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Palestine

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Billet de blog 1 juin 2017

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"PALESTINE : À PROPOS DE "DÉNONCER"

Le chroniqueur a choisi de dénoncer non pas le crime car il est commis sur les toits du monde, sous l'œil de tous, mais nos impuissances parfaites. Dénoncer ce qui a mené l'opprimé à être seul. Non pas le crime, mais ce qui a mené le tueur à pouvoir l'accomplir en plein jour, sous le nez cassé du monde, sans reculer. Paix-puissance se construit. En attendant, Le crime et là et continuera. K. Daoud

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             À Gaza, le massacre continue.

                              Que faire ?

Un midi, un ami téléphona au chroniqueur.

On était aux trois premiers jours de l'attaque contre les Palestiniens.

      "Écris une chronique pour dénoncer Israël".        

           Moments de colère contre la colère :

                on en est encore à dénoncer.

Croit-on encore que c'est cela le devoir de chacun ?

        Ne voit-on pas que le crime est évident,

             le mort est mort et chaque fois tué,

               qu'il ne s'agit plus de dénoncer

                     mais de comprendre,

                au cœur même de l'émotion

               pourquoi en est-on arrivé là ? 

On dénonce un crime au début, en 1948, (...), on s'indigne, mais après, il faut conclure :

           il faut penser au moyen de l'arrêter. 

       Dénoncer est désormais un geste dépassé. 

Le chroniqueur a essayé de proposer un au-delà de l'émotion et des émotions ô combien commodes, déjà en Palestine,

      comme ailleurs dans le monde "arabe" (1)

qui n'en finit pas de mourir depuis quatre siècles, il s'agit d'échecs qui ne sont même pas assumés. 

On ne veut pas voir dans l'impuissance un acte de chacun. 

Dénoncer oui : mais la faiblesse, l'échec et la cécité. 

Pour la Palestine , il faut une quête de paix mais aussi les moyens de puissance pour la négocier. 

Et cette puissance se construit par chacun, sur des générations.

Que peut ce monde "arabe", lui qui ne propose rien au monde, qui n'a pas des économies performantes capables de peser, peu d'armées et si peu de moyens ? 

Ne voit-on pas que si le tueur tue en Palestine, c'est aussi parce qu'il évalue à sa juste mesure le rapport de force ?

Ne voit-on pas le lien immédiat entre dictatures "arabes" et sous-développement des peuples et cécité des peuples ?

Pourquoi refuse-t-on de voir le lien entre les compromissions de chacun, au quotidien, les lâchetés, les vols et les incivismes et le manque d'engagement, avec la faiblesse des pays et donc des Palestiniene ? 

Pourquoi refuse-t-on de lier le sens de ces actes à celui de ses impuissances ? 

Pourquoi refuse-t-on de comprendre que la puissance vient de la créativité et que la créativité vient de la liberté comme culte et valeur ?

Comment veut-on obtenir la liberté de la Palestine alors que l'on refuse de concevoir la liberté chez soi ? 

Et donc, au troisième jour du massacre, le chroniqueur a refusé de dénoncer l'évidence 

pour écrire sur ce qu'on se cache: les effets de mode, le manque de conscience, les appels à la guerre mais en mode assis, les émotions faciles qui s'éteindront quand la guerre sera mise en sursis, les solidarités sélectives, les appels à la haine qui dégradent. 

Les images du crime à Gaza sont horribles et le crime continue 

et il ne sera stoppé que je jour ou les puissances le décideront. 

C'est la voie: devenir une puissance. À long terme. (4) 

Et dans l'immédiat, face à la douleur ?

S'indigner, oui, mais sans se disculper.

Être en colère, mais  aussi contre soi-même. 

Dénoncer, Mais ne pas s'innocenter. (5) 

Ce n'est pas le moment ?

Justement si: on a cette habitude criminelle d'oublier, après.

(..,)

C'est justement à l'heure du crime qu'il faut lever le voile sur les raisons du crime.

S'indigner esr légitime et aidera à rendre "humaine" la cause et inhumaine la guerre. Mais pas seulement. 

Le meurtre de l'opprimé est aussi notre acte. Discret.

Le chroniqueur a choisi de ne pas dénoncer un crime commis en plein jour.

                   Cela tombe sous le sens.

               Tout le monde voit qui tue qui.

Il rêve de lucidité, de prise de conscience et de responsabilité.

      La paix comme la puissance se construisent. 

Avec le savoir, quand nous pousserons nos enfants à aller plus loin que nous dans la maîtrise du monde, quand nous investirons le monde au lieu de lui tourner le dos, quand nous construirons des pays, pas des exils. (7)

      En attendant, le crime est là et continuera.(8)

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Mes indépendances - Chroniques 2010-2016, Kamel Daoud, Editions Barzakh, Alger 2017 et Actes Sud, 2017.

Chronique: PALESTINE : À PROPOS DE "DÉNONCER" Dimanche 3 août 3024, pp. 304-305-306)

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Notes, E'M.C. 

(1) Au niveau restrictif du chapõ, nous avons resserré l'expression du "chroniqueur" sans préjudicier au propos de l'auteur. 

(2) L'auteur, que d'aucuns qualifieraient (sans coup férir) de 'Aroubi; (3),

"Kamel Daoud, sorti d'un village silencieux (pour suivre des études de lettres)" Sid Ahmed Semiane (SAS), in Le Fugitif, préfa de MI (p.8). 

Natif donc de Mostaganem, à Mesra, un village, à quelques 22 kms de Mostaganem, Kamel Daoud n'étant ni koulougli, ni berbère, ni mozabite, ni touareg, ni wisigoth, ni kazar, ni inuit, ni ukrainien,  ni hun, guillemette systématiquement "arabe"!

Même, quand il évoque des premiers califes, les poètes et tout ce qui ressortit de l'arabité, il s'empêche (comme dirait Montaigne) de transcrire nûment l'appellatif Arabe, autrement que "dit arabe" ou embarbelé de guillements, telle une intenable identité, tenue, distanciée à mordacité de tenailles. 

(3) 'Aroubi, dans l'acception épatée de bédouinité, voire, exagérée de paysan, par les citadins "paysés",  dont, pour notre part, nous souscrivons au sens anthropologique d'empaysés que lui attribue Marcel Jousse. 

Voir, Le Geste anthropologique, Marcel Jousse, Gallimard, 1974, 1975 et 1978. 

Voir, Versets 97 et 98 de la Sourate IX at-Tawbah : Le Repentir ou la Dénonciation, sur "la dénégation, l'hypocrisie et la propension à ignorer les normes expresses que Dieu à fait descendre sur Son Envoyé"  (Le Coran Essai de traduction de Jacques Berque, Albin Michel, 1995, p. 211) 

Voir, À titre comparatif sur le même thème : "Les bédouins (الأعراب) sont les plus endurcis dans leur impiété et dans leur hypocr et les plus enclins à méconnaître les préceptes qu'Allah a révélés à Son Messager. (Le noble Coran et la traduction française de ses sens de Mohammed Hamidoullah, 

concernant l'A'rabî, الأعرابي bédouin-nomade à l'abade par opposition à l'Arabeً, العربي, dans sa multiplicité d'acceptions dont le Conjugueur العراب de qualités, chevalerie, générosité, pureté et splendeur de la langue arabe, honneur de la parole donnée, horreur du mensonge et de la mendicité, vus par l'islam comme deux fléaux majeurs; 

Voir, Exception au verset 99 pour "(Tel autre,) parmi les bédouins (...)" M. Hamidullah. 

et, "Il en est aussi parmi eux qui croient en Dieu et au Jour dernier (...)" J. Berque.

encore à l'etymon, Arabe; 'arabî, a'rabi, 'arab, a'rab, isti'rab(a), mousta'rab, 'abara, 'ibara, mou'arab, a'raba, i'rab, ta'rîb ---

et m'abar (passage, traversoir...), 'aber sabîl, passager, passant, 'abîr, traverseur ou l'hébreu; le Traverseur (de fleuve L'Euphrate, le Tigre, le Nil) comme Abram-Abraham-Ibrahim-Moïse) donnant (habirous)عبر المعبر ال, l'Exprimeur-Doseur, العبار, ou عبار الكلام le calibreur d'expression, le lingotier de (son) idiome. 

(4) Étonnante niaiserie du "chroniqueur", les puissances foncièrement facho-coloniales, repartant de plus belle de Yalta, n'ont jamais cessé de survendre gadgets et armes d'auto-destruction (voire, Irak/Iran), de téléguider, susciter nourrir des insurrections libertistes, de torpiller le moindre printemps qui, du reste, les effraye rien qu'à l'idée que cela s'étende chez elles, d'où l'écrasant dispositif ce guerre, préparé, dans leurs propres murs, depuis le "libertaire" Mai 68... 

(5) Tout cela a été pensé, dit, écrit, fait, et censuré (pargous par des journaleux),  bien avant que l'auteur s'en  avise, bien avant sa mise au monde, par de vrais poètes et intellectuels écrasés dans leur(s) propre(s) pays, d'abord par d'autres, poétaille, et nombre journalistes "écrivains" "connus" (rédacteurs en chef, directeurs et autres, ad-ministrés, et d'obscurs intellos du système qui, grâce à leurs réseaux auprès de la SNED (6) qu'ils ont coulée de bides, de plagiats et d'invendus, ont, toujours pignon sur rue  (même sous pseudos). 

Et, puis, sans compter, pour ceux-là qui du temps de Simon Malley (Afrique-Asie) se manifestaient, vertement, poèmes, textes et analyses, ne se contentaient pas de "dénoncer" ! Ils pensaient, ils anticipaient, ils sporulaient, dans un mutisme total de besogneux des "confrères" au plus loin de la "nation" - 

(6) SNED : Unique Société éditrice entièrement subventionnée par l'État. 

(7) Tout cela a été déjà pesé, pensé, prévu et dit. L'Islam étant une véhémente apologie du savoir, de la quête de connaissance, du Djihâd-Effort spirituel, de l'excellence de conduite (l'Ihsân), est, même au plus dubitatif des adversaires "contenus" une civilisation majeure de l'humanité rehaussée. 

Notre problème, majeur de toujours, c'est justement le réticulaire corporatisme journalistique, la meute médiocratique ( éthiquement parlant), la suicidaire insolidarité entre écrivants "écrivains"qui, cuillers explosantes, halètent, dos rond, aux "distinctions, et se tournent le dos, en se tapant l'épaule - 

Notre mépris de "nous" mêmes. Et notre affreux problème, notre complexe de l'islam des Lumières éternelles; notre effroi de La Lumière! Notre pestilentiel succès ! L'oubli que nous sommes l'Occident, nous désespérément dispersiels,

"Nous" le levier et le Levant de l'Occident, nous les "Arabes" de tous les temps, de 'Arb, عرب (désert, symbole d'oblatif dépouillement, "nous"  les chauds Juifs de la vie ! 

Comme le dit, à l'envi le dicton algérien : Une Main seule n'applaudit pas ! dans le sens de l'inopérance. 

(8) Le crime "est là", oui, depuis La lettre de Bâlfour à Rothschild (1917), et, "continuera", mais empirera en crescendo jusqu'à l'annihilation totale de l'Arabe palestinien, après le rapt de toute Jérusalem Est, et le démantèlement du Troisième Lieu saint qu'est le chef-d'œuvre l'Aqça, et l'installation, déjà prévue de l'ONU occupée, des Ambassades européennes, du FMI et de la Banque Centrale. 

Voir, entre autres, militantes pour le transfert de l'ONU occupée, les interventions de Jacques Attali, de Régis Debray, etc. 

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Choix, découpage, note(s), réf. Bib, E'M.C. 

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