Le temps des Tartuffe irresponsables.
Je viens d’apprendre que M. PY, maire de LEUCATE(11), entend, lui aussi, interdire le « burkini »sur ses plages où pourtant se côtoient tous les sexes conjugués au mode naturiste ou au mode « textile ». En outre , les spécimens féminins s’y distinguent par l’abondance des formes et des couleurs : il y a ceux à poils longs , façon shako ,mais avec une raie au milieu , ceux tirant vers le Big Mac qui aurait séjourné trop longtemps au four et ceux qui tendent vers la grenade déhiscente de l'arrière saison ; il y a aussi les abricots nordiques rougissant de s'encanailler à darder leurs noyaux , les vétérans de 68 qui ne craignent plus rien ni personne depuis longtemps , les « stringués », les culottés , les « bikinisés » et enfin les «burkinisés » , le tout dans une affolante pagaille :un régal pour les yeux , un martyr pour l'arthrose cervicale .
Le Burkini , contrairement au voile intégral, répond strictement aux prescriptions de la Aoura ( c’est la tenue minimale , toujours ample, de la femme travaillant dans les champs ou au lavoir) , il couvre les cheveux de la musulmane et son corps , du cou aux genoux ; les avant-bras et le visage restent nus ;l’homme, lui, se couvre de la taille aux genoux. La majorité des musulmans ne respectent pas ces prescriptions au pied de la lettre, pas même les pratiquants. M. l’ex-ministre des cultes, Valls, qui « fait l’ange », ne l’ignore pas.
Le fait que certaines veuillent se conformer strictement à l’Aoura relève de la liberté des cultes : c’est un droit fondamental garanti, par la Constitution de la République Française, la loi de décembre 1905, les déclarations européennes de Droits de l’Homme et les textes internationaux paraphés par la France. L’article 55 de notre Constitution confère, du reste, à ces derniers une autorité supérieure à la loi et fait obligation au juge d’écarter toute disposition législative qui leur serait contraire.
Messieurs Valls et Sarkozy - pour ne citer qu’eux- au service de leurs ambitions clonées, piétinent les droits fondamentaux de nos compatriotes musulmans, violent effrontément la Laïcité tout en s’en prévalant outrancièrement .Tout à leur course folle à la remorque du FN, ils sont devenus un danger permanent pour la République.
Du reste, la Ligue des Droits de l’Homme ne s’y trompe pas, qui déclarait, le 14 avril 2016« Cet homme est dangereux, aussi dangereux que le fut Nicolas Sarkozy lorsqu’il s’évertuait à diviser les Français en catégories ». (…) « Manuel Valls piétine la loi de 1905 et la laïcité, mais il y ajoute le mépris que ne manqueront pas de ressentir ces hommes et ces femmes à qui il prétend dicter leur manière de prier, de s’habiller et même de penser. Ce n’est pas ainsi que l’égalité des droits sera rétablie, ce n’est pas ainsi que l’on fera renaître la confiance dans les principes de la République, et encore moins que l’on combattra le racisme. »
Dans son discours de Colomiers, du 29 /08/2016, M. Valls, au nom, soi-disant, «de la place des femmes dans la société », de « la conquête de leur liberté » déclare «Nous ne pouvons pas transiger(…). Marianne, elle, a le sein nu parce qu'elle nourrit le peuple, elle n’est pas voilée parce qu’elle est libre ! C’est ça Marianne, c’est ça la République !»
Vous avez dit liberté des femmes ? Mais n’est-ce pas La Liberté des femmes que ces musulmanes voilées réclament sous le crachat et l’insulte? Et il semblerait que, malgré les transductions, pour le moins ésotériques, que les uns et les autres interposent afin de disqualifier la revendication d’un droit pourtant constitutionnellement garanti, ces femmes ont fini par ouvrir les yeux d’un bon nombre de citoyens.
Par ailleurs, M. Valls n’a tout simplement pas le droit de la confisquer au service de sa seule ambition effrénée ; Marianne nous appartient à tous et à toutes, donc à ces musulmanes voilées aussi .Ces dernières ont les droits et les devoirs de la citoyenne, donc le droit de pratiquer la religion de leur choix.
Marianne garantit la liberté des cultes, le culte juif cher au cœur de M. Valls aussi. Sa plaidoirie véhémente relève de la lapalissade ou mieux d’une équivalence logique sinon d’une boucle du même nom. (Il y a comme une entrave, pour voir la vidéo il faut aller d’abord sur YouTube puis copier-coller https://www.youtube.com/watch?v=vG9Ayybz_Uo :). Dans cette vidéo, M. Valls, kippa sur la tête, défenseur – farouche et écumant tout de même - du juif de France,je vous ai trouvé magnifique ! Que n’eussiez-vous poussé l’élégance jusqu’à défendre le musulman de France, c’eût été là une espèce de « sirop typhon œcuménique », une potion magique universelle, apaisant, d’un même geste, tous les écorchés vifs, le « juif errant » d’hier, le « musulman errant » d’aujourd’hui, et moi-même, l’ « électeur errant », cocu dans sa citoyenneté !
Marianne est née de la Révolution Française, voici ce qu’elle a trouvé dans son berceau :
01frimaire an II (source : Société des Jacobins, V, p.527- 528) Robespierre déclare que la Conventionn’a pas proscrit le Catholicisme « son intention est de maintenir la liberté des cultes qu’elle a proclamée » (…) il ajoute qu’on a dénoncé des prêtres pour avoir dit la messe : « ils la diront plus longtemps, si on les empêche de la dire, Celui qui veut les empêcher est plus fanatique que celui qui dit la messe ».
Le 06 frimaire an II(source : arch. parlem. t. LXXX, p.164) Danton proteste contre les excès de certains représentants du peuple et les arrestations arbitraires « je demande qu’il n’y ait plus de mascarades antireligieuses dans le sein de la Convention » (…) « tout homme qui se fait ultra-révolutionnaire donnera des résultats aussi dangereux que pourrait le faire le contre-révolutionnaire décidé ».
Le 08 frimaire an II (source : Société des Jacobins, V, p.535) Robespierre dit ne pas admettre que l’on couvre « d’un zèle antireligieux »une attitude contre-révolutionnaire, que l’on encourage ceux qui disent« qu’un peuple religieux ne peut pas être républicain ».
Le 16 frimaire an II (source : source : arch. parlem. t. LXXXI, p.30) La Convention prend un décret qui par son article1 « défend toutes violences ou mesures contraires à la liberté des cultes ».
Le 19 frimaire an II ( source :lettre du 19 frimaire .Recueil des Actes , t.IX, p. 285) Le Comité de Salut Public adopte les mesures présentées par Barère visant à rassurer les citoyens quant au respect de la liberté des cultes et ordonne au représentant Ingrand : « laisse les idées religieuses s’affaisser et tomber d’elles-mêmes .C’est de la persécution que sont nées ces guerres horribles appelées sacrées » (…) « continue à présenter la lumière , mais qu’il ne tombe du flambeau aucune flammèche sulfureuse ! »
Si on excepte « Vichy », les cinq Républiques qui se sont succédé ont respecté ce principe.
Par la loi de décembre 1905, La 3ième République, sans renier sa fidélité à la liberté des cultes, a coupé définitivement le lien entre « le Spirituel et le Temporel » (traduit depuis pas la séparation de l’Eglise et de l’Etat) que l’Eglise Gallicane tentait de renouer. En effet, les trop nombreuses interventions et réunions publiques de certains ministres des cultes ont été jugées contraires aux Articles Organiques du Concordat et partant, au Code Pénal de l’époque, auquel ces derniers étaient annexés.
Les souverains pontifes régnaient sur l’Europe Catholique. L’Eglise Catholique Apostolique Romaine était une superpuissance transnationale à deux leviers : Le Pouvoir Spirituel, demeuré à peu près incontesté pour les tenants de ce culte, et le Pouvoir Temporel, souvent contesté, lui, par des Rois et Empereurs, bien sûr, mais aussi par les cités romaines (cf. tribulations des Guelfes et Gibelins). L’excommunication était l’arme ultime des souverains pontifes contre les récalcitrants ; elle a été mise en œuvre, par exemple, contre Philippe le Bel, Fréderic II, et Louis XIV, Napoléon I.
S’attaquer à la toute puissante Eglise Catholique Apostolique Romaine d’alors, requérait bien du courage : la 3ième République naissante l’a eu.
Que dire du courage de ceux qui martyrisent le souffreteux Islam de France depuis 30 ans ?Les résultats, eux, sont terrifiants…
Aujourd’hui, si vous aspirez à un avenir politique ou journalistique, si vous avez un livre à vendre, si vous courez sous la bannière de tel lobby ou tel autre , essuyez vos chaussures sur la dignité et le droit du Musulman ,et vous êtes les bienvenus.
Nos yeux rivés sur notre nombril, il nous est manifestement difficile de nous juger nous-mêmes ; reconnaître nos erreurs est une gageure. Vivement donc un nouveau Robert O. Paxton qui mettrait à nu les responsabilités des uns et des autres dans cette dynamique mortifère qui empoisonne notre société et broie, au quotidien, toutes les innocences.
M. Valls, dans son discours de Colomiers, ajoute : «Nous devons protéger les musulmans de France et les aider à bâtir cet Islam français ».
Chiche !
Par ailleurs. Le choix de M. Chevènement pour diriger la Fondation pour l’Islam de France devrait être vu comme un « arrache-clou ». Le « clou de Djeha », devrais-je préciser à l’endroit de M. le Recteur de Lyon, Kabtane, manifestement blessé par la nomination d’un non musulman à cette place, où, pourtant, il n’y a que des coups à prendre pour l’instant.
La nomination de M. Chevènement, notoirement pas musulman, à la tête de cette fondation, libère dorénavant l’Islam de France des sempiternelles suspicions qui l’accablent : un premier pan du plan de bataille de ses ennemis de toujours tombe d’un coup, un seul. Voulu ou pas, d’un mal naît un bienfait salutaire loin d’être négligeable ; tant pis pour l’élégance de la forme, si la justice et la paix civile sont au rendez-vous. Ceux qui crient à l’ingérence de l’Etat dans les affaires d’un culte au mépris de la loi de 1905, ont, bien sûr, raison, mais pas complétement : qu’ils n’oublient pas que cette loi dit aussi, que la police des cultes reste à l’Etat (Cf. Loi de décembre 1905, chapitre Police des cultes).
Mais puisque nous avons introduit notre bistouri à l’intérieur de l’abcès de fixation , attirons , mine de rien, l’attention de M. Chevènement sur le fait qu’il y a , juste là, l’Alsace qui bénéficie d’un statut particulier lui permettant d’entretenir certaines institutions religieuses et de former leurs cadres avec nos impôts à tous - donc avec les impôts de nos compatriotes musulmans aussi .Il serait , pour le moins, équitable qu’elle formât également les imams de France .Ce mal, né du viol hulan de 1870, se découvre, miraculeusement , investi d’une charge potentielle de bienfaits inestimables.
Ne nous y trompons pas, résoudre le problème de la formation des imams nationaux, c’est culbuter le deuxième pan du plan de bataille de ceux qui exploitent le gisement, quasi inépuisable, de l’« Islamisme-Terrorisme-Laïcisme-Ethnocentrisme-Assimilationnisme ». Privé, donc, de cette paire, Il ne resterait alors que de vieux beaux impuissants, errant le bigoudi inutile à la main, dans le champ de ruine de leur monstrueuse et meurtrière ambition.
Je rassure d’avance les « fielleux » de tous les bords, on n’a même pas à toucher aux lois existantes. Nos Lucky Luke du Légiférer-express peuvent se détendre, je sais leurs doigts et leurs langues perclus de tendinites, depuis le temps qu’ils sont à la manœuvre !
M. Valls termine son discours de Colomiers, en déclarant : «J’ai mes convictions, […] j’ai mon éthique de comportement […] J’appelle chacun à avoir de la dignité, de l’exigence, du collectif, du sens de l’intérêt général».
A l’évidence, ces qualités qui fleurissent, superficiellement, sur les lèvres de M. Valls et qu’il exige des autres commencent d’abord par le respect des lois de la République, de sa Constitution, de son Histoire, en peu de mots, des Valeurs de la France. « C’est au pied du mur qu’on voit le maçon » dit le dicton ; au pied du mur des Valeurs de la France, je ne vois ni M. Valls ni M. Sarkozy.
Retournons-nous sur notre passé récent, observons combien ces Valeurs de la République sont bafouées par ceux-là mêmes qui s’en prévalent au quotidien. Dans une déclaration, au journal La Provence, datée du 17 août 2016, M. Valls - au mépris de la décision du Conseil Constitutionnel - affirme « comprendre » et « soutenir » les maires auteurs des arrêtés d’interdiction du « burkini », lequel « n’est pas compatible avec les valeurs de la France et de la République ». « Je comprends les maires qui, dans ce moment de tension, ont le réflexe de chercher des solutions, d’éviter des troubles à l’ordre public ».
Tristes temps. Dans ce cas d’espèce, il n’est question que de pompiers pyromanes : par arrière-pensée électoraliste,à dessein donc, en violation flagrante des lois de la République, les troubles à l’ordre public sont générés et entretenus par ceux-là mêmes qui sont censés nous en préserver.
Pourquoi à dessein ? me demanderiez-vous. Tout simplement parce qu’ils savent qu’une affaire entachée de troubles à l’ordre public, arrivant devant la cour Européenne des Droits de l’Homme, ne sera pas vraiment examinée sur le fonds , autant dire ,sa saisine est disqualifiée d’emblée.
Dans cette dynamique coupable, Valls et Sarkozy sont frères siamois .Ils concourent à la ruine de notre démocratie et, à bien y regarder, tout un chacun constaterait qu’il n’y a pas que les musulmans de France qu’ils prennent pour des enfants, comme le signale la LDH, ils méprisent tous les citoyens.
Belab.