L’ARABE LANGUE DU JUDAÏSME
La principale langue du judaïsme était l’arabe.
Au Xe siècle, la traduction de la Bible en arabe par l’égyptien Saïd Ibn Yusuf Al-Fayyumi, dit Saadia Gaon, descendant d’une famille convertie au judaïsme, témoigne de la nécessité de faire la Thora à des Arabes juifs ne connaissant pas l’hébreu.
Le judéo-arabe ne fut pas l’équivalent d’un yiddish distinct des langues qui l’environnaient.
Les juifs du monde musulman ne parlaient pas une autre langue que celle des locuteurs non juifs qui les entouraient.
Le judéo-arabe fut un arabe local transposé à l’écrit,
utilisé pour s’adresser à des lecteurs parlant un arabe «courant»,
déchiffrant les caractères hébraïques sans comprendre l’hébreu
-Ils n’en connaissaient que les formules liturgiques-
et peu familiers de l’écriture arabe.
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C’est dans cette langue que le Rambam «Moussa» Ibn Maïmoun, dit Moïse Maïmonide, écrivit son œuvre.
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Une mystique judéo-musulmane se développa au Caire entre les XIII et XVe siècles portée par le propre fils de Maïmonide.
Abulmeni Maïmoni, plus connu sous le nom d’Avraham Maïmonide (1186-1237) en exposa les principes dans son Kitâb kifayat al-abidine (*) («Guide pour les serviteurs de Dieu»). (a)
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Il n’y cachait ni son admiration pour les soufis ni son souhait d’imiter leur exemple.
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Le Mouvement piétiste qu’il initia
est connu grâce à un manuscrit
de la guenizah du Caire. (4),
Futuhat az-zaman
(Les conquêtes du temps),
hommage (b)
aux
Futuhat al-Makkiyya (c) d’Ibn ‘Arabî. (d)
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Un courant mystique s’était aussi manifesté à Bagdad où les contacts furent nombreux entre juifs et soufis,
et l’influence du mysticisme musulman
put gagner jusqu’aux traditions hassidiques et kabbalistiques.
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Note: NDLR (Orient XXI):
Dépôt d’environ 200.000 manuscrits juifs datant de 870 à 1880 qui se trouvaient dans la synagogue Ben Ezva du Caire.
Ce que les juifs doivent aux musulmans, Julien Lacassagne.
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Notes E’M.C.
(*) Moïse ben Rabbi Isaac Maymūn, dit Maïmonide (fils du rabbin dayyān Maymūn)
En son Épître sur l’apostasie, après l’incipit «Moïse ben ben Rabbi cadi Maymūn (...),
il déclare: «Je suis le plus humble des savants d’al-Andalus, dont la gloire a décliné dans l’exil.»
(a) Pendant au Guide des égarés de son père, lui-même puissamment influencé par la mystique musulmane développée en Al-Andalus (voir, Billet et bibliographie E’M.C.)
En son second testament, recommandant à son fils Abraham de «ne fréquenter que des Juifs espagnols, dont il pense,
comme Averroès des habitants d’al-Andalus en général,
que ce sont les plus intelligents des hommes.
L’arabe, c’est la langue de toutes les œuvres de Maïmonide, à l’exception de sa Seconde Loi (Misneh Torah),
ainsi que de toute sa correspondance,
même des Lettres adressées aux communautés juives provençales (...)
Voir, entre autres, la somme historique:
• Histoire de la pensée en terre d’Islam, Miguel Cruz Hernández, Desjonquières, 2005.
(b) Voire au au-delà de l’hommage.
(c) L’immense somme mystique, œuvre majeure
Les Conquêtes de la Mecque plus justement
Les Ouvertures [Grâces] de la Mecque
du grand maître andalou Ibn ‘Arabî,
dit le soufre rouge (cf. Biblio. Michel Chodkiewikz & Claude Addas & Henri Corbin, etc.
(d) Ibn ‘Arabî ou le Soufre rouge, Claude Addas, Seuil (cf. bibliographie E’M.C.
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Choix, découpage, séquençage, notes, chapô, E’M.C.