RÉCIT ISRAÉLIEN
La naissance du mouvement sioniste
Le sionisme*, mouvement national juif, est né au XIXième siècle.
À cette époque-là, les idées de progrès de la Haskalah* (les Lumières) s'étaient imposées aux communautés juives d'Europe.
C'est ainsi que prit forme une conscience nationale juive.
La naissance du mouvement sioniste est liée à plusieurs facteurs.
Le premier d'entre eux est la montée de l'antisémitisme* moderne, un phénomène complexe et aux racines profondes : une des composantes en est la haine religieuse traditionnelle, à laquelle s'ajoute le racisme "scientifique" qui définit les Juifs comme une race inférieure et nocive.
Deuxième facteur : la déception des Juifs occidentaux devant l'émancipation* censée instaurer l'égalité des droits entre Juifs et Chrétiens devant la loi.
Dans de nombreux cas, les Juifs découvrirent que cette égalité était purement formelle et que la discrimination à leur égard persistait.
Troisième facteur : les nouveaux mouvements nationaux européens, comme ceux d'Italie ou d'Allemagne, suscitèrent chez les Juifs des aspirations semblables.
Et pour finir, la nostalgie de Sion, partie intégrante de l'identité religieuse et nationale juive tout au long de son histoire.
Cette nostalgie reposait sur la promesse d'une biblique selon laquelle la terre d'Israël avait été donnée par le Dieu d'Israël au peuple juif, et sur le souvenir des périodes historiques où celui-ci y avait vécu en toute indépendance politique.
L'hymne national composé à cette époque-là, reflète bien ce sentiment :
Aussi longtemps qu'en nos cœurs,
Vibrera l'âme juive,
Et tournée vers l'Orient,
Aspirera à Sion,
Notre espoir n'est pas vain,
Espérance bimillénaire,
D'être un peuple libre sur notre terre,
Le pays de Sion et Jérusalem.
Né dans les grandes agglomérations juives d'Europe, le mouvement sioniste se fixa comme objectif le retour sur sa terre pour en finir avec son statut marginal parmi les autres peuples.
Au tout début, on assista à la création spontanée d'associations locales ("Les amants de Sion"), puis à celle d'un mouvement politique organisé et institutionne fondé par le "père du mouvement sioniste", Théodore Herzl*.
En 1882, une première petite vague d'immigration vers la terre d'Israël inaugura une série de mouvements migratoires appelés aliyot* (montées).
Leur but n'était pas, comme autrefois, l'accomplissement d'un "commandement religieux" en Terre sainte, mais la création d'une nouvelle identité : celle du paysan qui travaille la terre et aspire à fonder une entité politique juive.
En 1887, le premier congrès sioniste se réunit à Bâle, où furent définis les objectifs du mouvement dans un document appelé "le programme de Bâle" :
" Le sionisme cherche à créer un foyer pour le peuple juif en yerre d'Israël, qui soit garanti par le droit public."
Dès lors, le mouvement opéra sur deux plans :
le premier, appelé "sionisme pratique", se concentra sur l'organisation de l'immigration, l'acquisition de terres et l'installation des Juifs en terre d'Israël.
Au cours des deux premières vagues d'immigration qui durèrent jusqu'en 1914, la terre d'Israël accueille 100 000 personnes (dont une grande partie quitta le pays par la suite.
Elles créèrent des dizaines de colonies agricoles et, dans le même temps, étendirent considérablement les agglomérations juives.
Le second plan, appelé "sionisme politique", se distingue par une activité diplomatique en vue d'obtenir le soutien des grandes puissances, et une charte permettant une immigration plus importante.
Après la mort de Herzl, Haïm Weizmann*, la personnalité la plus marquante du mouvement sioniste, entreprend de combiner ces deux plans.
LA DÉCLARATION BALFOUR
La toute dernière manifestation de soutien est la lettre du ministre britannique des Affaires étrangères, lord Arthur James Balfour, à lord Lionel Walter Rothschild, une des grandes figures du judaïsme anglais.
Cette lettre qui porte le nom de "déclaration Balfour", fut rendue publique le 2 novembre 1917.
Elle exprime le soutien du gouvernement britannique à la création d'un foyer national juif en terre d'Israël.
Cher Lord Rothshild,
J'ai le plaisir de vous adresser, au nom du gouvernement de Sa Majesté, la déclaration ci-dessous de sympathie à l'adresse des aspirations sionistes, déclaration soumise au cabinet et approuvée par lui :
" Le gouvernement de Sa Majesté envisage favorablement l'établissement en Palestine d'un foyer national pour le peuple juif, et emploiera tous ses efforts pour faciliter la réalisation de cet objectif, étant clairement entendu que rien ne sera fait qui puisse porter atteinte ni aux droits civils et religieux des collectivités non juives existant en Palestine, ni aux droits et au statut politique dont les juifs jouissent dans tout autre pays.
Je vous serais reconnaissant de bien vouloir porter cette déclaration à la connaissance de la fédération sioniste."
Arthur James Balfour
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Sionisme : mouvement national du peuple juif. Il est né en Europe de l'Est et en Europe centrale.
Aspiration à ramener le peuple d'Israël sur sa terre et à y fonder une société et un pays juif.
Ces aspirations se sont accomplies dans la construction d'un "Etat en marche", pendant les années 1920, 1930 et 1940, et ont abouti à la création de l'Etat d'Israël en 1948.
Haskalah, ou mouvement des Lumières, courant intellectuel encourageant à juger chaque chose selon la raison et non selon la tradition.
Antisémitisme moderne : haine des juifs qui s'est manifestée à la suite de l'industrialisation de l'Europe.
Aliyot, pluriel de Aliyah, l'expression a une coloration mystique : l'immigration en Israël est la montée d'un lieu nas vers un lieu haut. Ce mouvement d'immigration a continué après la création de l'Etat et se poursuit encore de nos jours.
Aliyah, voir Lettres à Milena (Jesenská) de Franz Kafka déprimé songeant à une Aliya.
( Milena Jesenská de Prague, traductrice des premières nouvelles de Kafka; déportée, elle N meurt à Ravens rück le 17 mai 1944.)
Foyer ( Yishouw ), c'est ainsi que se désignaient eux-mêmes les Juifs sionistes.
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In, Histoire de l'autre, Liana lévi, 2004.
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Choix, découpage, notes, E'M.C.