E'M.C. (avatar)

E'M.C.

Abonné·e de Mediapart

Billet publié dans

Édition

L'islam et l'Occident

Suivi par 93 abonnés

Billet de blog 10 mars 2018

E'M.C. (avatar)

E'M.C.

Pr.-Apprenant permane, assigné à résilience.

Abonné·e de Mediapart

PROLÉGOMÈNES MISE EN LUMIÈRE DE DAM

Prolégomènes émersion de la pensée "historienne scientifique" mais aussi apport décisif, à la saisie-s du sous-développement, "dramatique distorsion de notre temps" aujourd'hui plus que jamais, à l'intrication du cueilleur-s d'écume à l'écumeur-s d'âmes; "c'est marché fait; il est fol [et flop] à son dam" dirait La Fontaine, à l'étrange damier du daman au damnum. E'M.C.

E'M.C. (avatar)

E'M.C.

Pr.-Apprenant permane, assigné à résilience.

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Le reste de l'Afrique du Nord passais sous la domination des Turcs,

maîtres moins redoutés que les deodaux chrétiens. 

Néanmoins, l'essentiel des structures qu'avaient décrites Ibn Khaldoun (a) persista.

(...)

Cependant, les structures tribales se maintinrent et les tribus continuèrent de s'affronter;

les unes contraintes au paiement de l'impôt

ou s'efforçant de s'y soustraire; 

les autres imposant leur autorité, grâce à l'appui des Turcs ou malgré ceux-ci. (1) 

Si l'œuvre d'Ibn Khaldoun nous aide à comprendre pourquoi les grands progrès amorces au Moyen Âge se sont enrayés pour faire place à une longue phase de stagnation,

les Prolégomènes mettent en lumière les causes, qui au XIX siècle,

devaient rendre possible la conquête coloniale,

ce facteur décisif du sous-développement. 

En effet, la conquête ne résulte pas seulement de la puissance militaire des colonisateurs. 

Les structures qui existaient depuis plusieurs siècles  en Afrique du Nord ont facilité leur entreprise d'une façon décisive.

En Algérie, la conquête française,

qui fut si difficile,

aurait été sans doute finalement impossible

si l'émir Abd el Kader (b), à la tête d'un coupe de tribus, appuyé par une influente confrérie religieuse,

était parvenu à coordonner l'action de toutes les forces du pays. 

Mais, de même que les autres chefs d'État maghrébins qui l'avaient précédé,

Abd el Kader,

dans son effort pour établir un pouvoir centralisé,

de heurta à l'opposition des grands chefs de tribus. 

Cette contradiction entre structures étatiques et structures tribales, qu'avait analysée Ibn Khaldoun,

n'était plus alors seulement un conflit interne,

comme au XIV siècle. 

Les Français surent très habilement en tirer parti.

Ils parvinrent,

non sans peine, 

à vaincre les forces qui s'opposaient à eux, 

en soutenant 

et en utilisant de grands chefs de tribus 

(particulièrement ceux du Constantinois)

dont les pouvoirs furent renforcés. 

Le jeune Abd el Kader s'effondra autant sous les coups des "féodaux" algériens que sous la poussée des troupes françaises.

                        Exemple du Maroc 

(...)

La colonisation du Maroc

fut grandement facilité

par l'appui que de grands chefs de tribus apportèrent aux troupes françaises.

           Les impérialistes surent profiter,

             au Maghreb comme ailleurs,

           des antagonismes qui existaient,

                  bien avant leur venue,

                  entre le pouvoir royal

                 et les autorités tribales

                      ou semi-féodales. 

                    LA 'ASSABIYYAH 

L'analyse qu'Ibn Khaldoun fait de l'asabiya, structure dialectique

dont les éléments contradictoires et indissociables

sont l'égalitarisme tribal et le rôle des chefs,

nous permet de mieux comprendre

les raisons profondes pour lesquelles ceci se mirent

en si grand nombre au service de la colonisation. 

Ces chefs de tribus

      trouvèrent auprès des colonisateurs

                le moyen d'accroître

                            enfin

                d'une façon décisive

          l'autorité jusqu'alors limitée

     qu'ils exerçaient  sur la population. (c)

Ils furent en mesure de s'approprier une grande partie des terres collectives

         et de transformer leurs occupants,

                 réduits en impuissance,

        en métayers où en ouvriers agricoles. 

Les minorités privilégiées se sont intégrées à un système économique et social nouveau,

                   qui rendait possible

          une augmentation considérable

      des prélèvements qu'elles réalisaient

             sur la masse de la population.

Ainsi les structures tribales

qui avaient fondamentalement caractérisé l'Afrique du Nord

pendant des siècles furent-elles disloquées et totalement détruites. 

Une minorité privilégiée,

non seulement étrangère mais aussi autochtone, 

très différente de la bourgeoisie qui s'était lentement constituée en Europe,

parvint enfin à s'approprier les moyens de production qui,

pour l'essentiel,

étaient restés pendant des siècles entre les mains des communautés villageoises ou tribales, 

En Afrique du Nord

comme dans les autres parties de ce qu'on appelle aujourd'hui le tiers-monde,

le système de démocratie militaire 

ou le "mode de production asiatique"

firent place à un système capitaliste nettement différent de celui qui caractérise les pays développés. 

En contrepartie,

dans ces pays,

les luttes de classe,

qui étaient restées pendant des siècles confuses et embryonnaires,

présentent aujourd'hui une netteté et un développement considérable. (d)

Au lieu d'avorter comme par le passé,

les contradictions internes ont aujourd'hui,

dans les pays sous-développés,

une violence sans précédent. (e) 

Longtemps stoppée, l'évolution historique s'effectue désormais avec une rapidité extrême;

les structures décrites par Ibn Khaldoun on rendu possible la colonisation mais celle-ci les a détruites. 

Cependant des séquelles subsistent et se combinent à des facteurs nouveaux.

C'est cette combinaison de causes internes anciennes et de facteurs récents exogènes qui a déterminé au XX siècle l'apparition de la situation de sous-développement.

L'intérêt actuel et universel des Prolégomènes

         est justement de mettre

                  en lumière ces causes profondes,  

                                       qui ont été trop minimisées. 

             Souligner leur importance,

                      c'est expliquer

                     plus clairement

              le rôle de la colonisation

          et de l'actuel néo-colonialisme

       dont les conséquences sont capitales. 

L'œuvre d'Ibn Khaldoun, maghrébin génial du XIV siècle, ne marque pas seulement l'apparition de la pensée historienne scientifique. 

Les Prolégomènes apparaissent aussi comme

          une contribution fondamentale

        à l'histoire du sous-développement,

      dramatique distorsion de notre Temps. 

(1) Au début du XVe siècle; les tribus privilégiées en Algérie, Annales, janvier-février, 1966, M. Émerit. 

Ibn Khaldoun - Naissance de l'histoire - passé du tiers-monde, Yves Lacoste, Librairie François Maspero, 1966. 

                                   --/--/--

Notes:

(a) Ibn Khaldoun pour Ibn Khaldûn (voir, note antérieurs) 

(b) 'Abd al-Qâdâr, Abd el Kader de l'auteur plus "proche phonétiquement que Abdelkader.

(c) Autre serpent de mer du 'paradoxal' choquement  collusionnaire de la clanité endogène à l'opportunité exogène de l'occupant répétant Rome à Berbérie-s aux potions des dissenssions. 

Chapô:

- Incise entre crochets de l'allitératif flic-flop à fol, au flux de La Fontaine, de notre fait - 

- Daman, mot de l'arabe damân, agneau, [intégré au Littré, p. 503, 1ère colonne]

métaphore chiasmatique de la glaçante dialectique du loup, flic-flop, allogène aux agneaux qui, saisi d'opportunité aux lupercales qui tombent, s'alouvit d'être l'agneau cossant croissant du lupus exogène-s. 

                                     -

Choix, dé-coupage, notes évolutives, chapô, E'M.C. 

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.