vous auriez donné du temps au temps. Dans votre hâte à vouloir « enfoncer » les Français  musulmans,  vous perdez toute dignité et dévoilez   votre vrai visage. M. Lellouche, vous faites, pour le moins, montre de déloyauté envers nos compatriotes musulmans et, en y regardant bien, envers nos compatriotes juifs également.

Vous savez très bien que l’antisémitisme (je vous renvoie à l’Histoire [1] ,quant à cela ) n’a que peu de choses  à voir avec la colère - née de l’impuissance à maîtriser quoi que ce soit de leurs  vies -   de  « Rin-à-bat’» et  « Rin-à-scoué »,  ces gavroches de nos banlieues ( ainsi surnommés pour l’exiguïté de leur champ lexical ) qui, faute de mots pour décrire leurs maux, commencent leurs rapports aux autres  par les incivilités et les finissent par l’automutilation sociale . Cette enfance (la Nième, depuis 1962) sacrifiée sur l’autel de la déraison m’inspire néanmoins plus d’indulgence  et beaucoup moins de dégoût que votre gluant exsudat haineux, M. Lellouche.

 La mode en Israël est au lexique bestiaire déshumanisant, vous l’avez aussitôt adopté. Votre discours fleure le cynisme [5]. (Vous êtes en bonne compagnie sans le savoir: cynisme, étymologiquement, « acte de chiens » : mot forgé, selon Stendhal, à partir de « cynos » qui, en bas latin, veut dire « chiens »).

Je m’arrête là, parce que vous allez « chouiner » à l’antisémitisme. Et, vous aurez tort : je suis le juif errant. C’est peut-être sacrilège pour vous, mais je considère qu’il y a juif et juif, musulman et musulman, laïc et laïc , Français et Français, je suis de ces gens imperméables aux endoctrinements des « missionnaires » cathodiques : je renvoie dos-à-dos les fauteurs de haine  quel que soit leur crédo.

 Les vraies victimes du vrai antisémitisme sont vaccinées contre l’injustice et, partant, luttent de toutes leurs forces contre sa propagation: ouvrez vos oreilles sur le monde, les juifs  crient « pas en notre nom ! ». Mordechaï Anielewicz, chef de file des insurgés du ghetto de Varsovie invitait à lutter  « contre l’injustice infligée par n’importe quel oppresseur à n’importe quel oppressé ». 

Vous voyez bien, M. Lellouche, qu’il y a  juif et juif.

[1] De l’antisémitisme | Le Club (mediapart.fr)

[5] https://www.youtube.com/watch?v=GTtC1Zhiwok

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