CHARLES DE GAULLE
Durant toute sa carrière, il n'a jamais été favorable aux Arabes.
Si l'on reprenait l'ensemble de ses textes écrits,
qu'il considérait comme seuls valables,
on peut retenir quelques belles déclarations arabophobes
faites à ses confidents et étalées sur plusieurs décennies.
L'ARABOCLASTE
Il n'avait donc a priori pas une opinion très favorable aux Arabes
tout en étant extrêmement soucieux de restaurer l'influence française dans cette région du monde.
De Gaulle avait une haute opinion des Israéliens
mais il s'est montré très lucide de la façon dont l'État israélien s'était constitué.
11/1967
Dans le fameux texte de novembre 1967,
Il parle de "circonstances assez douteuses".
Tout d'abord, il connaît la région, pour s'y être rendu dans les années 1930 comme officier puis durant la Seconde Guerre mondiale où il a séjourné au Liban, en Syrie, en Égypte et en Palestine.
LA GEÔLE-ALGÉRIE
Toujours est-il que de Gaulle demeure prisonnier de la guerre d'Algérie jusqu'en 1962.
La présence française se réduit alors à une ambassade à Beyrouth,
un consulat général à Jérusalem
et une ambassade à Tel Aviv
dans mesure où le reste de la région a désormais rompu les relations diplomatiques avec la France,
suite à la crise de Suez.
LA "POLITIQUE ARABE"
On arrive ici à ce qu'on a coutume d'appeler la "politique arabe" du général du Gaulle, chose finalement assez peu claire.
Il apparaît clairement que de Gaulle a développé une vision une vision de retour de l'influence française dans cette région du monde.
Par ailleurs, son agacement envers Israël a trait à des histoires complexes,
héritées de la guerre d'Algérie.
OAS'ISRAËL
Il a notamment très peu apprécié le fait que beaucoup des militaires français
ayant travaillé avec Israël
on ensuite rejoint l'OAS
et que les services secrets israéliens leur ont fourni quelques petites aides ponctuelles.
Rappelons qu'à cette époque s'opère également un changement de politique en Israël.
AU PRORATA DES PRO
En effet, l'équipe Ben Gourion, le vieux, avec Perès le jeune et Moshé Dayan,
se montre assez pro-française dans la mesure où elle insiste pour le maintien des relations militaires avec la France.
GOURMANDE DHIMMITUDE
Tandis que l'autre groupe, représenté par Levi Eshkol ou Yitzhak Rabin chez les militaires, souhaite
absolument
se débarrasser de l'alliance française
pour se tourner vers la seule qui doit valable,
celle des Etats-Unis.
En 1965, Ben Gourion perd le contrôle du gouvernement au profit d'Eshkol;
Dayan et Pérès passent dans l'opposition;
Rabie devient chef d'état-major de l'armée israélienne.
À MEILLEURE ÉTOILE, SHERIF !
Ce sont donc les pro-américains qui sont désormais au contrôle en Israël.
Il en découle un certain retrait des Français par rapport au gouvernement israélien.
La politique de Charles de Gaulle est en partie liée à un diagnostic qui s'inscrit dans le contexte de l'époque :
nous sommes en pleine guerre du Vietnam.
De façon assez curieuse, et cela suscite encore des interrogation aujourd'hui,
de Gaulle est absolument convaincu que la troisième guerre mondiale risque d'éclater au Proche-Orient
et que le conflit israélo-arabe risque de déboucher sur une confrontation directe entre l'Union soviétique et les États-Unis au Moyen-Orient.
Et c'est une chose qu'il rejette catégoriquement.
En lisant attentivement les déclarations de 1967,
on perçoit cette obsession des risques d'une troisième Guerre mondiale
trouvant ses origines dans le conflit israélo-arabe.
DIAGNOSTIC EXACT
Ceci est d'autant plus surprenant que de Gaulle est le seul à faire ce diagnostic. (1)
Et c'est en partie ce qui explique sa politique
en mai-juin 1967,
quand il adjure aux Israéliens de ne pas déclencher la guerre,
non pas tant pour le bénéfice des Arabes, (2)
mais par crainte d'une aggravation telle que les deux superpuissances montent au créneau dans la région.
En revanche Charles de Gaulle est aussi un homme du XIXe siècle.
Depuis 1945, il est obsédé par le retour de l'influence française dans la région,
par le rétablissement de ce qu'on aurait appelé au XIXe siècle, "le concert des puissances",
à savoir les quatre "grands"
France, Angleterre, États-Unis, Union soviétique gérant collectivement les affaires de la région.
Pour l'anecdote, il se murmure que le Président Johnson aurait alors dit:
Quatre grands ? mais il y en a que deux à ma conscience !"
En revanche quand Richard Nixon revient au pouvoir
en janvier 1969,
il acceptera la demande française.
Les deux hommes se portent en effet une amitié réciproque, Nixon ayant été reçu très honorablement à l'Élysée par de Gaulle lors de la traversée du désert consécutive à sa défaite aux élections de 1960 face à Kennedy.
Ce sont ceux appellera
LE QUATOR DES JULES
"les négociations quadripartites de New York"
ayant pour but de trouver une solution au conflit israélo-arabe.
Notons pour la petite histoire que c'est Georges Bush père qui représente les États-Unis lors de ces négociations qui n'aboutiront à rien
mais qui durent jusqu'en 1973.
Par la suite, le durcissement de la politique de Charles de Gaulle
est lié à la question du Liban,
ce qui explique d'ailleurs le raid israélien sur l'aéroport de Beyrouth
et qui marque le début du véritable embargo
(alors qu'auparavant on ne vendait certes plus d'armes mais on livrait des pièces détachées.)
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Charles de Gaulle, La Palestine et la France de 1917 à nos jours, Compte-rendu de la conférence 9 février à Paris, Henry Laurens.
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Notes :
(1) La création d'Israël en Palestine "porte-avion européen" comme État hors norme, ouvertement mytho-colonial, dévastateur de voisinage, est, d'emblée, force nucléaire démultipliée, déjà à partir de ce qu'on rabâche comme "crise de Suez" est un état de belligérance permanent, une troisième guerre mondiale, agencée selon un agenda d'hégémonie régionale soumis au typhon d'influences du quator des quatre Jules.
Le déni de cette réalité, comme tout déni martial, n'est pas qu'un déni, mais une voie de fait ouverte, une fichue suite dans les idées, diraient les porte-maroquins rebelotant.
(2) On ne le sait que trop, OAS, Pieds Bitte et ultras en soupent (à) froid à gorge chaude.
Choix, découpage, notes, chapō, E'M.C.