Tel Rumeida 2.R., directrice de l'école située au sommet de la colline, nous reçoit dans sa maison.
Les fenêtres et les balcons du côté de la colonie de Beit Hadassa sont garnies de grillages métalliques qui protègent des pierres des colons.
" Vous croyez que c'est drôle, dit R. en riant, on dirait que c'est une prison !"
L'école accueille 25 enfants de 6 à 16 ans.
La directrice part cette année en retraite.
- Est-ce que vous parlez aux élèves de la situation actuelle ?
- Mais ils voient tout par eux-mêmes ! Ils sont bien au courant de ce qui se passe sous leurs yeux tous les jours. Comment leur parler de paix, de tolérance ? Ils ne me croient pas.
- Quelle sont pour vous les principales difficultés?
- Faire en sorte que les enfants puissent arriver à l'école. Souvent ils sont arrêtés par les soldats au checkpoint en bas de la colline. Ensuite, comme nous sommes juste en face de Beit Hadassa, les colons leur lancent des pierres, excitent leurs chiens contre eux, arrachent les cartables et les voiles des filles.
- N'avez-vous pas noté une légère amélioration ces temps derniers ?
- Ce matin, les colons sont venus mettre le feu à l'herbe sèche dans mon jardin. Ils nous empêchent de la couper, et quand elle est bien haute, ils viennent l'incendier. Le feu a pris dans les oliviers. Nous avons appelé les pompiers mais ils ont mis très longtemps à venir parce que toutes les routes sont bloquées. Quand ils sont arrivés, la pression de l'eau était trop basse. Les soldats voyaient tout d'en bas mais ils n'ont pas bougé.
- On s'en prend donc à vous personnellement ?
- Oui, tous les colons d'ici me connaissent. Il y a trois semaines, les soldats sont venus la nuit, ils nous ont fait sortir et ont fouillé toute la maison, toutes nos affaires, ils ont ouvert les ordinateurs et regardé ce qu'il y avait dedans. J'ai eu l'impression qu'ils cherchaient des photos.
- Avez-vous eu pendant ces onze ans la visite de quelqu'un de l'Autorité.
- Jamais.
- Êtes-vous contente de partir en retraite ?
- Non. Cette école est différente de toutes les autres. Il faut quelqu'un de fort pour protéger les enfants et je me fais du souci pour l'avenir.
Notes sur l'occupation, Éric Hazan
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Choix et découpage, E'M.C.