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L'islam et l'Occident

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Billet de blog 21 novembre 2016

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ASTRONOMIE (2)

En vérité, dans la création des cieux et de la terre, et dans l'alternance de la nuit et du jour, résident des signes pour les doués d'intelligence. Coran, III, 190. Astronomie, علم النجوم (science des étoiles), علم الحيأ (sciences dela vie), علم الفلك (sciences du cosmos); distinct de علم التنجيم (l'astrologie).

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Au Moyen Âge, les Musulmans édifièrent un grand nombre d'observatoires, comme celui de la Bayt al-Hikmah, "Maison de la Sagesse", fondée par le calife al-Ma'mun (m. 218/833).

Son astronome était le mathématicien Hasbah al-Hâsib, ainsi que les "Banû Mūsā", les "fils de Mūsā Shākir".

il existait d'autres observatoires tels que celui des Fatimides au Caire,

celui de Maragha, fondé par Hūlāgū Khān (m.663/1265) en 657/1259 pour Nasîr ad-Dîn at-Tūsī;

celui de Samrakand (c. 823/1420), fondé par Ulug Beg; 

celui d'Istamboul créé par Taqî ad-Dîn en 983/1575;

et ceux de Jai Singh à Delhi, Jaïpur et Ujjain qui datent du XII/XVIII ème siècle. 

En plus de ces observatoires à part entière, Il existait des tours d'observation pour étudier le mouvements des planètes;

les minarets servaient souvent à cet usage.

Les astronomes musulmans ont créé des tables (zîj) fiables dans ce domaine :

le zîj as-Sâbi' d'Abû 'Abd Allâh al-Battânî (appelé Albategnius en Europe),

le zîj d'al-Khawarismi,

le zîj al-Hâkimi des Fatimides élaboré par l'astronome Ibn Yûnus à partir de son observatoires des collines du Muqattam, à la périphérie du Caire,

le zîj il-Khânid de Maragha, et bien d'autres.

Ceux-ci servaient souvent pour la création de calendriers spéciaux comme le Jalâlî, renommés pour leur exactitude.

Les plus importants travaux sur l'astronomie ont été rédigés par 

al-Birûnî : le Qânûn al-Mas'udî ("Canon Masudique"), et le Kitâb at-Tafhîm ("Livre de l'Élucidation");

par Qutb ad-Dîn ash-Shirâzî : Nihâyat al-Idrâk ("limite de la Compréhension");

par Abû Mas'shar al-Balkhî : Kitâb al-Ulûf ("Le Livre des Milliers");

par al-Farghanî (Algraganus en latin) : Kitâb fi-l-Harakât as-Samâwiyyah wa djawâmî' an-Nujûm ("Sur les mouvements célestes et les principes généraux de l'astronomie",

etc.

L'astronomie islamique exerça un rôle considérable dur l'Europe : d'abord par l'intermédiaire d'astronomes arabes d'Espagne,

comme az-Zarqalî (Azarquiel en Europe) qui édita les Tables de Tolède, puis en inspirant directement des traités d'astronomie européens comme les

Libros del Saber de Astronomia du roi Alphonse X el Sabio ("le Sage").

Les observatoires islamiques n'ont pu également manquer de jouer un rôle sur les recherches européens plus tardifs, comme Ticho Brahé et Kepler.

Cette diminationoriginelle de l'astronomie islamique se signale par la prépondérance de mots d'origine arabe  dans le vocabulaire technique de l'astronomie moderne :

l'indice de la réfraction de la lumière d'un corps céleste s'appelle, 

albedo de l'arabe : al-baydâ "blancheur";

le zénith de l'arabe : samt ar-ra's : "direction de la tête"; 

nadir de l'arabe : an-nazîr : "l'opposé";

azimut de l'arabe : as-samt : "direction";

l'étoile Véga : de l'arabe : an-nasr al-waqî' : "l'aigle qui tombe"; 

l'étoile Bételgeuse : de l'arabe bayt al-jawzah : "l'aisselle du centre"; (a)

l'étoile Algol : de l'arabe : al-ghûl : "la goule";

l'étoile Rigel : de l'arabe : ar-rijl : "le pied" d'Orion;

l'étoile Deneb : de l'arabe : adh-dhanb : "la queue";

l'étoile Aldebaran : de l'arabe : ad-dabarân : "le suiveur"des Pléiades, 

et ainsi de suite.

La précision de leurs connaissances astronomiques permit aux musulmans de réaliser des astrolabes perfectionnés qui apportèrent une contribution essentielle aux voyageurs européens de l'ère des découvertes.

Leur prééminence en astronomie permit aux musulmans de dominer l'art de la navigation, er c'est pour cette raison que l'école fondée par le prince Henri le Navigateur en Algarve, au sud du Portugal, comprenait des astronomes arabes, et ce sont des pilotes arabes qui ont guidé les portugais dans maints de leurs voyages, comme Ahmad ibn-Mâjid an-Najdî,

auteur des traités de navigation en vers (pour en faciliter la mémorisation) 

et en prose, qui guida Vasco de Gama jusqu'en Inde.

Comme cela est vrai pour toute astronomie traditionnelle,

ainsi de la jyotividya des Hindous,

la science en islam étant inséparable de l'interprétation des phénomènes célestes comme faisant partie d'une cosmologie symbolique, ce que nous appelons astrologie aujourd'hui.

                                 •

Dictionnaire encyclopédique de l'Islam, Cyril Glassé, préface de Jacques Berque, Édition originale Stacey International et Cyril Glassé, Londres, 1989;  Bordas, Paris, 1991

                                •

Notes :

Bételgeuse, étymologie bien cernée par Cyril Glassé, aux multiples sources arabes (dictionnaires et suppléments lexicaux spécifiques), les Arabes, poètes viscéraux, recourent souvent, pour ne dire toujours, à des métaphores, comme attrait  pédagogique, même quand ils se saisissent de domaines scientifiques pour les intelliger au désirant  science. 

Cette étymologie, nous donne l'occasion ici d'écarter  l'acception fantaisiste de l'étoile Bételgeuse, comme Bayt al-'Ajouz ("le logis de l'Âgée").

Bibliographie :

À propos de Navigation, voir aux fouilles des Mille et Une Nuit (Sindbad, etc), voir, sur un autre plan d'érudition et dans une autre perspective :

L'Islam et la mer - La mosquée et le matelot - (VII-XX ème siècle) de Xavier de Planhol, Collection "Histoire et décadence" Librairie académique Perrin, 2000. 

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Choix, découpage, notes, étymologie(s), connexions documentaires, E'M.C. 

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