Agrandissement : Illustration 1
La question politique commence à être sérieusement posée à partir du printemps 1947, (1)
quand le dossier palestinien repasse à l'ONU.
Et la situation se révèle bien plus problématique pour les Français.
La raison en est simple :
depuis le début du XX ème siècle, la France est une "puissance musulmane". (2)
La population de l'empire est composée de millions de Musulmans,
en particulier en Afrique du Nord. (3)
Or, depuis les années 1930, les Arabes d'Afrique du Nord commencent à se désolidariser avec leurs frères de Palestine. (3)
Le gouvernement français de l'époque ne souhaite donc pas provoquer un nouveau mouvement de mécontentement au Maghreb. (4)
Il en résulte un certain attentisme de la politique française lors des négociations à l'ONU. (5)
Les consignes officielles qui ont été données consistent à chercher des compromis que tout le monde de accepterait :
que les Arabes et les Juifs s'entendent, et on approuvera. (6)
Il s'agit-là du strict minimum...
TRAME D'ENJEU POLITIQUE
Mais ce type de compromis ayant peu de chance d'aboutir, on s'abstiendra durant le vote.
Il est également important de mettre en lumière les caractères propres des acteurs français.
UN "JUSTE" À LA PARODIE
Par exemple, le représentant français à l'ONU n'est autre qu'Alexandre Parodi, grand résistant, grand juriste.
En sous-commission, il tente de faire passer un sous-amendement susceptible de faire échouer le plan de partage.
Celui-ci demande le renvoi devant la cour internationale de Justice de la question de la compétence de l'ONU,
et plus précisément sur le fait de partager la Palestine
contre le souhait de la majorité de ses habitants.
REJET
Cet amendement ne sera rejeté que de 22 voix contre 20 en sous-commission.
Ce qui signifie que la France a eu le pouvoir, voire le moyen, à ce moment précis, de bloquer le plan de partage.
LE MÉPARTAGE
En revanche, lors du vote en Assemblée plénière à majorité des deux tiers, la voix de la France va compter, certes,
maais pour que le mouvement sioniste arrive aux deux tiers.
C'est à cette étape qu'à lieu en l'espace de 48 heures un revirement qui a mené la France d'une déclaration d'abstention à un vote favorable au plan de partage.
Plusieurs explications peuvent être avancées, qui ne sont pas contradictoires du reste
LA VALSE DES ARGUTIES
La première est que les Français partent du principe suivant :
le plan passera,
il vaut donc mieux être du côté des favorables,
mais dans le sens : il est tout à fait possible que ça ne passe pas
et dans ce cas, il ne faut pas porter la responsabilité de l'échec.
Autrement dit, on est prêt à s'abstenir à condition que ça passe.
La seconde raison, tient à l'activité d'un certain nombre d'hommes politiques français durant les derniers jours de septembre 1947 afin de modifier la position politique.
BLUM ET CONSORTS
Léon Blum mais aussi Jules Moch ou René Mayer,
hommes politiques d'origine israélite,
ont milité de manière extrêmement vigoureuse dans les êtres dirigeants français pour un vote positif.
Enfin, et ceci est la troisième raison, il y a eu des pressions américaines fortes, ne provenant pas du département d'État,
ce dernier étant contre le plan de partage,
mais de la Maison-Blanche.
FIN DE PARTIE
Dans ces conditions, la France a voté pour le plan de partage.
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Les années 1947-48 Le plan de partage, La Palestine et la France de 1917 à nos jours, Compte-rendu de la conférence. Henry Laurens, 9 février 2006, de Paris
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Notes, E'M.C.
(1) La question [occultée] pour la France se pose dès la manifestion et ce qu'on s'obstine à décrire comme "évènements" du 8 mai 1945.
(2) une "puissance [coloniale] musulmane" donnant l'impression d'être mal empesée de "ses" indigènes à laquelle elle n'a jamais songé à garantir par une loi gratifiante, émancipatrice, telle que le décret crémieux, par exemple, créant ainsi un tortueux aparheid d'État de sous-indigènes par rapport aux israélites, en minorité comptable,
comme ce serait le cas actuellement (par rapport à leurs compatriotes dits Musulmans), ce qui, nonobstant, fait de la France l'Etat européen qui compte le plus de Musulmans [chiffre qu'on tient stratégiquement tu, alimentant ainsi les pires âneries et fantasmes politiciens],
mais aussi celui qui compte la plus importante communauté juive d'Europe
(3) Comment les "Arabes" d'AOF commencent-ils à se désolidariser de Palestine" à cette période précisément ?
(4) "mécontentement" indissociable de la militante duplicité d'État à son application de lois à leur endroit.
(5) "attentisme" plutôt prudence machiavélique; bien avant 1947, la messe est déjà dite pour les Palestiniens.
(6) C'est le coup (d'État) préférentiel de Créon à Étéocle "le glorieux" [troglodyte de l'État], au grand dam de Polynice, que l'étymologie livre comme "le querelleur" multiple insoumis, "l'inintégrable" en somme; interdit de sépulture, de mémoire, exclu du commémoratif, et d'Antigone, éternelle Démocratie murée, par-devers le clinquant d'accroche. Malédiction de la sinistre raison d'État.
Choix, découpage, intertitres, notes, E'M.C.