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Palestine

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Billet de blog 22 décembre 2015

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" BREAKING THE SILENCE " À RÉMISSION D'EXÉCRATION

L'inculcation de la haine actionnée du Palestinien - de L'Arabe - dans les yeshivas ( écoles ) des colons extrémistes, pris dans un effroyable culte de l'angoisse récriminative, un suicidaire enlisement mémoriel qui abîme le bon sens au point de raidir leurs enfants à l'irréductible, jusquà les accabler d'engrammes ravageurs, les entravant, peut-être irréversiblement, d'un héritage attentatoire.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Il est facile de comprendre comment s'agrège et  se maintient une secte, ou un bataillon de la légion étrangère.

Plus mystérieusement est la constitution de groupes de colons extrémistes comme ceux de la vieille ville de Hébron ou de Kiriat Arba; comment se regroupent-ils, comment une telle homogénéité dans la haine violente peut-elle se créer et se maintenir ?

À Jérusalem, sur le chemin du retour, je pose la question à Yehouda Saül.

C'est un garçon de 24 ans qui a fait son service mmilitaire de 2001 à 2004.

Il a passé les quatorze derniers mois à Hébron dans une unité combattante, comme servant-tireur d'une sorte de lance-grenades automatique qui permet de tirer des séries de grenades à grande distance.

" Je suis né à Jérusalem dans une famille juive américaine orthodoxe de droite.

J'ai fait mes études dans une yeshiva.

Pendant mon service, j'ai obéi aux ordres, j'ai lancé des grenades sur des immeubles  d'habitation, j'éprouvais même un certain plaisir à faire des tirs précis.

Je n'avais pas d'états d'âme et j'ai fini sergent.

C'est au moment d'être démobilisé que j'ai eu comme une illumination (an enlightment) : je ne pouvais pas continuer ma vie comme ça, il fallait que je raconte ce que j'avais vu, ce que j'avais fait.

J'ai parlé à des camarades qui partageaient ce sentiment.

Alors, en juin 2004, nous avons monté une exposition de photos, de nos photos : "Bring Hebron to Tel Aviv".

Nous avons eu la première page des journaux, la télévision, des milliers de visiteurs.

La police militaire est même venue confisquer quelques photos. 

Puis nous avons fondé Braeking of the Silence, une organisation qui donne la parole aux soldats.

Nous publions leurs témoignages dans des livrets, dans des vidéos, dans des CD audios, sur notre site :  ( www.breakingthesilence.org.il ).

Nous donnons des conférences en Israël et en Europe, nous organisons chaque semaine une visite guidée de Hébron.

J'y consacre toute mon activité.

- Ces colons, d'où viennent-ils, comment peuvent-ils vivre dans une telle haine ?

- À Hébron, ce sont pour l'essentiel des juifs orthodoxes d'extrême droite comme il y en a là-bas. Ils sont convaincus que les Palestiniens - les Arabes en général - sont leurs ennemis mortels : il n'y a pas seulement de la haine chez eux, il y a de la peur.

Ils ressassent l'histoire du grand massacre de juifs à Hébron en 1929, ils sont convaincus que cet évènement va se répéter à la première occasion.

- Mais les enfants ?

- Les colons dressent leurs enfants contre les Palestiniens. Dans leurs yeshivas, on leur apprend qu'il est juste de leur faire du mal.

- Comment se fait-il que l'armée n'intervienne jamais ?

- Il y a parfois des gestes individuels de soldats indignés, surtout au début de leur séjour à Hébron. Mais dans l'armée, on obéit aux ordres, on ne prend pas d'initiative.

Et les ordres sont de protéger les colons, pas les Palestiniens.

C'est en principe de rôle de la police en bleu (civile).

Mais ces gens-là ne font jamais rien parce qu'ils ont peur des colons, peur de recevoir des œufs, des pierres, de faire casser la figure. "

Après leur démobilisation, les jeunes partent milliers, par dizaines de milliers, dit Yehouda, quittent le pays pendant un an.

La plupart partent pour l'Asie du Sud, pour l'Inde surtout.

Il a fallu créer des institutions spéciales pour ceux qui reviennent drogués jusqu'à la moelle ou complètement fous.

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Notes sur l'occupation, Éric Hazan.

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Choix et découpage, chapô, E'M.C.

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