RÉCIT ISRAÉLIEN
ÉMEUTES DE 1920-1921
Les premiers conflits nationaux entre Juifs et Arabes en terre d'Israël éclatèrent en 1920 dans deux foyers d'émeutes : Tel-Haï et Jérusalem.
Tel-Haï était une colonie isolée à l'extrême nord de la Galilée, près de Metulla.
Elle avait été fondée en 1918 par des membres de l'Has'aimer (le Gardien), une organisation qui avait pour but d'assurer la sécurité et le travail dans les colonies juives ayant appartenu aux Arabes.
MYTHE FONDATEUR
Le récit des évènements qui se sont déroulés à Tal-Haï fait partie du mythe fondateur sioniste.
En janvier 1920, Yosef Trempeldor arriva avec un groupe de "gardiens" pour la défense de ce point isolé, les terres sous autorité française et d'autres sous autorité britannique.
TREMPELDOR
Trumpeldor était de son vivant un personnage légendaire parmi les colons juifs.
Ancien élève d'une yeshiva (école religieuse) orthodoxe, il avait été enrôlé dans l'armée du tsar.
Son courage et sa bravoure pendant la guerre russo-japonaise lui avaient valu le grade d'officier, et il était le premuier Juif à jouir d'une telle distinction dans l'armée du tsar.
Qu'il ait perdu le bras gauche pendant cette guerre contribuait à alimenter la légende.
Trumpeldor faisait partie des fondateurs des Brigades de défense et de travail, c'était aussi un idéologue et un dirigeant sioniste-socialiste.
Complètement isolée en Haute-Galilée, Tel-Haï était la cible répétées, et les dirigeants du Foyer juif * hésitaient entre abandonner la colonie ou la défendre.
Le mouvement travailliste était partisan de défendre l'endroit à tout prix, parce que la future frontière de l'Etat Juif serait établie selon la carte des colonies juives.
Dans ce sens, un membre du mouvement ouvrier, Aharonovitch, avait déclaré : "Si nous avons des forces plus puissantes que nous, il nous faudra quitter Metulla aujourd'hui, Tibériade demain, et plus tard d'autres endroit encore."
Le 1 mars, des Arabes des environs demandèrent à entrer sur l'esplanade de Tel-Haï pour voir si des Français armés ne s'y cachaient pas.
Ceux qui gardaient Tel-Haï les laissèrent entrer mais, pour une raison inconnue, une fusillade éclata et ce fut le debut des affrontements.
À l'issue du combat, une partie des gardes mourut, et parmi eux Trumpeldor qui expira pendant l'évacuation des lieux.
Le médecin qui l'avait soigné déclara plus tard que ses deniers mots avaient été : "Qu'il est bon de mourir pour notre terre."
Qu'elle eût été prononcée ou non, cette phrase servit de devise et de cri de ralliement au Foyer juif pendant les cinquante premières années de son existence.
La statue du lion rugissant érigée à Tel-Haï est un lieu de pèlerinage pour la jeunesse, et le onzième jour du mois de Adar, au printemps, les enfandes écoles participent à des cérémonies commémoratives.
Un mois après les événements de Tel-Haï, d'autres affrontements éclatèrent à Jérusalem.
Des Arabes qui célébraient grand nombre les festivités de Nabi Moussa (Prophète Moïse) furent manipulés par de fausses rumeurs selon lesquelles les Juifs allaient s'emparer des lieux saints musulmans à Jérusalem.
La foule attaqua les Juifs dans le quartier Juif de la Vieille Ville, puis se répandit dans les environs, à l'extérieur des murailles, où habitaient également des Juifs.
Les émeutes gagnèrent aussi le nord du pays.
(...)
LA HAGANAH
Ces évènements entraînèrent la création d'une organistation de défense du Foyer juif, appelée Haganah*.
Sa naissance est liée au nombre élevé de morts pendant les émeutes, au sentiment d'impuissance du Foyer juif, à l'immobilisme de la police britannique et à son indulgence envers les émeutiers.
VENUE DE W. CHURCHILL
Après les émeutes de 1920, le Britannique Winston Churchill, qui était ministre des Colonies, arriva pour enquêter sur les évènements.
Mais sa visite n'empêcha pas la reprise des émeutes en mai 1921.
(...)
LE LIVRE BLANC
À la suite de ces événements, Churchill publia un document qui énonçait les positions britanniques concernant la Palestine : c'est le Livre blanc de Churchill, ou Premier Livre blanc (1922).
Le gouvernement britannique y réitérait ses engagements consignés dans la déclaration Balfour, et reconnaissait les droits du peuple d'Israël sur la terre d'Israël.
Mais, dans le même temps, il posait des limites à deux prpresses faites aux Juifs :
premièrement, la réduction de la surface promise au foyer national, car il fut décidé que l'Est du Jourdain serait occupé par une entité nationale séparée [ la Transjordanie, aujourd'hui Jordanie];
deuxièmement, la limitation du nombre de Juifs autorisés à immigrer, en établissant pour la première fois un quota soumis à la capacité d'accueil et d'intégration dans le pays.
Quelques personnalités du mouvement sioniste virent dans ce document le début d'un processus de désengagement britannique.
Celui-ci devait culminer avec la publication du Troisième Livre blanc (1939), à la veille de la seconde guerre mondiale.
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Haganah, organisation créée en 1920, destinée à protéger le Foyer juif en terre d'Israël.
Elle achetait des armes à l'étranger et en fabriquait même dans des ateliers sur place.
La Haganah qui ne fit que croître au fil des ans, réunissait une vingtaine de milliers de membres.
Foyer (Yishow), c'est ainsi que se désignaient eux-mêmes les Juifs sionistes.
In, Histoire de l'autre, Lidia Levy, 2004.
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Choix, découpages, intertitres, E'M.C.