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Palestine

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Billet de blog 6 avril 2017

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VOYAGE IMAGINANT DE KAFKA EN "PALESTINE"

"Chacals et Arabes" en ("Palestine"), in Der Jude (1917), "Gleichnisse" paraboles dit Buber, en décri de dit au kafkayant casse-tête de son "hôte" du Procès, La Métamorphose, La Colonie pénitentiaire , préfigurant Guantanamo de chaînes aux "chiens", d'Amerika (ou le Disparu), des Journaux et des Lettres (père, sœurs, Milena...), mêlant "Je" sextuple au Rubik's Cube d'une Alya à l'Origo. E'M.C.

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LE VOYAGE IMAGINAIRE DE KAFKA EN "PALESTINE" : LECTURES DE CHACALS ET ARABES 

Chaque phrase dit : "interprète-moi", aucune d'entre elles ne tolère l'interprétation. (2)"

Peu de textes illustrent lieux le diagnostic d'Adorno que Chacals et Arabes.

Le récit met en scène l'antagonisme séculaire des nomades du désert (les "Arabes") et des Chacals qui, une nuit, cherchent à persuader un voyageur - presenter comme le sauveur attendu - de faire justice de leurs ennemis en les égorgeant. (3)

si l'on ajoute qu'il est publié dans la revue sioniste Der Jude de Martin Buber en 1917 et qu'il est le seul ou Kafka se doit aventure dans ces territoires déjà disputés, on conçoit que le prurit interprétatif devienne incoercible, et plus encore aujourd'hui qu'hier. (a) (b)

Comme cependant la nouvelle à le mauvais  goût d'être l'une des plus énigmatique de Kafka, le commentateur qui espèrerait soutirer à la Sybille de Prague quelque sentence définitive dur le sionisme (hostile ou favorable, selon affinités) risquera fort de s'en trouver plus "désespéré" (4) que jamais. (...)

S'agissant de Chacals et Arabes, peut-on se résigner à cette alternative entre le déni du politique et la réduction militante, entre le "tout poétique" et le "tout politique" ?

Faire l'hypothèse contraire inverse impose sans doute, sinon une méthode révolutionnaire,

du moins un État d'esprit différent de celui, par trop répandu en kafkologie, qui revient à étriller toutes les lectures antérieures. 

On avancera, à l'inverse, que le passage par le tourniquet des interprétations de la fable 

-entendons ici les intentions de significations que les circonstances de sa rédaction rendent plausibles-

est une épreuve induite par l'écriture,

à laquelle il serait vain de se dérober. 

Encore l'examen récapitulatif des hypothèses doit-il s'accompagner d'une enquête sur les règles qui gouvernent leur étourdissante prolifération. 

Da ce que l'on pourrait appeler une poétique du cauchemar éveillé, Kafka met à nu une ambivalence intime,

dont la clé n'est pas seulement psychologique, 

mais touche aux contradictions archaïques qui  commandent l'existence d'une communauté historique et l'identification à celle-ci. 

Que cette réalité politique dout mieux rendue par une texte qui, comme le rêve, ignore le "principe de contradiction", que par n'importe quel engagement positif n'est pas le paradoxe le moins stimulant de la nouvelle. 

Le voyage imaginaire de Kafka en "Palestine" de Philippe Zard, (dédié à Abdelwahhab Meddeb "en témoignage d'amitié"), L'herne, 2014. 

Notes de Zard :

(1) Le sens des guillemets est expliqué infra : le mot de Palestine n'apparaît pas dans le texte.

Rappelons par ailleurs, (...) que le terme "palestinien" désignait à l'époque de la nouvelle essentiellement les populations juives installées en Palestine, par opposition aux "Arabes".

(2) T. Adorno, "réflexions sur Kafka", dans Prismes, 1986, p. 215.

(3) F. Kafka, "Schakale und Araber, DL, pages 270-275; "Chacals et Arabes", Dans la colonie penitentiaire et autres nouvelles GF-Flammarion, 1991, pages 151-156.

(4) Pour reprendre les termes du livre de S. Corngold (The Commentator's Despair, Kennykat Press, 1973), eux-mêmes inspirés d'un passage du Procès. 

                                    -------

Notes d'E'M.C. :

(a) "Entre-temps seront parus dans la revue dirigée par Martin Buber, Der Jude, "Chacals et Arabes" et "Communication à une Académie." Kafka poète de la honte, Saul Friedlander, 2013, p. 199.

(b) Toutefois -  "Nous l'avons vu, Kafka reste indifférent au judaïsme en tant que foi ou pratique. On ignore s'ils à suivi d'autres chemins spirituels, moins balisés, dans les dernières années de sa vie; ce que nous savons en revanche, c'est que ni dans sa correspondance ni dans ses Journaux onn é trouve de référence à ce genre de problématiques. Ibid, p.235. 

(1') au (1) : Assertion aventureuse de l'auteur, qui reprend le l'interpellatif camusien de L'Arabe, qui reproduit ainsi le regard colonial, en Algérie colonisée les "Algériens" (auto) désignés  les français, les autres, c'étaient les "Arabes", intrus chez eux, soumis au "Code de l'indigénat".

voir :

d'Edward Saïd, palestinien professeur émérite à l'université Columbia de New York

- Des intellectuels et du pouvoir, Seuil, 1996.

- Israël-Palestine, l'égalité ou rien, La Fabrique, 1998.

- Culture et impérialisme, Fayard, 2000)

(3') au (3) : sur La Colonie pénitentiaire 

Il semblerait donc que le contexte historique de l'histoire de Kafka soit large (..,)

Le terme Strafkolonie nous rappelle que l'histoire est un produit de l'époque coloniale. 

Son décor, une colonie francophone à l'ambiance orientale, fait penser à une œuvre de fiction qui servit d'inspiration à cette histoire, c'est-à-dire

 Le Jardin des supplices d'Octave Mirbeaun(1899) 

"Ce n'est pas seulement un texte décadent qui se délecte de la souffrance, c'est aussi un texte anticolonial où le narrateur et son amante anglaise Clara visitent une prison chinoise où ils voient des détenus mourant de faim dans d'horribles cellules, puis un jardin dans lequel d'atroces tortures sont exécutées par des plantes exquises. 

On entend beaucoup parler des atrocités commises par les colons européens, y compris les Français en Algérie, mais surtout par les anglais. 

Le texte présente un officier anglais qui se vante d'avoir inventé "la balle dum-dum" et de l'avoir testée en tuant douze Indiens d'une seule balle. 

Kafka aurait aussi sûrement eu connaissance par la presse de la répression génocidaire du soulèvement Héréro en Afrique du sud-ouest (Namibie) par les autorités coloniales allemandes. Etc.

Kafka et le contexte historique : l'exemple de La Colonie pénitentiaire de Ritchie Robertson. L'Herne 2014, pages 39, 40. 

En fait, tous les colonialismes sont des colonies pénitentiaires pour les "indigènes" qui les subissent;

de même que les quartiers populaires, ou banlieues, véritables ghettos de précarités. E'M.C. 

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Choix, découpages, note(s) aux notes, re-lectures, bibliographie, chapō, E'M.C. 

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