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Billet de blog 23 avril 2024

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Du droit de blasphème à l’Ecole publique en otage (suite) billet n°2

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4-Naufrage de la démocratie : la ‘’Liberté de la presse’’ sur le radeau de la méduse :

Nos médias nationaux « vont à la soupe », foulant au pied « la charte du journalisme » – leur honneur, somme toute - un temps magnifiée par les Bernstein et Woodward et certains autres à la faveur de l’affaire du Watergate, sur fond de guerre du Viêt-Nam…

Mais déjà, dès 1975, la vitrification de la liberté d’expression s’amorçait : cette année-là, le magazine américain Esquire annonçait la publication d'un article du journaliste lauréat du prix Pulitzer, Harrison Salisbury, parrainé à hauteur de 55000 dollars par Xerox Corporation (Esquire, lui, ne versait pas même un centime). Cette annonce a suscité une profonde consternation chez E. B. White, qui, dans une lettre ouverte, écrit (cf. Lettres d’E. B. White, Public Library) : « (…) chaque fois que les intérêts des entreprises et les revenus publicitaires deviennent nécessaires pour la production de contenu, l'esprit du journalisme et les intérêts du lecteur en pâtissent(…)dans une société capitaliste, les grandes entreprises peuvent être les seules à disposer du pouvoir fiscal pour effectuer des changements tangibles allant au-delà du simple discours sur l'idéalisme (…) La presse de notre pays libre est fiable et utile, pas par sa bonne moralité, mais par sa grande diversité : tant qu'il y a de nombreux propriétaires, poursuivant chacun sa propre ligne de vérité, nous, le peuple, avons la possibilité d'atteindre la vérité et de demeurer dans sa lumière. Ce n’est que s’il y a peu de propriétaires, ou, comme dans une presse contrôlée par le gouvernement, un unique propriétaire, que la vérité fait défaut et que la lumière s’éteint(…) la direction de la responsabilité éditoriale bascule dangereusement dans une direction contraire à celle de la liberté d’opinion du lecteur.(…) Il serait difficile de résister aux soupçons selon lesquels Esquire se sent redevable à Xerox, que M. Salisbury se sente redevable aux deux et que la propriété ou la souveraineté d’Esquire a été de ce fait grignotée de toutes parts (…) Le parrainage dans la presse est une invitation à la corruption et aux abus (…) Un article financé par un sponsor est un morceau tentant pour toute publication, en particulier pour une publication qui peine à joindre les deux bouts … ».

Jamais une telle situation n’a été aussi vraie que chez nous, aujourd’hui. Notre liberté de la presse est embarquée sur le radeau de la méduse livré aux vents mauvais de l’histoire - laquelle du reste nous tourne le dos.

La tragédie israélo/palestinienne (qui dure depuis 1948, mais qu’un strabisme intellectuel convergent fait démarrer le 07 octobre 2023) s’impose à nous, à notre corps défendant, et s’immisce dans notre politique intérieure : notre « presse progressiste » stigmatise la minorité musulmane, ostracise la France Insoumise, range les sionistes français derrière le RN, exige de chaque Français - y compris de nos écoliers- l’alignement sur les thèses professées par la doxologie triomphante.

Voilà maintenant notre Sénat qui sacrifie à la fébrilité ambiante. Plutôt que de saisir le Conseil Constitutionnel pour que cesse cette ignominie qu’est la prise d’otage de notre Ecole Publique par les laïcistes, au détriment de la laïcité, le Président du Sénat court les médias, organisant des marches contre l’antisémitisme ( mais pas contre l’islamophobie qualifiée d’emblée de « victimisation » car , selon lui ,elle serait une manière de blasphème contre « nos valeurs » . Toujours le deux poids et deux mesures)

. Quand je pense qu’en 69, l’année était bi sex-style. Jane B. avait les miches à Bardot, Sabine se trouvait plate et ne put s’en consoler que bien plus tard en faisant des bêtises. En ce temps-là nous disions « à nous les p’tites anglaises », ces coquines qui cachaient le double six dans leurs plis et s’asseyaient sur l’as de cœur au bord de l’asphyxie avant de se lancer dans une « décadence » endiablée qui les laissait pantelants ; les petits anglais, eux, chantaient nos belles Michelle et prouvaient qu’il n’y avait pas que les mots qui allaient bien ensemble ; l’entente était plus que cordiale…

Aujourd’hui, les enfants de « l’entente» soixante-huitarde ont blanchi sous le harnais, ils ont troqué leurs gueules de loups faméliques pour celles de porcinets aigris de ne même plus pouvoir contempler le bout de…leurs chaussures, même en se pliant en deux : alors forcément l’humeur change et l’entrain n’est pas au rendez-vous. On devient méchant, « la morale devient rigide quand le reste ne l’est plus » disait Saint Coluche, bienfaiteur et néanmoins vengeur des pauvres.

Aujourd’hui Aya N. a pris la relève de Jane B. Elle danse, elle aussi, « la décadence ». Rien n’a changé sauf les acteurs.

Non contente d’exhiber une santé insolente (et les formes qui vont avec !) Aya nargue les « Djadjas », les menteurs. Aussitôt M. le Président du Sénat prend le compliment pour lui : la conscience n’est pas tranquille et la vérité acérée la blesse, c’est bien connu. Alors sa testostérone ne fait qu’un tour autour de son cou ; il s’étrangle et sa morale se raidit. Selon les propres termes de M. le Président, Aya Nakamura se livre « à une ode à la levrette » [5] https://www.youtube.com/watch?v=ZOcgQ-6DugQ.

Croyez bien, M. le Président, que je compatis : cette fille est sans cœur … . Mais philosophe, comme mon opticien, dont la devise est « tant qu’il y a la vue, il y a la vie », mon seul regret est que la cruauté de Aya Nakamura n’ait pas la charité de celle des FEMEN. Je me suis consolé en me disant qu’il y a, d’évidence, des saillies qui se perdent pour les « Djadjas » et pour les vieux Djos ; cela fait partie de l’odyssée de la vie

En vieillissant, on devient tordu .Aussi n’ai-je pas pu éviter le soupçon. Le Président du Sénat ne serait-il pas en train de jouer au billard à bande avec nos vies ? Encore une fois, il détourne l’attention du citoyen, qu’il croit définitivement infantilisé, en agitant sous ses yeux, en guise de hochet, la Barbie noire Aya Nakamura. Dès lors, son « guili, guili » devient obscène. M. le Président du Sénat souligne la côté animal de AYA Nakamura afin d’inscrire cette dernière dans l’humeur du temps et l’œuvre de nos «artistes de la nouvelle Ecole» : après la période fauvisme, cubisme etc… voici la période racisme.

Après tout, cette « gourgandine » l’a bien cherché : elle ose prétendre chanter le répertoire d’Edith Piaf. C’est positivement une profanation « de nos valeurs ». Attends, toi-aussi... Edith Piaf, une blanche de chez « Ajax qui lave plus blanc » !

Euh, non … autant pour moi, aux dernières nouvelles, M. le Président, Edith Piaf avait pour grand-père un travailleur immigré algérien. Alors, métisse pour métisse, le citoyen que je suis vote, pour sa part, pour que Melle Nakamura puisse chanter ce qu’elle veut.

M. le Président du Sénat sème plus de confusion. À qui profite-t-elle ? Pas à la République toujours, ni à la nation. Il contribue à enfler les polémiques stériles plutôt que de s’en remettre à la Loi, à la Constitution et à ses gardiens. Bref, il introduit des coins de discorde supplémentaires entre les Français.

Et le Sénat, que fait le Sénat, pendant que son président englue encore plus la France des Droits de l’homme dans un racisme bêlant, façon Éric Zemmour ?

Le Sénat ordonne la création d’une « mission de contrôle dotée des pouvoirs de commission d’enquête » [6] pour soi-disant « faire toute la lumière sur [les] enjeux et sur la situation auxquels fait face l’Ecole Publique… » . Comme nous le montrons dans le billet suivant, l’enquête campe le rôle de l’arlésienne.

Le Sénat choisit pour toile de fond l’épouvantable drame de Samuel Paty, assassiné le 16 octobre 2020, après avoir été confronté à des pressions et des menaces aux termes d’un imbroglio incroyable. Mais le Sénat ne propose rien pour sanctuariser l’Ecole ; Jean Zay et son équipe avaient, dans des circonstances similaires aux nôtres, réussi, eux, en 1937. C’est vrai, à l’époque, la prise d’otage de l’Ecole ne servait pas (elle desservait même) les desseins politiciens des uns et des autres.

Samuel Paty est mort parce que l’Education Nationale n’a pas su sanctuariser l’Ecole dans l’intérêt des élèves, des enseignants et de l’administration. La petite histoire scolaire montre, à qui veut bien les voir, de nombreuses affaires qui, l’affabulation et l’immaturité de nos enfants aidant, sont à l’origine de drames épouvantables. J’ai en tête l’affaire (vraie) de ce professeur (campé à l’écran par Jacques Brel dans le film, les risques du métier) qui fut acculé par la vindicte populaire au suicide au terme d’une affaire similaire à celle de Samuel Paty : une affaire sur fond de dénonciation calomnieuse, et d’adolescente en proie à une crise d’orgueil blessé qui s’enferre dans ses mensonges.

L’affaire Samuel Paty est justement ce qu’il ne faut pas faire : il faut au contraire tenir l’école loin des passions des adultes : l’enfant, immature par définition, n’a pas les freins moraux nécessaires pour éviter ce type de collisions socio-pathologiques.

L’affaire Samuel Paty est un ensemble de faits qui, indépendants les uns des autres, passeraient tout au plus pour des bévues, mais qui, mis bout à bout, amènent le drame. Dans cette affaire , la liste de ces bévues est longue [7] https://www.youtube.com/watch?v=X0wYRLx_mks: l’Education Nationale , qui, prévenue, tarde à parer à la menace et qui laisse portes et fenêtres de ses écoles ouvertes aux passions chauffées à blanc des adultes ( relayées par des médias inconséquents , sans vergogne et le « cacaduc » des réseaux sociaux…) ; les gamineries , touchant tous les âges , et donnant volontiers dans la provocation ; les mensonges sur fond d’école buissonnière d’une adolescente abusant son père ; la leçon donnée à des préadolescents sur fond de caricatures sulfureuses de Charlie Hebdo (dont celle , « quintessence de notre droit de blasphème » , qui représente Mahomet à « quatre pattes », l’arrière- train en gros plan , l’anus étoilé et les parties génitales pendantes en grappe de raisin blette - sans feuille de vigne - cette caricature même qui fut jugée pornographique et a déclenché l’ire de ce père abusé ,trop crédule et trop excessif à la fois) . Ajoutons « pour faire bon poids », dirait mon boucher, le vautour islamiste de service, flairant l’aubaine de faire mousser sa politique sur une estrade surmédiatisée, l’Ecole de la République.

À terme, cet ensemble de bévues rencontre un jeune homme qui, voulant donner une justification à sa vie, qu’il juge ratée, l’annihile en emportant celle de Samuel Paty en même temps. Tout cela friserait le dérisoire, si le drame résultant n’en était épouvantable !

Depuis 1989 et l’affaire du foulard du Collège de Creil, l’Ecole sert de caisse de résonnance à une propagande des lobbies des intérêts particularistes, sur fond de violation éhontée de la loi et de la Constitution, qui confine à la haute trahison contre les intérêts de la Nation. Messieurs du Sénat, la première chose à faire serait d’imposer la sanctuarisation de l’Ecole de telle sorte que cette propagande soit contenue et que l’Ecole puisse régler les problèmes des élèves en interne (à huis clos, s’il le faut, comme le fait le Tribunal Pour Enfants) mais, en aucun cas, sur la place publique. L’Ecole de la République ne peut continuer à servir d’agora pour l’expression des laïcistes et des islamistes : c’est trop ignoble !

Sources :

[5] https://www.youtube.com/watch?v=ZOcgQ-6DugQ

[6] rapport Mission de contrôle Sénat [

7] https://www.youtube.com/watch?v=X0wYRLx_mks

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