HIC DU "NOUVEAU JUIF"
IL est bien facile de concrétiser aujourd'hui sa volonté d'être identifié en tant que juif. Le problème des "nouveaux juifs" se situé malgré tout dabs l'absence d'expression culturelle spécifique et de signe extérieur d'identité juive laïque.
C'est pourquoi aux États-Unis mais aussi ailleurs des athées se rendent de temps à autre à la synagogue, font circoncire leur fils (cet acte cultuel "réduirait"les risques de contamination par le sida, si l'on en croit Abraham, notre père), ett leur organusent une somptueuse cérémonie de bar-mitsva, où il n'est pas sûr que la nourriture soit cachère, en attendant de les faire marier par un rabbin, de préférence réformateur, s'il y en a un dans les environs.
Voilà donc comment un juif manifeste son appartenance à l'ethnos ancien, sans efforts particuliers.
PRATIQUES PRATIQUES
Ces pratiques pseudo-religieuses, puisqu'il ne s'agit pas de gens sérieusement croyants, ne portent pas vraiment à conséquence : aspirer à un cadre identitaire intimiste où l'on vient chercher un soulagement est pleinement respectable.
À une époque où l'État-nation est de moins en moins à même de donner un sens à ses grands collectifs, lorsque la réserve d'ennemis nationaux est épuisée et que les grandes utopies politiques et sociales sont à l'agonie, trouver une communauté mi-religieuse mi-tribale embellit le quotidien.
ASEPSIE D'IDENTITÉ
On pourrait considérer avec bienveillance le fait que pour préserver leur identité juive des parents choisissent de faire circoncire leurs nourrissons, Bien que cette ablation de l' "impureté" soit irrationnelle (...)
RACISME ORDINAIRE
Cependant, si au nom du maintien d'une identité juive fantasmée des parents laïcs empêchent leurs enfants d'aimer un partenaire perçu comme non-juif, dans la crainte qu'il l'épouse, il s'agit là d'un acte de racisme ordinaire.
"JUIFS ETHNIQUES"
Les "juifs ethniques"peuvent se faire du souci : plus de 50% des descendants judéo-américains et autant en Europe se marient avec des non-juifs.
FOLIE DE FREIN
Les institutions communautaires, avec l'aide de l'agence juive, s'emploient au maximum, sans aucune honte, à freiner cette tendance.
Elles savent bien qu'en l'absence de judéophobie c'est le besoin d'amour et d'une vie de couple libérée des liens de la tradition qui détruit, lentement mais sûrement, le "peuple juif".
L'OS DE GOLDA
Déjà, au début des années 1970, Golda Meir, Premier ministre d'Israël, n'avait-elle pas déclaré que qui se mariait avec un non-juif s'ajoutait aux six millions !
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L'instauration d'un rituel autour de la Shoah permet aussi de conserver à tout prix une identité juive séparée et exclusive.
Qui objecterait au souvenir de l'horreur européenne ?
Bien au contraire : son oubli dans le monde occidental ajouterait le péché au crime.
DIKTAT DU TRAUMA
Mais quand les sionistes et leurs supporters transforment le souvenir de la destruction en une religion laïque, avec ses pèlerinages sur les bûchers reconstitués de l'extermination, et instillent une paranoïa dans les consciences de la génération "juive" de demain, force est de s'interroger:
une identité construite en rappelant constamment le traumatisme du passé aboutit généralement à des troubles dangereux pour ceux qui en sont porteurs Et pour ceux qui vivent à leurs côtés.
ANXIOGÉNISME
Alors même qu'Israël est la seule puissance atomique du Moyen-Orient, il entretient l'effroi chez ses partisans dans le monde, en pointant sur l'horizon du futur le spectre d'une nouvelle Shoah.
SOUS JOUG D'INCONDITIONNALITÉ
Il y a là l'ingrédient de catastrophes futures.
Disons-le :
l'identité juive laïque se maintient surtout, en perpétuant ses rapports avec Israël et en le soutenant inconditionnellement.
Si jusqu'à la guerre de juin 1967, Israël a occupé une place relativement secondaire dans la sensibilité des descendants juifs en Occident, Depuis cette date en revanche le petit État qui venait de faire étalage de sa grande force, et était même apparu comme une petite puissance, est devenu source de fierté pour bon nombre d'entre eux.
Tout pouvoir attire vers lui une masse d'adeptes et se constitue plus ou moins en foyer d'adulation et de culte.
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Le sionisme a modifié son objectif et s'est offert une deuxième jeunesse.
FONDS SANS FOND
Maintenant, et plus que jamais, il est demandé à ceux qui aspirent à s'identifier à la semence d'Abraham de récolter des fonds au profit du pays des juifs en pleine expansion territoriale, et surtout de faire jouer tous leurs réseaux susceptibles d'influer sur la politique extérieure et sur l'opinion publique de leur pays.
Ce dernier objectif a enregistré des résultats remarquables.
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À une époque où le communautarisme bénéficie d'une légitimité croissante, à l'ère de la révérence donnée à la civilisation "judéo-chrétienne" qui a son tour consacre le "choc des civilisations", on peut arborer sa fierté d'être juif et de se trouver aux côtés des puissants qui dominent l'histoire.
MINORITÉ PROTESTATAIRE
Il existe, certes de façon minoritaire, des personnes qui se définissent comme "juifs laïcs" et qui, isolément ou en groupe, tentent de s'organiser pour protester contre la politique israélienne de ségrégation et d'occupation.
APPRÉHENSION
Ils craignent à juste titre que se renouvelle une judéophobie aveugle et stupide qui englobe tous les descendants juifs dans un peuple-race particulier et, plus grave encore, les confond avec les sionistes.
(...)
Une sensibilité spécifique, louable, peut s'exprimer parmi ces descendants juifs anti-sionistes, mais si, sans avoir vécu en Israël, sans connaître sa langue et sans avoir éprouvé sa culture, ils se donnent un droit particulier, distinct de celui des non-juifs, à réprouver Israël, comment reprocher aux pro-sionistes bruyants de s'octroyer le privilège d'intervenir activement dans la fixation de l'avenir et du destin d'Israël ?
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Comment j'ai cessé d'être juif, Shlomo Sand, Flammarion 2013, 2015.
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Choix, découpage, intertitres, E'M.C.