Je ne me languis de rien.

Hier ne s'en va pas, demain ne vient pas

et mon présent n'avance ni ne recule.

Il ne m'arrive rien !

Que ne suis-je une pierre - me dis-je -

Que l'eau me polisse

que je verdisse, jaunisse

que l'on m'expose dans une pièce 

telle l'épreuve ou l'œuvre d'un sculpteur...,

une matière d'où l'utile

surgit de l'inutile.

Que ne suis-je une pierre 

pour être nostalagique de quelque chose !

                                  •

Mahmoud Darwich, Athar al-farâsha (titre original), La Trace du papillon, pages d'un journal - été 2006 - été 2007, Actes Sud, 2009.

                                   •

Choix d'E'M.C.

La Palestine est belle - oui la Palestine est belle

Variée riche - riche en histoire

C'est une terre de mythes 

de pluralisme

et elle est fertile malgré le manque d'eau

elle est modeste aussi

la nature y est modeste 

C'est un pays simple

voici la terre de mon poème 

et dans ces terres je me sens un peu étranger 

il est vrai que l'on peut se sentir étranger

même dans son propre miroir

il y a quelque chose qui me manque

et ça me fait mal 

je me sens comme un touriste

sans les libertés du touriste 

être en visite me mine, 

quoi de plus éprouvant que se rendre visite à soi-même.

Mahmud Darwich

                                •

Extrait d'un documentaire : Mahmud Darwich, et la terre comme une langue, de Simone Bitton.