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Palestine

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Billet de blog 22 décembre 2015

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" AVEC DE TELS AMIS...PAS BESOIN D'ENNEMIS"

L'encanaillement au soutien inconditionnel ressortit de l'escorte politique la plus abjecte qui soit. Quel exemple de perfidie donner au monde cornaqué de valeurs faussées. On ne peut être "ami" d'abîme, d'intrigue, d'opprobre avec un État hors-la-loi, autrement que félon filant au pillage concerté du monde qui se lève, On ne peut prévariquer de l'honneur sans se perdre, se ruiner d'humanité.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

La sympathie dont jouit Israël ces derniers temps est presque embarrassante.

Il y a longtemps qu'on n'a pas vu un tel défilé d'invités de marque dans le pays, ni un accueil aussi chaleureux réservé aux hommes politiques israéliens à l'étranger.

Qui n'est pas venu ici dernièrement ?

On emmène ces visiteurs de marque visiter le mémorial de la Shoah, Yad Vash, le Mur des lamentations et depuis peu, Sdérot - le nouveau lieu de pèlerinage national.

Certains se fendent d'une courte visite à Ramallah, personne ne va à Gaza, mais tous chantent les louanges d'Israël.

Pas une critique de l'occupatio, des violentes occupations israéliennes dans les territoires occupés, du siège qui affame les populations; seules quelques vagues remarques sur la nécessité de trouver une solution.

Israël presse au maximum de citron de Sdérot pour sa propagande.

Ce cocktail de Shoah et de Sdérot, d'islamophobie généralisée et de gouvernement de Hamas à Gaza est efficace.

Israël n'a pas connu un tel succès politique sur la scène internationale depuis les accords d'Oslo.

S'il faut en juger par les déclarations de nos invités et celles de nos hôtes à l'étranger, nous sommes le pays le mieux aimé du monde.

Un pays qui impose un état de siège d'une cruauté sans précédent et mène une politique officielle d'assassinats.

Ce pays est néanmoins accueilli à bras ouverts par la grande famille des nations s'il faut en juger par les déclarations des nombreux hommes d'Etats qui franchissent nos frontière.

Seul le ministre des Affaires étrangères russe a jugé bon de faire état du blocus.

Il est bien fort agréable d'être choyé par le concert des nations, mais c'est une illusion.

L'opinion publique de la plupart des pays dont les dirigeants nous couvrent de louanges ne suit pas le mouvement.

Israël demeure un État dont les opérations sont désapprouvées, un pays honni sinon mis au ban des nations.

Le monde entier voit des images de Gaza à la télévision - en comparaison, Sdérot à l'air d'un camp de vacances - et en tire ses propres conclusions.

Le sens de la justice qui pousse naturellement à soutenir les combats pour la libération des peuples opprimés - les Tibétains, par exemple - dicte aussi le soutien au combat des Palestiniens.

Que ce combat oppose un David palestinien au Goliath israélien ne fait qu'accentuer la tendance.

(...)

Tout aussi l'idée que l'amitié est aveugle et inconditionnelle. 

Que la plupart des pays occidentaux soutiennent Israël et ses aspirations légitimes ne signifie pas qu'ils acceptent tous nos excès.

Le véritable ami d'Israël, celui qui se préoccupe réellement  de son avenir, c'est celui qui ose critiquer sans équivoque sa politique d'occupation - le risque majeur pour son avenir - et qui prend des initiatives concrètes pour y mettre fin.

La plupart des hommes d'Etat qui se montrent amicaux ne comprennent pas ça.

La position des dirigeants européens laisse particulière perplexe.

Passe encore les Etats-Unis et leurs lobbies Juif et chrétien, mais pourquoi l'Europe si prompte à donner son avis ?

Elle aussi a perdu sa capacité à servir d'intermédiaire neutre, à user de son influence pour mettre fin à un conflit qui la met elle aussi en danger.

Nous avons besoin de l'Europe, la paix a besoin de l´Europe, mais l'Europe officielle se voile la face et se conforme aveuglément à la politique américaine qui consiste à soutenir inconditionnellement Israël et le blocus de Gaza.

Angela Merkel, qui a été reçue en grande pompe ici la semaine dernière, n'a évoqué aucun sujet controversé dans son discours devant la Knesset; ce discours soi-disant historique était creux.

Une attitude identique a prévalu chez le président d'un autre grand pays européen, le Français Nicolas Sarkozy, lorsqu'il a invité le président Shimon Pérez.

Les drapeaux israéliens qui flottaient sur les Champs-Élysées et le stand israélien - qui a fait beaucoup d'encre - du Salon du livre de Paris, n'ont pas fait oublier le fait que beaucoup de Français réprouvent l'occupation israélienne.

En évitant toute allusion au blocus de Gaza affamée, et au massacre de centaines de ses habitants, les dirigeants européens ne remplissent ni leurs obligations politiques ni   leur devoir moral.

Tous ceux qui pensent que seule une intervention internationale neutre est susceptible de mettre un terme à l'occupation sont déçus et désespérés.

Oui, c'est tout autrement que l'Europe qui, à juste titre, se sent coupable de l'extermination des Juifs, devrait venir en aide à Israël.

Des visites de courtoisie et des discours mielleux traduisent plutôt un profond mépris d'Israël et de l'opinion publique européenne.

Cette amitié aveugle permet à Israël d'agir  comme bon lui semble.

L'eau a coulé sous les ponts depuis les temps où la décision d'installer de nouvelles caravanes dans les territoires occupés ou de lancer une nouvelle attaque  meurtrière, était longuement pesé par crainte des réactions internationales.

Toute critique a disparu.

Israël a désormais le champ libre pour agir comme il veut, tuer, détruire et coloniser.

Les États-Unis ont renoncé depuis longtemps au rôle d'intermédiaire neutre et l'Europe prend le même chemin.

C'est déprimant : avec de tels amis, Israël n'a guère besoin d'ennemis.

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GAZA, articles pour Haaretz, 2006-2009, Gideon Levy.

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Choix et découpage, chapô, E'M.C.

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