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Billet de blog 23 avril 2024

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Du droit de blasphème à l’Ecole publique en otage (suite) billet n°3

Il ressort du constat de la mission de contrôle que  la France est touchée dans son ensemble (et, pas seulement les soi-disant « territoires perdus de la République »).Ce constat calamiteux force à examiner la scène du crime contre la République avec circonspection .La Mission de Contrôle Sénatoriale ne l’entend pas de cette oreille

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A- De la Mission de Contrôle Sénatoriale   ( partie 1)

Constat de la Mission de Contrôle Sénatoriale :

Ce constat de la Mission [1] dresse un état des lieux de l’Ecole Publique épouvantable : « la laïcité, une valeur de la République méconnue, voire rejetée » ,[ pourtant]  «  La laïcité, en permettant la stricte neutralité dans l’espace scolaire, participe à l’idéal émancipateur de l’école  [mais]  loin d’être perçue comme un outil d’émancipation,  la laïcité est comprise par un nombre , désormais majoritaire, d’élèves comme une interdiction et un principe conçu contre les religions  (…) Plus grave,  la défense de la laïcité se délite aussi chez les adultes concourant à la vie de l’établissement [ scolaire] (…)Bercés par « des débats publics confondant laïcité et tolérance » et  l’émergence de termes tels que « laïcité ouverte », ou  « laïcité plurielle », un certain nombre de jeunes enseignants s’interrogent sur son utilité et l’opportunité de conditions spécifiques d’application dans le cadre scolaire ».

Le rapport [1] ajoute :«  les contestations d’enseignement-touchant la quasi-totalité des matières  - tout comme la remise en cause de l’autorité de l’enseignant se sont généralisées  (…) Tous les territoires, aussi bien ruraux qu’urbains, favorisés ou populaires, sont concernés  (…) tout établissement scolaire peut être confronté à ces difficultés (la violence endémique touche même le Primaire) (…) Aujourd’hui, tout agent public de l’éducation nationale peut se retrouver désigné à la vindicte populaire, à la suite d’un message posté [ sur les réseaux sociaux] par un élève, un parent d’élève ou même un tiers ».

Une  « solution » prémâchée.

Il ressort de tout ceci que  la France est touchée dans son ensemble (et, pas seulement les soi-disant « territoires perdus de la République »).

Ce constat calamiteux force à examiner la scène du crime contre la République avec circonspection .La Mission de Contrôle Sénatoriale ne l’entend pas de cette oreille et , procédant  plus par postulats (et vœux pieux) que par démonstrations,  préconise ( trop rapidement , quand , au contraire , il est urgent de prendre le temps de la réflexion ) : « l’instauration de sanctions renforcées, des procédures de signalement accélérées et une réaffirmation  des principes sur lesquels l’école de la République s’est bâtie » . Pour ce faire, elle en appelle à une action conjuguée de l’Education Nationale, du Ministère de l’Intérieur et de l’Institution Judiciaire.

Constatons que ladite Mission de Contrôle n’enquête sur rien et prend pour « argent comptant » l’existant. En effet, à peine installée, rapide comme l’éclair, elle dégaine péremptoirement «  sa solution » : punition, délation, entêtement et déni de la vérité et de la réalité : une  becquée  de sophisme déjà prémâchée par les Protagoras du laïcisme responsables du problème.

Fermeté , oui, mais avec réflexion : Il s’agit avant tout de nos enfants.

Se contenter de sanctions, même aggravées, de procédures de signalement accélérées, de psalmodies des principes fondateurs de l’Ecole Républicaine n’aide en rien la compréhension de notre problème.

Et notre problème - qui est  somme toute trivial, pour un Etat de Droit comme la France - n’est devenu gravissime et meurtrier  que par la versatilité d’une cabale - vielle de 35 ans déjà - menée par les lobbies des intérêts particularistes faiseurs d’opinions qui font et défont « nos seigneurs et maîtres » dans les domaines des arts, de l’Edition, des médias et surtout dans celui de la Politique.  

Quand vous dites ces évidences, on vous rétorque aussitôt : et l’islamisme ? C’est quand même lui qui nous a attaqués ; le Bataclan, c’est lui ; Charlie Hebdo c’est lui.

Certes, les islamistes ne nous aiment pas, c’est le moins que l’on puisse dire .Je reste néanmoins convaincu, pour ma part, que  la tragédie de Charlie Hebdo [2] était évitable et celle de Samuel Paty aussi.

 Quoi qu’il en soit, à tout mélanger, on se trompe de cible : l’islamisme est une politique qui instrumentalise la religion musulmane, exactement comme le laïcisme instrumentalise la laïcité et l’islamisme, concomitamment .On combat la politique par la politique ; la religion, sous la protection de la Constitution - donc sous la protection de l’Etat- n’est pas notre ennemi, objet de notre haine. Il ne faut pas perdre de vue que la quasi-totalité des victimes du terrorisme islamique sont des musulmans.

Par ailleurs, le sac de l’innocence qu’est l’humiliation, est source de colère ; laquelle, chez les moins résilients,  tourne à la haine contre ceux qui les oppressent d’abord,  puis contre leur propre impuissance. C’est parmi ces « gueules cassées du moi »  que surgissent, de temps à autre, des pulsions incompressibles quelques fois meurtrières. Les frères Kouachi  et les autres ont grandi dans nos écoles,  parmi nos enfants : où ont-ils puisé une telle haine meurtrière ? 

Quoi qu’il en soit,  en matière pénale, chacun est responsable de ses propres actes : la justice doit passer.  Mais est-ce raisonnable de faire porter aux  petits Mustapha et Leïla, ces élèves de 4ième, la responsabilité (voulue collective, pour raison de propagandes électoralistes) des actes  revendiqués par l’islamisme international qui les dépassent, et de loin ? Car , on en est là.

Que faut-il faire alors ?

Le remède de première urgence, que la raison nous dicte,  est de sanctuariser l’Ecole. Cette dernière n’a pas pour vocation à être le cloaque où se vident les querelles passionnelles, malsaines, des adultes : il  faut donc couper le « cacaduc de la propagande lobbyiste »,  ce cordon ombilical pernicieux, reliant les médias et la formidable caisse de résonnance qu’est devenue l’Ecole publique.

Contre la loi, contre la Constitution  et contre les intérêts vitaux de la France, la déraison  de nos contemporains jusqu’auboutistes s’entête à vouloir mener une guerre idéologique meurtrière et ce, jusque dans le microcosme scolaire, devenu leur champ de bataille de prédilection.

 L’école est un milieu  fragile par définition. Les élèves  doivent, au contraire,  être protégés  contre eux-mêmes et contre la pénétration pernicieuse  des passions  adultes. Pour ce faire , nous avons les outils nécessaires et suffisants (qui ont fait leurs preuves  , hier) : les circulaires Jean Zay et  la loi de décembre 1905 sous la protection directe de la Constitution ;   ajoutons , pour éviter une « controverse façon  Valladolid » ,  la loi de 2004 sur les signes religieux ostentatoires  (même si c’est une  loi contestée , car frôlant l’inconstitutionnalité ,qui plus est  obtenue en biaisant les travaux de la commission Stasi , selon le témoignage de Jean Baubérot[3] https://www.youtube.com/watch?v=Ja1Z8eSYTG4         

Est-ce vraiment la laïcité que celle que nous fourgue la doxologie hypermédiatisée ?

La réponse est non. Ni Jean Baubérot ni aucun autre spécialiste de la Laïcité ne me contrediraient : ce n’est pas la laïcité accouchée par Jean Jaurès et Aristide Briand et portée sur les fonts baptismaux par ce dernier.

Mais le mal est plus grave : des Sénateurs, dont le  Président du Sénat – qui refuse de saisir le Conseil Constitutionnel, pour que cesse cette ignominie -  semblent y donner la main.

Comme le cabri  agité  du Général de Gaulle, les lobbies des intérêts particularistes, faiseurs d’opinions, et nos ténors politiques à leur remorque,  répètent à longueur de journées et de longueurs d’ondes  « laïcité, laïcité, laïcité »  mais ce n’est que pour mieux la violer. La « laïcité » qu’ils entendent imposer est toute autre : sous l’angle solide  de l’Histoire et de la loi, elle se révèle n’être que du laïcisme, un avatar de  l’histoire de France  - un ennemi intime de la République Française, vaincu en 1795, en 1848, en 1905 et en 1956.

Ce qui se passe aujourd’hui n’a donc rien de nouveau : les vieux démons de la France s’agitent sporadiquement sous l’instigation de tel lobby ou tel autre  briguant immuablement « une place au soleil »  du Pouvoir : « tenir le manche »  est la quintessence de leur credo, même si le monde doit s’écrouler.

 De l’équivoque, sciemment entretenue, du mot laïcité  ( à suivre)

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