L'APPÂT DES PRESSIONS
"Nous n'avons aucune influence économique.
Nous n'avons pas de groupe de pression.
Nous n'avons pas assez de pouvoir pour changer les choses.
Car, si nous en avions, cela fait longtemps que le gouvernement aurait changé les choses.
AU TAIN DU FACTUEL
La seule chose que nous pouvons faire, c'est de montrer à d'autres pays démocratiques ce qui se passe ici,
de sorte qu'ils puissent faire pression sur l'État d'Israël", explique Bimro.
Il mentionne spécifiquement les Afro-américains comme des alliés potentiels qui, espère-t-il, vont embrasser leur cause.
"Les communautés noires devraient utiliser leur pouvoir pour exercer des pressions sur le gouvernement israélien afin qu'il modifie ses façons de faire et qu'il traite les Éthiopiens comme des citoyens égaux", ajoute-t-il.
Les Juifs américains devraient également s'exprimer et accroître la portée de la voix des Israéliens éthiopiens, déclare Tzaghon, et pas se contenter de contributions financières à des ONG qui prétendent aider la communauté.
"Cessez de nous faire des donations !
Nous n'avons pas besoin de dons !
Nous avons besoin de possibilités égalitaires !
"Si vous les Juifs, bien intentionnés, voulez réellement aider les immigrés éthiopiens,
ne nous aidez pas avec de l'argent,
mais aidez-nous dans nos luttes.
Dites au gouvernement israélien que vous avez appris que notre communauté souffrait de racisme.
Posez-lui des questions", dit-il.
Si le message des refuzniks fait son chemin jusque dans ces confins, Il pourrait toucher un public réceptif parmi les Juifs américains.
Ce fut en grande partie grâce à l'intervention des militants américains juifs que, finalement, le gouvernement israélien accepta de permettre aux Juifs éthiopiens d'entrer en Israël, au milieu des années 1980, après avoir expulsé pendant des décennies ceux qui s'étaient arrangés pour y venir par leurs propres moyens.
"Je souhaiterais seulement pouvoir m'intéresser à la politique"
BLACK-OUT DES MÉDIAS
Mais les efforts des Israéliens éthiopiens pour recruter alliés Juifs américains sont contrecarrés par un black-out des médias traditionnels.
Quant au contenu du présent article, seuls deux brefs articles en langue anglaise ont été publiés sur la grève :
l'un sur un site d'information israélien
et un autre dans Newsweek,
qui citait d'ailleurs le même site israélien.
Les médias américains ont hésité à publier des articles sur
le racisme israélien envers les autres communautés de couleur,
comme les israélites hébreux africains
et les réfugiés africains.
RISQUE DE CONTR'AIDE
Requérir l'aide des Afro-américains politiquement alignés pourrait s'avérer plus problématique.
AU TU DU SIONISME NOIR
Alors que les sionistes américains noirs évitent de mentionner les protestations éthiopiennes afin de protéger Israël des critiques,
les militants radicaux noirs des États-Unis
ont renforcé leurs liens avec les Palestiniens
et ont de plus en plus adopté une position disant qu'Israël assume la part du lion dans la responsabilité de ce conflit.
JANUS'AIDE
Certains d'entre eux pourraient accuser les Israéliens éthiopiens de complicité dans une guerre sioniste de somme zéro pour la Terre sainte et les forcer explicitement à exprimer leur désaccord avec la dépossession en cours du peuple palestinien en guise de condition à un soutien vocal dans leur lutte contre le racisme étatique.
AU FEU DU JOUR
Pour l'instant, Tzaghon préfère se concentrer très sur la campagne de la communauté, tout en évitant le champ de bataille le plus miné du Moyen-Orient.
"Je souhaiterais seulement pouvoir m'intéresser à la politique !
Si je m'intéressais à la politique et au conflit israélo-palestinien, cela voudrait dire que ma propre situation en Israël serait assez bonne pour que je sois en mesure de la faire."
"Mais ma situation n'est pas assez bonne pour cela.
Je suis toujours empêtré dans ma propre niche, Je n'en suis pas encore là", explique Tzaghon.
VARAPPER AU SURVIVRE
"Voici ce que j'en pense :
Demain matin en chemin pour aller prendre ma voiture, est-ce qu'un flic ne va pas me taper sur la tête ?
Ma vie est une affaire de survie, jour après jour.
Le jour où nous nous mettrons à traiter d'autres questions, cela signifie que notre situation se sera améliorée", dit-il.
BIMRO BAMBI À "SON" BOIS
Bimro dit qu'il a toujours de la sympathie pour l'État,
mais qu'il n'a pas l'intention d'obéir à ses ordres,
aussi longtemps que les Juifs noirs seront traités comme des citoyens de deuxième classe.
CHANT DU CHAMPI(ON)
"Nous avons besoin d'être dans l'armée, de continuer à servir, de contribuer au pays."
MAIS À MER
"Mais nous ne sommes pas les boucs-émissaires de ce pays, et nous ne voulonsvpas être la chair à canon de ce pays où, nous faisons un service de réservistes dans l'armée et, d'autre part, la police nous tombe dessus dans les ruelles écartées et nous embarque dans ses véhicules de patrouille", ajoute Bimro.
"C'est dingue mais c'est notre réalité."
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San Francisco Bay View, 9 décembre 2016.
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Choix, découpage, intertitres, chapō, notes (à suivre) E'M.C.