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Palestine

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Billet de blog 26 décembre 2015

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" MON HÉROS DE GUERRE À GAZA "

Témoin Attenant, Ô que ç'aurait été pour nous, du toit à la table, d'accorder nos pas aux vôtres, à ce brûlant là-bas, et de nous l'entre-bruire, fraternisant, à l'épreuve qui nous lie d'allège au décaillassage de soi, Dieu merci, vaillamment attentifs à contiguïté d'être, de nous Oser à nous, (Dire), débondés, à l'outrance des mu(l)ti-surdités requises à l'infâme arpentage du démon débordant. EMC

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Mon héros de guerre aime manger chez Ouri Bourri, le célèbre restaurant de Saint-Jean d'Acre.

Il trouve que c'est le meilleur restaurant de poisson du monde.

C'est ce qu'il m'a dit hier, sous le porche du bâtiment administratif municipal, au centre de la ville de Gaza, d'où il émet sans relâche, tous les jours depuis deux semaines.

Mon héros de guerre est Ayman Mohyeldine, le jeune correspondant d'Al- Jazeera English, et en ces temps affreux, le seul correspondant étranger  à émettre depuis la bande de Gaza interdite aux médias.

Al -Jazeera English n'est pas ce que vous pourriez croire.

La chaîne diffuse des reportages équilibrés et professionnels proposés par ses correspondants en poste aussi bien à Sdérot qu'à Gaza.

Mohieldine est la cerise de ce gâteau journalistique.

Je n'aurais pas eu besoin de lui ni de ses émissions si les chaînes israéliennes ne faisaient pas l'impasse sur les combats.

Depuis que j'ai découvert cet enfant prodige de l'Amérique ( sa mère est de Toulkarem en Cisjordanie, et son père, égyptien ), j'ai cessé de passer frénétiquement d'une chaîne à l'autre.

Quiconque est dégoûté de la façon dont Roni Daniel couvre les évènements sur la seconde chaîne israélienne est invité à se brancher sur les reportages intelligents et réfléchis de Mohyeldine.

Quiconque est dégoûté de nos récits héroïques, de nos préjugés, de nos paroles lénifiantes, de nos images des bombardements façons Rorschach, des photographies fournies par le porte-parole de Tsahal, des justifications données par nos propagandiste, de l'auto-satisfaction générale et des demi-vérités, est invité à se connecter.

Tous  ceux qui veulent vraiment savoir ce qui se passe, pas seulement à propos d'un mariage reporté à Sdérot, ou d'un chat oublié à Ashkelon.

C'est souvent pénible à regarder, insoutenable.  mais la réalité du moment ne l'est pas moins.

J'ai suivi Mohyeldine tout au long de cette guerre.

Coiffé d'un casque et d'un gilet pare-balles, parfois d'un chemise Lacoste, il émet, debout, sur le toit, s'exprimant toujours sur un ton mesuré, en gardant son calme et sans abuser de superlatifs pour décrire ce que nous infligeons à Gaza, même quand les avions passent au-dessus de lui et bombardent une maison du voisinage.

Il lui arrive de s'accroupir le temps d'un bombardement, les yeux perpétuellement brûlants de fatigue, les traits traduisant parfois un sentiment d'impuissance.

À 29 ans, il a déjà connu la guerre en  Irak, mais il dit que celle-ci est plus intensive.

Il est frustré de voir que ses images circulent pratiquement partout dans le monde, excepté aux États-Unis, son propre pays, l'endroit où il pense qu'il serait important qu'on voie ces images de Gaza.

"Au bout du compte, si un pays peut avoir une influence, ce sont les Etats-Unis.

C'est frustrant de savoir qu'on n'atteint pas les spectateurs qu'on voudrait" me disait-il cette semaine depuis son toit.

Vendredi, il en est finalement descendu, par sécurité, après que les forces de Tsahal ont bombardé un bâtiment voisin abritant les médias.

Ai-je peur ? 

" Je mentirais si je disais que je n'ai pas peur, mais mon devoir est plus grand que ma peur " dit-il.

Il ne dit pas non plus de mal d'Israël.

Il serait ravi d'y retourner - après tout, il a de bons amis là-bas.

Nous prenons même rendez-vous pour dîner ensemble dans son restaurant préféré : à 18 heures, après la guerre.

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Gaza - articles pour Haaretz, Gideon Levy.

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Choix, découpage, et chapô aphoristique, E'M.C.

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