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MME: Tout d’abord comment allez-vous, vous et votre enfant ?
Et comment va votre époux Salah Hamouri?
Avez-vous pu lui rendre visite ?
Quelles dont ses conditions de détention ?
Elsa Lefort: Nous allons tous bien et restons fort, même si le temps commence à se faire long et que nous espérons être réunis au plus vite.
Je n’ai jamais pu rendre visite à mon époux depuis le début de sa détention.
Étant interdite d’entrée sur le territoire israélien, le droit élémentaire de mon époux de recevoir son fils et sa femme lui sont bafoués.
Nous ne nous sommes pas vus depuis son dernier séjour en France, en juin 2017, il devait venir nous voir le 31 août mais il a été arrêté quelques jours avant.
Il est incarcéré dans la prison de Ketziot située dans le désert du Néguev, uniquement avec d’autres prisonnier politiques palestiniens.
Les conditions de détention sont sommaires,
certaines cellules sont de simples tentes, d’autres des préfabriqués et d’autres des bâtiments.
l’été a été particulièrement chaud et difficile.
Salah a le droit à une visite familiale de 45 minutes par mois qui a lieu derrière une vitre par l’intermédiaire d’un combiné.
Le consul général de France à Tel Aviv lui rend également visite une fois par mois.
MEE: Salah Hamouri a été détenu pendant sept ans (2005-2011) puis arrêté de nouveau en août 2017, trois jours après avoir passé avec succès l’examen du barreau.
Les autorités israéliennes justifient cette nouvelle arrestation en l’accusant d’être
«retourné travailler au sein de l’organisation terroriste du front populaire de libération de la Palestine (FPLP)».
Que pensez-vous de cette justification ?
Elsa Lefort: Ces accusations sont infondées et ridicules.
Si les autorités israéliennes avaient réellement quelque chose à reprocher à mon époux,
il ne serait pas en détention administrative,
elles auraient émis un chef d’inculpation contre lui.
Sa détention administrative (sans charge ni jugement)
n’est qu’une partie de l’acharnement dont font preuve les israéliens envers mon époux
depuis plusieurs années.
Après lui avoir volé sept ans de sa vie
lors de trois détentions arbitraires,
elles ont entravé son droit d’étudier,
de se rendre en Cisjordanie,
et de fonder une famille.
•
Mon expulsion d’Israël,
l’impossibilité de donner naissance à notre fils
à Jérusalem
et cette détention
sont les pièces d’un même puzzle:
tout est fait pour contraindre mon mari
à quitter la Palestine.
•
MEE: Quelles démarches avez-vous effectuées auprès des autorités françaises, et pour quels résultats?
Elsa Lefort: Dès l’arrestation de mon époux, nous avons d’abord alerté les services consulaires à Jérusalem
afin qu’ils veillent à son intégrité physique.
Ensuite nous avons contacté l’Élysée.
Il à fallu près de deux mois pour que nous obtenions une réponsé de leur part.
Après de nombreux messages
et avec le soutien actif de nombreux citoyens, élus, syndicats et partis politiques,
l’Élysée a fini par nous répondre
et nous avons pu rencontrer à plusieurs reprise la cellule diplomatique.
Je ne doute pas que les actes soient là,
mais force est de constater qu’un an après son arrestation,
mon époux est toujours enfermé,
malgré les demandes de la République française. (1)
Je doute sincèrement
que les moyens suffisants
aient été mis sur la table
pour obtenir cette libération.
•
Lors de la précédente incarcération,
il n’y avait pas autant de personnes,
organisations, associations
et encore moins le président de la République
qui avait demandé la libération de Salah (*),
c’est un pas énorme que nous avons franchi,
meme si toutes et tous,
nous regrettons qu’à ce jour,
les demandes de la France ne se fassent pas plus pressantes. (**)
Middle East Eye
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Choix, découpage, séquençage, notes et notes réservées, image, in Libération, E’M.C.