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Billet de blog 7 janvier 2024

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Histoire d’une mutilation nationale. N° 7

Provocations croisées  et  instrumentalisations de ces provocations.    Faute d’un général Boulanger, nos lobbies des intérêts particularistes du moment, , en appellent à l’extrême-droite contre, soi-disant, « le parlementarisme et  son irresponsabilité », en focalisant sur la seule France Insoumise.

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Histoire d’une mutilation nationale. N° 7

 Provocations croisées  et  instrumentalisations de ces provocations.                                                                                                 

D’autres provocations, pro ou anti -musulmanes ont eu lieu ces derniers temps, dans telle école ou telle autre.

Pire ! Depuis quelque temps, l’Ecole fait l’objet d’un « marquage à la culotte » : il n’y a pas une semaine sans son lot de provocations croisées  aussitôt portées à incandescence par nos médias (y compris aux journaux de 13 heures et à ceux de 20 heures, pour une meilleure publicité) ;  et ce, au mépris de la préservation de l’Ecole des méfaits contre lesquels les circulaires Jean Zay attiraient justement l’attention des pouvoirs publics.

Une enseignante, chargée d’un  cours sur la laïcité, a cru bon d’illustrer ses propos  en accrochant au tableau des photos des enseignants victimes du terrorisme et d’inviter les médias pour couvrir son « exploit ». Cette dame a tout faux : elle contrevient à la « laïcité à l’Ecole »  en introduisant les querelles des adultes  dans le microcosme scolaire, au mépris des circulaires Jean-Zay, et occulte les sages conseils de Ferdinand Buisson, un des « hussards » de la République, qui, dans son discours de 1909 aux instituteurs, invitait à la retenue et au respect des parents d’élèves et de leurs enfants [6].

La dernière trouvaille fut d’illustrer un cours de classe de cinquième par un tableau de nu : cinq femmes intégralement nues et un homme habillé. Voir le tableau dans un musée, in situ ou par le truchement d’une vidéo, eût été d’une meilleure pédagogie ; en outre, les parents d’élèves prudes n’auraient eu rien à en redire : ils savent ce qu’est un musée.

Néanmoins, je croirais bien volontiers que des filles de 12 à 13 ans soient gênées de la nudité ainsi exposée, surtout devant l’aréopage des garçons ricaneurs de leur classe. Cela s’appelle de la pudeur : certains enseignants, et plus encore certains «  journalistes », semblent manifestement avoir oublié jusqu’à l’existence de cette retenue, de cette discrétion, de cette délicatesse… 

Imaginons que ces  « journaleux » et ces « maîtres d’école » , militants  obnubilés par leur «  jeu de billard à bandes » , aient respecté la «  laïcité à l’Ecole » dans son  cadre jurisprudentiel propre  (c’est-à-dire en épargnant à l’Ecole les incursions des problèmes et des arrière- pensées maladifs de la société), ces filles auraient eu le temps de mûrir à leur rythme sans être traumatisées par les « faux bons sentiments » et volontés de nos lobbies des intérêts particularistes qui « font feu de tout bois ». Encore un an et elles deviendront des petites femmes, tandis que les garçons demeureront, pour quelque temps encore, de gros bébés, certes déjà libidineux, mais de gros bébés quand même. C’est là l’odyssée de la vie…

Conclusion

Faute d’un général Boulanger, nos lobbies des intérêts particularistes du moment, par leur inconséquence  désormais chronique, en appellent à l’extrême-droite contre, soi-disant, « le parlementarisme et  son irresponsabilité », en focalisant sur la seule France Insoumise.

En attendant, le constat est désastreux. Dans le cœur de nos enfants, à tous, ne germera demain que ce que nous semons aujourd’hui : la haine de l’autre. La moisson à venir est, de ce fait,  sous de biens mauvais auspices...

Assumons notre histoire ; assumons nos échecs. Cessons de jouer à l’autruche, c’est dangereux pour nos arrières,  sortons la tête du trou et utilisons la à bon escient. Exerçons notre intelligence, n’ayons pas peur de nous-mêmes, ni des autres, osons questionner notre Histoire, nos lois, notre citoyenneté, nos amitiés et nos inimitiés ; plaçons le doute en a priori, ne prenons rien « pour argent comptant ». Ceux qui montrent du doigt, à longueur de longueurs d’ondes, l’ennemi  réel ou imaginaire, fruit de la peur,    mais toujours proclamé ennemi commun pour forcer la résection entre « le nous » et « le eux», le font-ils vraiment pour le bien de la France ? 

Il n’en est rien. Quel que soit leur camp,  quel que soit le référentiel à partir duquel ils nous haranguent H24, leurs intérêts ne sont pas les nôtres, leur agenda n’est pas celui de la France.

En quarante ans,  la France est passée, autour du bassin méditerranéen, au Sahel, et dans le monde musulman, de Tanger à Jakarta,  du statut de  la plus aimée des nations occidentales, au statut de la plus détestée, juste derrière les Etats-Unis et Israël. Un crève-cœur…

[6]Extraits : La foi laïque , Ferdinand Buisson | Le Club (mediapart.fr)

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