Le martyr m'assiège tous les jours de ma vie.
Il me demande : Où étais-tu ?
Rends aux dictionnaires tous les mots
Que tu m'avais offerts,
Et pour les dormeurs, réduis le grondement de l'écho !
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Le martyr m'explique :
Derrière l'horizon je n'ai pas cherché
Les vierges de l'éternité car j'aime la vie
Sur terre, entre les pins et les figuiers.
N'ayant pu l'atteindre,
Je l'ai cherchée dans la dernière chose que je possédais :
Le sang dans le corps de l'azur.
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Le martyr m'enseigne :
Pas de Beau à l'extérieur de ma liberté.
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Le martyr me met en garde :
Ne crois pas leurs youyous,
Crois mon père qui regarde en larmes ma photographie :
Comment as-tu substitué nos rôles, mon fils,
Et marché devant moi,
C'était mon tour,
C'était mon tour !
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Le martyr m'assiège :
Je n'ai fait que changer ma résidence,
J'ai posé une gazelle sur mon lit
Et un croissant sur mon doigt
Pour alléger ma douleur.
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Le martyr m'assiège :
Ne suis le cortège funèbre
Que si tu m'as connu.
Je ne demande la complaisance de personne.
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État de siège, Mahmud Darwich
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Choix, découpage et étais poétiques,
Vivre Anthologie, E'M.C.