Laïcisme triomphant ou le coup de Jarnac réinventé (moins la loyauté toutefois - car loyal, il l’était, lui, M. le Baron) :Comment certains de nos contemporains de droite et de gauche contreviennent à la loi de décembre 1905 , régissant la laïcité , en y interpolant des interdictions draconiennes que la Révolution Française, elle-même, avait fini par abandonner tant elles étaient jugées dangereuses .
A la question d’un journaliste, « il sert à quoi, l’Observatoire de la laïcité » ? Jean-Louis Bianco répond : « Comme tous les organismes consultatifs , comme la commission consultative des droits de l’homme, comme la commission informatique et liberté, comme le commissariat à l’égalité entre homme et femme, organismes qui comportent des représentants des ministères, des élus de la nation ,et des personnalités qualifiées, nous donnons des informations, nous donnons des faits ,nous donnons l’application des règles ; après , ça sert aux citoyens , aux pouvoirs publics aussi mais qui sont libres : nous sommes consultatifs . Je dois constater qu’à l’éducation nationale, en particulier, l’enseignement moral et civique, la formation à la laïcité, l’enseignement laïc du fait religieux, la charte de la laïcité, sont des avancées que nous avions souhaitées et soutenues ». https://www.youtube.com/watch?v=zHTp8ji5EIc
La vidéo ci-dessus, fait suite au débat du Lundi 18 janvier, devant le CRIF, durant lequel le premier ministre Manuel Valls, perdant toute mesure, s’en prend à l’honneur d’un homme, M. Jean-Louis Bianco. Après avoir télescopé et mixé les mots antisionisme et antisémitisme, M. Valls obtient un amalgame peu consistant. Alchimiste se découvrant le génie de Nicolas Appert en plus, il trouve là le moyen d’aseptiser et conserver les composants fraîchement soufflés à son oreille par le Président du CRIF, que ce dernier a prélevés dans la bouche même de M. Netanyahou. En outre, M. Valls qui menace de prendre des mesures à l’encontre des manifestations de boycott contre Israël, interdit toute critique à l’endroit de Mme Badinter.
M. Valls a choisi son combat : diviser les français quand M. Netanyahou, avec la mauvaise foi de Pierre l’ermite, pousse les intérêts de sionisme. En autocrate méprisant, M. Valls entend même interdire au citoyen lambda la liberté de conscience pourtant garantie par notre Constitution, la Convention Européenne des Droits de l’Homme et la Charte de l’ONU. L’article 55 de notre Constitution confère à ces deux dernières une autorité supérieure à la loi et fait obligation au juge d’écarter toute disposition législative qui leur serait contraire.
Je ne critiquerai pas Mme Badinter, pour le nom qu’elle porte : ayant pour l’homme un respect sans bornes, je me dois de respecter sa femme. Mais j’ai aussi un respect sans bornes pour M. Jean-Louis Bianco, tâcheron de la laïcité qui, à la tête de «l’Observatoire de la Laïcité », a pour « boîte–à-outils » la loi de décembre 1905 .Tout à son hubris, M. Valls l’a oublié.
Alors, pour l’honneur de M. Bianco et celui de la République, démasquons les pousse-au-crime.
Rappel historique :
I - La Révolution de 1789 entraîne la première séparation de l’Eglise et de l’Etat.
II- Par le concordat du 10 septembre 1801 - assorti toutefois d’articles organiques sévères qu’il impose au Pape Pie VII, après une longue période de mise en résidence surveillée à Savone - et une foule demesures contraires aux principes de la révolution de 1789, Napoléon rend progressivement à la religion catholique sa situation de religion d’état, et ce, dès le Consulat censé prolonger la 1ère République agonisante.
Ce n’est pas le seul dirigeant de la France à vouloir assujettir L’Eglise Catholique Apostolique et Romaine.
III- 1905 .Des Républicains modérés mettent fin à 25 ans de luttes acharnées entre L’Eglise et la 3ième République. Après avoir battu la faction anticléricale extrémiste et son fer de lance Emile Combes, les modérés, avec Jaurès et Briand, votent la loi de décembre 1905, en vigueur aujourd’hui encore : elle borne la laïcité.
Rendons justice à la Révolution française
1794 et 1795. La Convention règle la question des rapports de l’Eglise et de l’Etat en 4 étapes :
1) Le 18 septembre 1794, séparation des Eglises et de l’Etat.
Dans Lyon et sa région, les persécutions, tous azimuts, menées par Fouché, Albite et Javogues, tournent aux massacres répétés de masse et sèment la discorde jusque dans les rangs des révolutionnaires. La Convention - désireuse d’alléger le sort des ministres du culte et des militants catholiques et tenant compte de la farouche opposition, vent debout contre l’Eglise - vote une loi à la foi salvatrice et draconienne : la loi de septembre 1794.
En effet, cette loi, d’une part,« proclame la liberté des cultes, et renvoie en correctionnelle ceux qui contrarient ou outragent l’exercice d’un culte » et d’autre part déclare que l’Etat « n’en salarie et n’en loge aucun, interdisant les manifestations extérieures- signes, inscriptions, proclamations, convocations publiques. Aussi, nul ne pourrait paraître en public avec les habits, ornements ou costumes affectés à des cérémonies religieuses. Tout rassemblement pour l’exercice d’un culte serait sous la surveillance de la police. Les communes ne pourraient acquérir ni louer de local pour le culte, il ne pourrait être formé aucune dotation perpétuelle ou viagère, ni établi aucune taxe pour acquitter les dépenses ».
Mais la 1ere république va alléger le fardeau des catholiques et, pour ce faire, vote 3 lois successives.
2) La Loi de février 1795, qui rétablit la liberté des cultes
3) La Loi de mai 1795, qui rend les églises aux cultes,
4) La Loi de septembre 1795 qui réglemente la liberté des cultes
Rendons justice à la 3ième
République
Les interdictions draconiennes de la loi du 18 septembre 1794, rapidement abandonnées par la 1ère République (interdictions citées ci-dessus) ont été reprises, 100 ans après, par la faction républicaine dure représentée par Emile Combes, Paul Bert et d’autres.
Mais cette faction a été battue, in fine, par des Républicains modérés .L’Assemblée Nationale vote une loi régissant ses rapports avec la religion: c’est la loi de décembre 1905 (ci-jointe) https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000508749
Précisions, quant à cette loi, afin d’ôter à nos contemporains laïcistes tout moyen de tromper la confiance du citoyen qu’ils savent facilement découragé par l’aridité des textes de lois :
La loi de décembre 1905 a été instituée par la République comme son dogme fondamental(…) En tout état de cause, elle y tenait tellement qu’elle avait cru devoir la relier directement à la Constitution par son article premier. Lisez-le et reportez-vous à la Constitution, là aussi l’évidence vous explosera aux yeux.
Dans son article 1, la loi de 1905 proclame la liberté de conscience et garantit le libreexercice des cultes sous les seules restrictions édictées dans l’intérêt de l’ordre public. Font état de ces restrictions les articles 25,26,27,28,30, 34et 35 relevant ,tous ,du titre V , « Police des cultes ».
Ce lien avec la Constitution, en toute logique ( pour les citoyens de bonne foi, tout au moins ) , « sanctuarise » cette loi de 1905 et confère à ces articles sinon la solidité du marbre constitutionnel, celle des articles organiques. Que nos néo-exégètes laïcistes s’essaient à la synecdoque n’est pas un crime en soi ; après tout, les temps sont à la « communication », une figure de rhétorique de plus ou de moins, qu’est-ce que ça change ? Mais prendre une partie de l’article d’une loi pour le tout est anticonstitutionnel - c’est pourtant ce à quoi on se livre en permanence pour ce qui est de l’article 2.
Dans son article 2, la loi de décembre 1905 proclame que« la République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte » certes, mais elle admet, dans le même souffle que« pourront toutefois être inscrites aux budgets de l’Etat, des Départements et des Communes, les dépenses relatives à des services d’aumônerie et destinées à assurer le libre exercice des cultes dans les établissements publics tels que lycées, collèges, hospices, asiles et prisons ».
Ainsi donc, contrairement à ce que nos «néo-exégètes laïcistes », mes contemporains, tentent de lui imposer, cet article ne tourne aucunement le dos aux croyances des citoyens, bien au contraire, il va jusqu’à faciliter« le libre exercice des cultes dans les établissements publics »en mettant à contribution l’Etat, les Départements et les Communes.
On a accepté, comme allant de soi, l’extrapolation de cette prescription légale à la mise à contribution des budgets de l’Armée et des Pompiers, ce qui est bien. Mais, ironie du sort, cette action vertueuse agit comme une lumière polarisée et révèle de manière cruelle l’obscénité de la tentative d’interpolation de la clause visant à interdire la sphère publique à la religion et ce, en contravention flagrante des articles 25 et 27.
Considérons l’article 25. Il y est écrit « les réunions pour la célébration d’un culte, tenues dans les locaux appartenant à une association cultuelle ou mis à sa disposition sont publiques. ».L’article 25, donc, en précisant que les réunions pour la célébration d’un culte sont publiques, étend la sphère publique jusqu’au creux des édifices religieux et, partant, anéantit les affirmations fallacieuses tendant à confiner la religion dans la sphère privée. Le principe de publicité, lui, implique que les portes du lieu de culte doivent rester, impérativement, ouvertes durant l’office et l’accès doit demeurer libre à tous : tous les citoyens - la police des cultes, la première- peuvent y assister.
Si tout ceci n’est pas suffisant pour vous convaincre , considérons l’article 27 de cette loi de 1905 qui, sans équivoque, stipule que les cérémonies , processions et autres manifestations extérieures d’un culte sont licites (dans un cadre légal imposé) et que les sonneries des cloches des églises , réglées par arrêté municipal, sont non moins licites : ce que nous avons tous constaté .
Intervenant après un siècle d’instabilité politique – durant lequel, pas un régime n’avait tenu 25 ans- la loi de décembre 1905 fut une loi de réconciliation nationale ; elle le demeure.
Que dire de l’irresponsabilité de nos contemporains laïcistes outranciers
Ces mêmes interdictions draconiennes de la loi de septembre 1794 , citées au point N°1 ci-dessus, sont reprises également 200 ans après par nos contemporains, Sarkozy , Valls , Françoise Laborde, Glavany, divers élus de droite et de gauche mais aussi Kiefer, Finkielkraut, Caroline Fourest , Mme Badinter et d’autres divas du P.A.F .
Mais ces factieux, mes contemporains, eux, ne tiennent aucunement compte des adoucissements que la Convention de la 1ére République avait édictés sous forme des 3 lois successives de 1795 (voir points 2, 3 et 4).
Ils ne tiennent pas, non plus, compte de la loi de décembre 1905, établissant et bornant la Laïcité, qu’ils violent dans tous les médias, au grand jour. Ainsi, usant du coup de menton, de la lippe mauvaise, de la mauvaise foi et d’interpolations mensongères, ces messieurs/dames, impunément, travestissent le principe de Laïcité, le corrompent au bénéfice de leurs diverses thèses coupables.
Pire, ils n’entendent étendre sur ce lit de Procuste que le seul Islam de France, à l’exclusion de tous les autres cultes. C’est bien sûr anticonstitutionnel et contraire à la loi de décembre 1905, toujours en vigueur que je sache.
Observez la lâcheté. Croyez- vous qu’ils aient songé un instant , un seul, à s’attaquer au statut particulier de l’Alsace où, de facto, la Religion Catholique est religion d’Etat .Non , ils préfèrent s’attaquer encore et toujours au souffreteux Islam de France, d’abord ,parce qu’il est plombé par le contexte international ,ensuite ,parce qu’il est pratiqué par la frange la plus faible et la moins représentée de notre pays , comme ,du reste, le fait remarquer Emmanuel Todd , à juste titre.
De plus, en Alsace, les cultes, chrétien, protestant et juif – au motif qu’ils étaient là avant décembre 1905 - sont entretenus avec nos impôts à tous, donc avec les impôts de nos compatriotes musulmans aussi. La République, ne proclame-t-elle pas Liberté, Egalite et Fraternité ? Où les retrouver dans ce malstrom d’iniquité et de mépris gratuit qu’agitent, l’hubris débridé, nos contemporains laïcistes.
Ces derniers égratignent en permanence les plaies de l’Histoire de peur qu’elles ne guérissent. L’exsudat purulent, ainsi entretenu, est, à leurs yeux, le précieux fumier fertilisant, qu’ils épandent, encore et toujours, dans l’espoir d’une abondante moisson électorale. Tant pis pour la France, si leur vie, leur avenir et ceux de leurs enfants sont saufs
Le citoyen responsable, levant la tête de ses préoccupations journalières, est, quotidiennement, mis devant le terrifiant résultat de l’escalade vers l’horreur entamée il y a 30 ans : la médiocrité se le dispute à la vexation, l’exclusion et la négation de l’autre à l’ethnocentrisme – contre lequel, pourtant, le métissage, plusieurs fois millénaire, de notre nation devrait nous avoir vaccinés. Ce citoyen, le cœur glacé et submergé par la nausée, contemple le champ de ruines de notre démocratie et de notre citoyenneté, bafouées, salies, avilies, infantilisées : dans quel souverain mépris ils inscrivent nos vies, nos aspirations et celles de nos enfants !
La France a besoin, plus que jamais, d’hommes responsables rassembleurs, que cessent les divisions suicidaires.
Belab.