E'M.C. (avatar)

E'M.C.

Abonné·e de Mediapart

Billet publié dans

Édition

Palestine

Suivi par 187 abonnés

Billet de blog 11 juillet 2018

E'M.C. (avatar)

E'M.C.

Pr.-Apprenant permane, assigné à résilience.

Abonné·e de Mediapart

L’ÉTAT JUIF CONTRE UNE POÉTESSE PALESTINIENNE

Qui aurait cru le galimatias de ce burlesque Protocole de Cour-re, où l’on assisterait au divin naufrage de la Sagesse, ô Salomon; la poésie au banc des bandits, la traduction traquée-triquée-étriquée, la surdité de Thalie à Hélicon et Melpomène à perpette de prise à la zizanie du Permesse, où l’on (se) découd-rait d’un immense mot arabe: Shahid, Le Témoin! sanglé de Resist! Comme si...E’M.C.

E'M.C. (avatar)

E'M.C.

Pr.-Apprenant permane, assigné à résilience.

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

                            Acte deux: 

                     Qui es le traducteur ? 

• Le témoin: Dr. Jonathan Mendel, traducteur et chercheur en traduction hébreu-arabe.

Contre-interrogatoire: environ cinq heures.

Lors du contre-interrogatoire, durant duquel il sembla que la temoin devint l’accusé, des vidéos. courtes (sans aucun lien avec Dareen Tatour) furent projetées.

Elles montraient des scènes de soulèvement à travers la Cisjordanie.

Dans la bande-son, on entend de manière répétée des mots tels que «shahids» (1) «terreur» «sang» «la sainteté de cette terre» et «le droit au retour» 

                                     •

à tel point qu’une oreille juive semble entendre des citations des poèmes d’Uri Zvi Greenberg, qu’on étudie en classe:

 «Le sang déterminera qui sera l’unique dirigeant» 

«La terre est conquise par le sang. 

Et conquise par le seul sang, consacré au peuple avec la sainteté du sang» 

«Un retour au village est un retour miraculeux, l’arbre abattu revient se connecter avec son origine» 

«Je déteste la paix de ceux qui capitulent».

                                   •

• Procureure: Vous considérez-vous un témoin objectif?

• Témoin: Oui.

• P. Quel est votre niveau en arabe?

• T. Il est excellent.

• P. Quand vous écoutez, c’est difficile pour vous de comprendre. Pourquoi? 

• T. Il y a une différence entre l’interprétation simultanée et la traduction d’un document écrit.

• P. À votre avis le peuple palestinien est-il un peuple vivant sous occupation? 

• T. Le peuple palestinien est un peuple divisé, ils ne vivent pas dans un pays libre.

• P. Pensez-vous qu’il existe un droit de résister à l’occupation? 

• T. Je suis en faveur de la résistance non-violente. 

• P. Vous prétendez que les Israéliens interprètent automatiquement «shahid» comme lié à la terreur.

• T. C’est exact.

• P. Vous dites que l’interprétation judéo-israélienne du mot est vraiment déformée...

et chaque Palestinien qui l’entend le comprend comme «ceux qui sont tombés» et non comme «shahids» ?

• T. Je dirais plus comme «victimes»  pas comme «agresseurs»

• P. Auparavant vous avez  écrit «ceux qui sont tombés» comme opposés à «shahids», et maintenant vous dites «victimes» » comme opposés à «agresseurs» 

• T. Le mot Shahid - en hébreu c’est tendu, la grande majorité des shuhadaa (2), ou en hébreu sont des civils qui n’ont rien fait pour blesser des Israéliens. 

• P. Sans la traduction de la police ça sonne comme un appel à la violence. 

Vous avez traduit «celui qui se soulève», alors qu’il a traduit «celui qui résiste» 

• T. La racine du mot en arabe est kuf-yud-men et je cherche une racine similaire en hébreu «Résisté» n’est pas une erreur, mais «soulevé» convient mieux.

                                 Etc.

                TRADUCTION TRIQUÉE 

Peut-être que quelqu’un devrait aussi proposer la « Loi Traduction» puisqu’il est impossible pour un mots d’avoir plusieurs traductions. 

C’est comme cela qu’une discussion sur un poème en arabe est menée en hébreu, par des gens qui n’ont pas une connaissance suffisante de l’arabe.

Équipés d’une mentalité à la Robinson Crusoé, ils sont certains que Vendredi parlera leur langue, et croient que chaque mot dans une langue qu’ils ne comprennent pas n’a qu’un seul sens en hébreu. 

D’autant plus quand il s’agit d’un mot familier comme «shahid».

Les longues heures que la Cour a passées  à étudier le problème de la traduction est une mascarade, une supercherie. 

Y-a-t-il vraiment quelqu’un qui pense qu’une telle discussion peut être menée en hébreu?

Il a été question de la traduction parce que la procureure - comme toutes les autres personnes dans le tribunal- ne comprend pas l’arabe. 

Parce que si la discussion avait été menée en arabe, 

              une langue officielle en Israël,

                              la Cour

         n’aurait pas eu besoin d’un traducteur. 

Nous nous serons attendus à ce que la chambre d’Accusation soit intègre, qui ne cessait de réaffirmer une objectivité présumée, 

           incliner la tête et classer l’affaire. 

Mais l’accusation connaissait aussi une étude de 2015 qui découvrit que seuls 0,4% des Juifs israéliens sont capables de comprendre un texte complexe en arabe.

Pour ses propres raisons, l’accusation ne classa pas l’affaire.

                            Au contraire 

                         sa détermination

                       à préparer le casting

                     du théâtre de l’absurde 

                       ne fit qu’augmenter. 

                                     •

9 août 2017, Yehouda Senhav, pour Haaretz 

AURDIP et reprise UJFP. 

                                       •

Notes E’M.C. 

(1) «shahids», racine trilitère du mot ش - ه- د, pluriel fautif au niveau de la «s» finale, le pluriel étant: chouhada - nous n’abordons pas ici la polysémie bloquée, et l’étymologie noyée du mot Chahid - le Témoin.

                                     •

Choix, découpages, notes et notes réservées, E’M.C.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.