Que nous remarquions qu’il y a une guerre que lorsque les Juifs sont assassinés,
n’enlève rien au fait que les Palestiniens se font tuer tout le temps.
Oui, il y a une guerre, et le Premier ministre (...)
avec son mandat du peuple,
a ordonné qu’elle s’intensifie. (...)
•
Netanyahu intensifie la guerre principalement
à Jérusalem-Est,
avec des orgies de punitions collectives.
Il révèle ainsi qu’Israël
a réussi à déconnecter physiquement
Jérusalem
de la plus grande moitié
de la population palestinienne,
soulignant l’absence d’une direction palestinienne à Jérusalem-Est et la faiblesse du gouvernement de Ramallah
qui tente d’enrayer la dérive dans le reste de la Cisjordanie.
•
(...) La guerre ne prend pas fin quand plus aucun Juif n’est assassiné.
Les Palestiniens se battent pour leur vie dans le plein sens du terme.
Nous, Juifs israéliens, nous nous battons pour notre privilège en tant que nation de maîtres,
dans la pleine laideur du terme.
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Que nous remarquions qu’il y a une guerre que lorsque des Juifs sont assassinés, (1)
n’enlève rien que des Palestiniens se font tuer (2) tout le temps,
et que tout le temps
nous faisons tout
ce qui est en notre pouvoir
pour leur rendre la vie insupportable. (3)
•
La plupart du temps, (4)
il s’agit d’une guerre unilatérale,
conduite par nous,
pour les amener à dire «oui» au maître,
merci beaucoup de nous laisser en vie
dans nos réserves. (...)
•
Les jeunes palestiniens ne vont pas se mettre à assassiner des Juifs
parce qu’ils sont Juifs,
mais parce que nous sommes leurs occupants,
leurs tortionnaires,
leurs geôliers,
les voleurs de leur terre
et de leur eau,
les démolisseurs de leurs maisons,
ceux qui les ont exilés,
et qui leur bloquent leur horizon.
•
Les jeunes Palestiniens,
vengeurs et désespérés,
sont prêts à donner leur vie
et à causer à leurs familles une énorme douleur
parce que l’ennemi auquel ils font face,
leur prouve chaque jour
que sa méchanceté n’a pas de limite.
•
Même le langage est malveillant.
Les Juifs sont assassinés,
mais les Palestiniens sont tués et meurent.
•
Est-ce vrai ?
Le problème ne commence pas avec le fait
que nous ne sommes pas autorisés
à écrire
qu’un soldat ou un policier
a assassiné des Palestiniens,
à bout portant,
quand sa vie n’était pas en danger,
ou qu’il l’a fait par télécommande,
ou depuis un avion ou un drone. (...)
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Notre compréhension est captive
d’un langage censuré
rétroactivement
qui déforme la réalité.
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Dans notre langage,
les Juifs sont assassinés
parce qu’ils sont juifs,
et les Palestiniens trouvent leur mort
et leur détresse parce que
c’est probablement
ce qu’ils cherchent.
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Notre vision du monde est façonnée
par la trahison constante
par les médias israéliens
de leur devoir de rapporter les évènements,
ou leur manque de capacité technique
et émotionnelle
à contenir tous les détails
de la guerre mondiale
que nous sommes en train de conduire
afin de préserver notre supériorité
sur le territoire entre le fleuve et la mer.
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• Suite prochain billet.
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Amira Hass, née en 1956 à Jérusalem, journaliste et auteur israélienne, surtout connue pour ses colonnes dans le quotidien Ha’aretz.
Elle vit en Cisjordanie après avoir habité à Gaza.
[où] Écrivant en immersion totale, elle se définit comme une spécialiste de l’occupation.
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Bibliographie (+ voir précédents billets)
- Boire la mer à Gaza, Amira Haas, La fabrique, 1996.
- Correspondante à Ramallah (1997-2003), La fabrique, avril 2004.
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Choix, découpage, notes et notes différées, bibliographie indicative, chapô, E’M.C.