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Palestine

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Billet de blog 22 décembre 2015

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" AL SALAMYEH "

Palestiniens: S'échiner à l'échelle, faire le mur pour rentrer chez soi. Routes barrées, tout est chaos, sens interdit, âprement impermissible, même l'accès, aussi aléatoire soit-il, à la compréhension, à la conscience universelle électrifiée, à ce niveau de barbarie, la compassion, anglo-européanisée, sanctuarisée à sens unique, est la pire des illusions, ne fût-ce que pour libérer les bourreaux.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Al-Salamyeh. S. tenait à me montrer ce quartier périphérique de Hébron avant mon départ parce que "personne n'y va, même parmi les gens de la ville".

À la limite Est de Hébron, ce faubourg est en contact direct, immédiat, avec la colonie de Kiriat Arba.

Pour y parvenir, il faut faire un long trajet en voiture en contournant le centre-ville interdit.

À l'arrivée, la route est barrée, on continue à pied.

À main droite, derrière une haute barrière électrifiée avec caméras de surveillance et projecteurs, les rangées de maisons blanches de la colonie.

Tout droit, la route barrée, interdite aux Palestiniens, même à pied.

À gauche, un étroit chemin de terre à leur usage surplombe ce qui devait être des oliveraies, aujourd'hui ravagées, encombrées de gravats et de troncs d'arbres calcinés.

Au-delà de la colonie, plusieurs centaines de fidèles, hommes, femmes, et enfants, assis dans l'herbe, forment un grand cercle bleu clair et blanc.

Dans leurs chants et leurs prières ( nous sommes vendredi soir ), ils sont protégés par des soldats - un tous les 20 m sur la route interdite - et par des civils armés de fusils d'assaut qui entourent le cercle.

En avançant - le chemin de terre s'est effacé et l'on marche maintenant dans les hautes herbes - on aperçoit sur la colline, à une centaine de mètres, des jeunes qui lancent des pierres sur deux femmes vêtues de noir qui trottinent.

Des soldats quittent la route  et descendent nous contrôler dans le champ : en un tel lieu, le groupe  que nous formons est évidement suspect.

Je leur explique que j'admire ce qu'ils font dans ce pays, ils ne comprennent pas mais nous laissent avancer vers Al-Salamyeh.

                       Al-SALAMYEH

Ce quartier où vivent plus de deux mille personnes est en grande partie démoli et toutes les voies sont barrées, aussi bien celles qui permettraient d'y entrer et d'en sortir que les rues intérieures (l'industrie du bloc de béton est sans doute l'une des plus florissantes en Palestine).

Pour circuler dans le quartier ou pour se rendre ailleurs, les habitants ont le choix entre marcher à pied ou trouver un âne.

Ceux dont la porte donne sur la route interdite doivent passer par des échelles au-dessus de leurs murs de derrière pour rentrer chez eux.

Les boutiques sont fermées, les rues sont désertes, les gens restent dans leurs maisons - ce pourquoi ils ont un certain entraînement car le quartier a été sous couvre-feu pendant trois ans au début de l'Intifada et le moindre incident provoque une récidive : le dernier couvre-feu remonte à deux mois.

En marchant vers l'ouest, vers le centre de Hébron, les rues sont toujours barrées mais changent d'aspect.

Le parpaing fait progressivement  place à la pierre ancienne.

Certaines voies sont même restaurées, comme dans le Marais à Paris, probablement par quelque organisation culturelle internationale, ce qui ajoute une touche d'étrangeté à la déréliction des lieux.

On tombe enfin sur une arche ottomane fermée par une haute porte d'acier : de l'autre côté, c'est, me dit-on, la mosquée d'Abraham ( le tombeau des patriarches), le coeur de la ville, à vingt mètres et totalement inaccessible.

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Notes sur l'occupation, Éric Hazan.

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Choix et découpage, Chapô, E'M.C.

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