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L'islam et l'Occident

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Billet de blog 23 novembre 2016

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HISTOIRE

Heureux nous épargnerions-nous l'Histoire, "nous" gens de Sud'A(c)tion, sans histoires..? Ou, dixit A. France, Faut-il se résoudre à beaucoup ignorer en Histoire ? Ou, prenant fable, à l'incessante évidence d'un A. Huxley désabusant des hommes à ce tirant "peu de profit des leçons de l'Histoire" qui constitue "la leçon la plus importante que l'histoire nous enseigne." E'M.C.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Les plus anciens écrits des auteurs musulmans remontent au temps de Omeyyades; dans la liste des quatre-vingt historiens que cite Maçudî dans ses Prairies d'Or, figure le nom d'Abû Mikhnaf, mort en 130 de l'Hégire (747 de J.C.).

Le nombre d'écrivains musulmans qui ont laissé des ouvrage d'histoire est très grand,

Dans le dictionnaire historique de Kâtib Tchelebi, dit Hadji Khalfa, on relève plusieurs centaines de noms d'historiens renommés.

Nous ne parlerons ici, à titre d'exemples, que des plus caractéristiques. 

                          AT-TABÂRÎ

Tabârî (Abû Djafar Mohammed ibn Djerir at-Tabârî) naquit en 839 à Amol, ville de la province persane de Tabaristan et mourut en 922 à Bagdad.

Il fut historien, juriste et théologien.

Par une érudition exceptionnelle et par une somme énorme de travail littéraire, il acquit une autorité qui n'a guère été dépassée en Orient.

Maçûdi le considère comme le plus grand de ses prédécesseurs.  (...)

Son livre La Chronique est considéré comme l'un des ouvrages fondamentaux de l'Histoire arabe.

Sa valeur, surtout pour sa connaissance des origines de l'Islam, est inestimable;

il contient un nombre incalculable de renseignements précieux sur la langue, les mœurs et les caractères de l'époque.

Le récit de La Chronique va jusqu'à l'an 914 de J.C.

(...)

Un autre de ses ouvrages qui connut presque la même renommée, est son Commentaire du Coran.

(...)

                           MAÇÛDÎ

Maçûdî dont  nous avons avons déjà et l'occasion d'apprécier les qualités de géographe, jouit aussi d'une grande réputation comme historien. 

Comme Tabârî, il brilla par l'étendue et la variété de ses connaissances.

Moins lié par la dogmatique de l'Islam et d'esprit plus scientifique que son illustre rival, il porta, comme nous l'avons vu, sa curiosité insatiable sur une multitude de questions les plus diverses.

L'histoire littéraire surtout occupe une très grande place dans ses récits.

"On dirait, remarque Renan, que Maçûdî, devinant les procédés de la critique moderne, a compris quelle lumière les œuvres de la littérature jettent sur l'histoire politique et sociale d'un siècle."

Sa vaste œuvre historique fut consignée dans l'ouvrage qui porte le titre d'Akbar az-Zaman (a) أخبار الزمان, et qui compte plus de vingt volumes in-quarto.

Il existait de cette œuvre une rédaction moins longue intitulée, Kitab Ausat (b) كتاب أوسط, Le Livre  Moyen. 

Ces livres ne sont malheureusement pas arrivés jusqu'à nous.

Les Prairies d'Or sont, avec le Livre d'Avertissement, les seuls ouvrages de Maçûdî qui nous soient parvenus.

Toutes les Prairies d'Or paraissent être la rédaction abrégée d'œuvre sur perdues.

La première partie est consacrée à l'histoire pré-islam des Arabes et des Nations étrangères, la seconde à celle du Prophète Mohammed et de ses successeurs.

                    IBN MISKAWÂIH 

Ibn Miskawâih, historien distingué, fut un des principaux moralistes de l'Islam.

On ne sait pas grand-chose sur sa vie.

Il fut trésorier du sultan bouyide Adod ad-Dawlah (c) et mourut en 1030.

L'œuvre de cet écrivain original, indépendant et sceptique s'inscrit en faux contre l'opinion courante qui prétend que les historiens musulmans sont dépourvus de sens critique.

Son Tadjarib al umam تجريب الأمم, (d) Les expériences des Nations, traite de l'histoire des l'ancienne Perse et des Arabes jusqu'à son époque.

Ses sympathies marquées vont à la Perse, dont il s'occupe plus spécialement.

De tendance rationaliste, il montre assez de tiédeur pour l'Islam, omet dans son récit la vie du Prophète et remarque que l'expansion arabe avait commencé avant Mohammad.

Son intérêt se porte surtout sur les questions de philosophie politique et sur les problèmes économiques. 

Il parle volontiers des institutions sociales et de l'administration.

Des idées générales et la psychologie des acteurs du drame historique se dégagent d'elles-mêmes de son récrit fouillé et serré. 

En morale, il a laissé une œuvre importante intitulée: Les mœurs des Arabes et des Perses.

                      IBN AL-ATHIR 

Ibn Al-Athir naquit en 1160 en Mésopotamie. 

Il est connu comme continuateur de Tabarî.

Il fut un abrégé clair et élégant de l'œuvre monumentale du maître. 

Il y ajouta divers renseignements puisés à d'autres sources et continua le récit jusqu'à 1230. 

Il écrivit en outre une Histoire des princes atabeg de Mossoul. 

Le mérite principal de l'œuvre d'ibn Athir réside, aux yeux des Européens, dans les nombreux renseignements qu'elle contient sur la partie occidentale du monde de l'Islam. 

M. Michel Amari l'a mis largement à contribution pour son grand ouvrage sur la domination arabe en Sicile.

M. E. Fagnan en a extrait les passages relatifs à l'Afrique du Nord, à l'Espagne et à la Sicile, et les a édités en un volume séparé.

                         ABU'L FEDÂ

Abu'l Feda, prince de Hama, Eyoubite (e), descendant du neveu du fameux Saladin des Croisades (1273-1231) est une des figures les plus séduisantes des lettres arabes.

À un esprit brillant et universel, il alliait le charme exquis de ses relations.

Savant, historien, géographe et poète, il fut aussi un guerrier émérite et un homme politique d'une rare habileté. 

(...)

La Chronique d'Abu'l Feda, Mustasar Tarikh al Basar, fut traduite et éditée à Leipzig en 1754. 

Elle traite du genre humain, du temps des patriarches jusqu'en 1328 de J.C.

Pour les temps reculés, le livre d'Abu'l Feda ne présente pas un grand intérêt.

Il en est tout autrement pour les événements auxquels l'auteur assista personnellement; et il fut étroitement mêlé à presque tous les événements de son temps.

l'histoire politique et littéraire  de l'Islam, ainsi que celle des empereurs grecs des VIII, IX et X èmes siècles, constituent également des parties fort attrayantes de la Chronique.

Le style d'Abu'l Feda est plein de charme.

                         Al-MAKKARI 

Makkari, (Ahmed ibn Mohammed al-Makkari), le plus important historien de l'Espagne musulmane, naquit à la fin du XVI ème siècle et mourut au Caire en 1631.

Son grand ouvrage Analectes sur l'histoire et la littérature des Arabes d'Espagne fut publié à Leyde de 1855 à 1859. 

Makkari est encore plus biographe qu'historien, 

Deux de ses livres sont entièrement consacrés aux grands personnages et aux savants musulmans qui sont allés de l'Andalus en Orient ou de l'Orient en Espagne. 

La curiosité de cet écrivain à l'intelligence aiguë se porte sur des objets divers.

Son ouvrage est une véritable mine de renseignements sur les différentes contrées de l'Espagne et les caractères des habitants.

Ses biographies, riches en détails et en anecdotes piquantes, traitées dans un style alerte et précis, donnent un tableau saisissant des évènements historiques et de la vie quotidienne de l'Andalus. 

Elles attestent une vie intellectuelle intense dans les grandes villes ccomme Cordoue, Grenade et Séville, mais aussi dans tout le pays.

Les détails relatifs à la vie des juristes, des médecins, des musiciens, des chanteuses, des femmes savantes, poétesses et jurisconsultes, sont d'un prix inestimable pour la reconstruction de la brillante société musulmane.

                        AL-HAMADANI

Rachid ed-Dine (Fadl Allâh Rachid ed-Dine al Hamadani) (e), est un des plus grand, sinon le plus grand historien de la Perse.

Hamadan, Kazwin et Tébriz se disputent l'honneur d'être sa villé natale. 

Vizir de trois souverains mongols de Perse, il vécut une vie mouvementée, connut les hauts et les bas de la fortune et, victime des calomnies de ses adversaires, qui lui enviaient ses richesses et sa magnificence, il termina son existence sur l'échafaud.

Historien de grande classe, écrivain au style sobre, il composa son Histoire des Mongols sur l'ordre de Ghazan Khan.

Il ajouta un aperçu de l'histoire des autres peuples et une description  des régions connues des Mongols.

Cette œuvre considérable divisée en quatre volumes et qui porte le titre de Djami et tawarikh (f), جميع التواريخ  La Somme des histoires, fut achevée en 1130.

Sachant plusieurs langues, l'arabe, le persan, le turc, l'hébreu, ayant accès aux archives de l'Empire et aux archives privées des grandes familles mongoles, Rachid ed-Dine utilisa pour son sujet toutes les sources et toute la documentation possible. 

Son ouvrage est fondamental pour la connaissance de l'épopée mongole et pour la turcologie.

(...)

Pour ne pas allonger le récit, nous devons passer sous silence beaucoup d'autres historiens persans importants, tels que Mirkhond, Khondemir ou Chahrastani, dont l'œuvre est di importante pour la connaissance du mouvement des idées aux premiers siècles de l'Hégire,  particulièrement pour celle de la philosophie des Mu'tazilites.

(...)

                       SÂAD ED-DINE

Sâad ed-Dine est l'auteur très estimé du Tadj et Tawatikh, (f), تاج التواريخ, Couronné des Chroniques.

Il est le plus représentatif des annalistes turcs.

Malgré sa tendance de mêler au récit historique dés légendes romanesques, il est considéré comme un historien fidèle, surtout pour les époques proches de la sienne.

Son Histoire de Turquie va jusqu'au règne de Sélim 1ier (1522).

                   MUSTAFA NAÏM

Naîma (g) effendi, de son vrai nom Mustapha Naïm,est l'historien du règne de Mourad III et des temps troubles qui l'ont suivi.

Son récrit embrasse l'époque qui va de 1591 à 1659, et,

qui marque le commencement de la décadence de l'Empire ottoman. 

Historien consciencieux et indépendant, passant au crible de son propre jugement les données empruntées aux autres chroniqueurs, Na'îm, est aussi un écrivain remarquable.

(...)

Rachid effendi continua l'œuvre de Na'îm; sa Chronique s'étend de 1660 à 1721.

Asîm Tchélébi Zadeh, Ahmed Wâsîf, Mustapha Nédjib, Ahmed Djevdet, Tach Köprülü Zadeh, Katib Tchélébi er d'autres l'ont suivi. 

Dans cette pléiade d'écrivains chacun mériterait une notice particulière.

         KATÎB TCHÉLÉBI = HADJI KHALFA

Arrêtons-nous sur Kâtib Tchélébi, connu surtout sous le nom de Hadji Khalfa. 

Biographe et historien du XVIII ème siècle, il attira l'attention par la richesse de sa production  et le caractère quelque peu spécial de son œuvre.

Son Histoire de la marine ottomane, poursuivie jusqu'en 1665, traite aussi des principes de la navigation et des règlements de l'Amirauté.

Elle met à contribution les mémoires du célèbre amiral Khair ed-Dîne (h) Barberousse qui exerça, un certain temps, une véritable maîtrise de la Méditerranée.

Cet ouvrage traduit en anglais(1) est un document premier ordre. 

L'encyclopédie biographique de Hadji Khalfa, est une œuvre d'érudition de grande valeur, encore fort populaire en Turquie.

Parmi les autres travaux de notre auteur, mentionnons Tarikh al Hind el Garbi (i), تريخ الهند الغربي, Histoire des Indes occidentales, consacré à la  découverte de l'Amérique.

Hadji Khalfa fut l'intendant des armées ottomanes.

Il mourut en 1658.

                                  ¥

(1) The History of the maritim wars of the Turks, traduit par James Mitchell.

                                   •

Visages de l'islam, Haïdar Bammate, Enal, Alger, 1991. 

Notes (E'M.C.)

(a) graphie exacte, Akhbar az-Zamân.

(b) graphie exacte, Kitâb Awwsat.

(c) graphie exacte, 'Âdûd ad-Dawlâh. 

(d) graphie exacte, Tâdjârîb al-ûmâm. 

(e) graphie exacte,  al-Hâmadânî. 

(f) graphie exacte, Tâdj at-Tawârîkh. 

(g) graphie exacte, Na'îm Effendi.

(f) autre graphie Khaïreddine Barberousse. 

(i) graphie exacte Târîkh al-Hind al-Gharbî.

                                  •

Choix, découpage, notes, chapô, E'M.C. 

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