Le résultat de la guerre des Six Jours de 1967 entre Israël et les armées arabes fut l'occupation de la Cisjordanie et de la bande de Gaza.
Israël a voulu présenter l'histoire comme si c'était
une guerre imposée,
mais de nouveau documents historiques et des archives
montrent qu'Israël était bien préparé pour cela.
1963
En 1963, des autorités militaires, juridiques et civiles de sont inscrites à un cours à l'université hébraïque de Jérusalem
pour établir un plan global sur la façon de prendre soin des Territoires qu'Israël
occuperait quatre ans plus tard
et gérer le million et demi de Palestiniens qui y vivaient.
Motivait cette formation,
l'échec de la manière dont Israël avait pris en charge les Palestiniens de Gaza
durant leur courte occupation
pendant la crise de Suez en 1956.
MAI 1967
En mai 1967, quelques semaines avant la guerre,
les gouverneurs militaires israéliens ont reçu des instructions sur la manière de contrôler les villes et villages Palestiniens.Israël allait transformer la Cisjordanie et la bande de Gaza en une méga-prison sous régime et surveillance militaire.
LE NETTOYAGE ÉTHNIQUE
Middle East Eye: En quoi ce livre est-il basé sur votre livre précédent Le nettoyage éthnique de la Palestine, sur la guerre de 1948 ?
- Ilan Papé: C'est la continuation de mon livre, Le nettoyage éthnique de la Palestine qui décrit les évènements de 1948.
Je considère que tout le projet du sionisme est une structure et pas simplement un événement.
Une structure de colonialisme au moyen de laquelle un mouvement de colons colonise une patrie.
Jusqu'à ce que la colonisation soit achevée
et que la population originelle résiste
à travers un mouvement de libération nationale.
Chacune des périodes que j'étudie n'est qu'une phase au sein de la même structure.
LA GRANDE PRISON
Bien que The Biggest Prison soit un livre d'histoire, nous continuons dans le même chapitre historique.
Ce n'est pas encore fini.
Donc, en ce sens, il devrait probablement y avoir un troisième livre
analysant plus tard les évènements du XXIe siècle
et comment la même idéologie du nettoyage éthnique
et de la dépossession est mise en œuvre dans une nouvelle ère,
et comment les Palestiniens s'y opposent.
MEE: Vous dites qu'en juin 1967 un nettoyage ethnique a eu lieu.
Qu'est-il arrivé aux Palestiniens de Cisjordanie et de Gaza à cette époque ?
En quoi était-il différent du nettoyage éthnique de 1948?
Ilan Papé: En 1948,
il y avait un plan très clair pour essayer d'expulser autant de Palestiniens que possible,
le projet de peuplement a cru qu'il avait le pouvoir de créer un espace Juif en Palestine
dans lequel il n'y aurait aucun Palestinien du tout.
Au moment de vérité, cela n'a pas si bien fonctionné
mais c'était plutôt réussi.
SOUCHIENS RÉFUGIÉS
quelque 80% des Palestiniens vivant dans ce qui allait devenir l'Etat d'Israël sont des réfugiés.
Comme je le montre dans le livre, il y avait des politiciens israéliens qui pensaient que
peut-être nous pourrons faire en 1967 ce que nous avons fait en 1948.
Mais la majorité d'entre eux comprenaient que
la guerre de 1967
était une guerre très courte.
Il y avait la télévision
et beaucoup de ceux qu'ils voulaient expulser
étaient déjà des réfugiés de 1948.
Par conséquent, je pense que la stratégie n'était pas le nettoyage éthnique
tel qu'il a été mis en place en 1948.
C'était (...) un nettoyage éthnique progressif.
Dans certains cas,
ils ont expulsé beaucoup
de gens de Jericho
la vieille ville de Jérusalem
et la périphérie de Qalqilya.
Mais,
dans la plupart des cas, ils ont décidé
qu'un régime militaire
et un siège
pour emprisonner les Palestiniens
dans leur propre région,
seraient aussi efficace que de les chasser.
De 1967 à aujourd'hui,
il y a un nettoyage éthnique
très lent qui s'étend
probablement
sur une période de 50 ans
et qui est si lent
que parfois
il ne touche qu'une personne par jour.
Mais [considérant] la période de 1967 à aujourd'hui.
nous parlons
de centaines de milliers de Palestiniens
qui ne sont pas autorisés
à retourner en Cisjordanie ou dans la bande de Gaza
MEE: Vous faites la différence entre deux modèles militaires qu'Israël utilise:
le modèle de prison ouverte
en Cisjordanie
et le modèle de prison
de haute sécurité
dans la bande de Gaza.
Comment définissez-vous ces deux modèles?
S'agit-il de termes militaires?
Ilan Papé: j'utilise ces termes comme métaphores pour expliquer
les deux modèles qu'Israël
offre aux Palestiniens dans les Territoires occupés.
J'insiste pour employer ce termes parce que je crois que
la solution des deux États
est en fait le modèle de la prison ouverte.
Les Israéliens contrôlent les Territoires
directement ou indirectement
et essayent de ne pas pénétrer dans les villes et villages palestiniens densément peuplés.
Ils ont divisé la bande de Gaza en 2005
et divisent encore la Cisjordanie.
Il y a une Cisjordanie juive
et une Cisjordanie palestinienne
qui n'est plus une zone territoriale
continue.
À Gaza,
les Israéliens sont les gardiens
qui gardent les Palestiniens
enfermés
loin du monde extérieur,
mais ils n'interviennent pas dans ce qu'ils font à l'intérieur. (1)
(...)
Même le président palestinien Mahmoud Abbas (2)
a besoin que les Israéliens
lui ouvrent la porte
s'il passe
de la zone B à la zone C.
Et à mon avis
il est très symbolique (3)
que le président
ne puisse pas bouger
sans que le geôlier israélien
n'ouvre la porte de la cage.
Les Palestiniens ne sont pas passifs (4)
et ne l'acceptent pas.
Nous avons eu la première et la deuxième Intifada,
et peut-être verrons-nous une troisième Intifada.
Dans leur mentalité de gestionnaires de prison,
les Israéliens
disent aux Palestiniens
que s'ils résistent,
ils leur enlèveront tout,
comme ils le font en prison.
Ils ne pourrons pas travailler à l'extérieur,
Ils ne pourront pas se déplacer librement
et seront punis collectivement.
C'est le côté punitif,
la punition collective comme représailles.
• • •
Notes, E'M.C.
(1) Ce n'est plus le cas.
Le cours crescendaire de la constrictive Occupation israélienne s'autorisant d'enhardie à l'inanité de l'ONU occupée, du silence, de la complicité de la communauté internationale, l'imbroglio des ONG, etc. densifie-nt ce supplice apocalyptique d'un autre temps qui déraille en incursions de plus en plus invasives.
(2) Ombre et Malcombre de Palestine, fossoyeur de la résistance.
(3) Quel asymbolie, au duratif garde-chiourme de méprisable suppléance!
(4) Et, pour cause! Mort, Malemort mordant de tous côtés à ce traînant inédit d'infâmie historique.
Choix, découpage, titres intérieurs, crochets, notes,
E'M.C.