AU QUILLIER DE GAZA
Depuis six mois, des manifestations hebdomadaires à Gaza font des milliers de blessés, la plupart touchés aux jambes.
S’agit-il d’une stratégique délibérée de l’armée israélienne ?
À Tél Aviv, «Envoyé spécial» a posé la question à Nadav Weiman, un ancien soldat qui s’élève aujourd’hui contre ces méthodes.
«Nous, nous ne tirions pas sur des manifestants non armés, (1)
explique cet ancien spécialiste en élimination de l’armée israélienne,
ce n’était pas autorisé.
Mais ces dernières semaines, ces derniers mois, l’armee a tiré sur des dizaines, des centaines de Palestiniens non armés, et certains ont été tués. »
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Depuis six mois, selon Médecins sans frontières,
5000 Palestiniens auraient (2) été blessés par les balles de soldats israéliens lors des «marches du retour», ces manifestations hebdomadaires dans la bande de Gaza.
La plupart ont été touchés aux jambes.
S’agit-il d’une stratégie délibérée ? (3)
L’armée réfute tout abus.
Mais en Israël, des voix s’élèvent contre ses méthodes.
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À Tel Aviv, «Envoyé spécial» a posé la question à Nadav Weiman, qui représente une organisation de 1200 anciens soldats.
• Des snipers postés à 60 ou 70 mètres
Le journaliste d’ «Envoyé spécial» lui montre des images tournées près des barbelés posés devant la grille qui sépare Israël de Gaza.
On y voit un homme visiblement désarmé s’affaisser au sol, touché par une balle dans la jambe.
« Depuis la butte,
la ligne de tir est bien dégagée,
commente-t-il.
Un sniper, ça tire à 200, 300, 400, 500 mètres.
Là, il tire à 60 ou 70 mètres.
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Ça veut dire que dans sa lunette,
il peut choisir de tirer sur le genou,
la cheville,
le tibia...
Il est tellement proche
qu’il peut tirer ou il veut.
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Ça veut dire aussi
qu’il voit
clairement
que cet homme n’a pas d’arme,
que c’est juste un manifestant.»
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• «Le meneur de la manifestation,
on peut lui tirer dessus, dans la jambe.
Mais l’ancien soldat va plus loin.
«Dans nos règles d’engagement, il est dit que le meneur de la manifestation, on peut tirer dessus - dans la jambe.
(...) Personne ne remet ça en cause, ce sont les instructions de l’armée.»
Les soldats israéliens seraient formés pour tirer sur le leader d’une manifestation,
même s’il ne porte pas d’arme?
« Oui »
affirme Nadav Weiman.
Les gens qui manifestent côté Gaza, ne sont pas une menace. poursuit-il.
Vous pourriez les éloigner avec des balles en caoutchouc, plus de gaz lacrymogène...
Les forces israéliennes auraient bien d’autres possibilités.»
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Extrait de « Gaza, une jeunesse blessée»,
voir dans «Envoyé spécial» 11 octobre 2018
Post de Charles Enderlin vendredi 19 octobre 2018 (Linkedin)
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Notes:
(1) Voir, entre autres, l’exemple emblématique du sniper israélien qui a assassiné l’enfant Mohammed ad-Doura, alors qu’il était agrippé - à terre- au dos de son père qui le protégeait désespérément
(2) Le conditionnel aux puissants du moment est assez surprenant - cas du narrateur - désarmé - qui lui-même se protégerait du sniper-s erratique-s du puissant pourtant mis en cause, de lui-même, de son propre forfait d’armes récurrent -
(3) « ... la plupart touchés aux jambes » Depuis des semaines - abatteurs hebdomadaires, & même précédemment, la minutieuse itération de cet estropiage - interdit de (se) poser cette question - de s’en adverber, à moins d’une goguenardise de l’ «Envoyé... »
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Choix, découpage, notes et notes réservées, titre intérieur, chapô E’M.C.