S. me dit que pour lui, il n'y a pas de médias en Palestine.
De fait, ce qu'on m'en traduit montre que le principal journal, Al Qods, est du niveau d'un quotidien français de province du groupe Hachette et que la télévision et la radio "nationales" sont nulles.
Al Jezira est très regardée mais elle ressemble assez, pour ce que j'en saisis, à une CNN arabe.
Internet est un moyen de divertissement plus que d'information.
Et comme ceux qui ont la possibilité de voyager sont peu nombreux, la plupart des Palestiniens ne sont pas au courant de ce qui se passe dans leur propre pays.
Quand je raconte aux amis de Hébron ce que j'ai vu à Naplouse, ils m'écoutent comme si je parlais d'une ville lointaine.
Ils sont encore moins instruits de ce qui se passe à l'étranger et en particulier en Israël : seuls les plus politisés connaissent l'existence de Ta'ayoush ("Vivre ensemble", organisation regroupant des citoyens juifs et palestiniens d'Israël, qui organise des convois de vivres et de médicaments vers les villes et les villages des territoires occupés).
Les relations avec les Palestiniens d'Israël m'ont paru très réduites.
En France, pendant la dernière guerre, nous écoutions Londres ou la radio suisse - Ici, rien à attendre des radios et TV des pays voisins.
En outre, les difficultés de la vie quotidienne et le poids de la tradition dans chaque région (en particulier, m'a-t-on dit, à Hébron) font que le point de vue est avant tout local.
Le manque d´information est l'une des conséquences les plus graves de l'occupation, l'un des grands handicaps pour une résistance non groupusculaire.
Y remédier serait, me semble-t-il, plus utiles que de faire fonctionner les ministères du Tourisme, des Finances ou des Transports alors qu'il n'existe ni tourisme, ni finance, ni transports.
Notes sur l'occupation, Éric Hazan.
•
Choix et découpage, Chapô, E'M.C.