Une nomenclature des Lieux saints particuliers vénérés par les diverses communautés religieuses de Jérusalem serait ici aussi fastidieuse qu'inutile.
Voici, en revanche, une présentation sommaire de l'ensemble des Lieux saints par Louis Massignon dans la dernière édition de son Annuaire du monde musulman (1954).
En rappelant l'essentiel de ce qui a été désigné jusqu'ici,
ce texte qui allie l'autorité du savant et le témoignage du croyant s'attache à ce qui lui paraît, en matière de Lieux saints,
retiré par la conscience religieuse à toute tentative de négociation,
comme à tout faut accompli.
Il serait d'ailleurs superflu de souligner que ce texte illustre et fonde la perspective propre à ce dossier.
Son témoignage rejoignant les revendications islamiques
généralement ignorées par l'Occident
ne doit surprendre
ni encore moins offusquer l'observateur de bonne foi.
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"Aucun musulman croyant ne peut accepter de renoncer à Hébron (1),
ni surtout à Jérusalem (2),
troisième Haram de l'Islam
(après La Mecque (3) et Médine, avant Hébron);
Jérusalem, Al-Quds, est le point d'intersection et de greffe (4) de l'Islam,
né au désert arabe, dans l'humanité internationale.
Elle est le point d'impact et la preuve d'authenticité du désir de Dieu,
du Dieu d'Abraham,
qui poussa Muhammed,
dans son extase nocturne du Mi'râj, (5)
vers ce "temple" inaccessible...[...] qui doit devenir
la suprême Qibla de l'Islam,
remplaçant La Mecque (Ka'ba) à la fin des temps. (6)
L'Islam ne peut, sans renier le Prophète, rétrocéder Al-Aqsâ (7) à la chrétieneté, ni à Israël.
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De même, la chrétieneté,
à qui 'Umar a laissé le Saint-Sépulcre,
ne peut le céder,
même en simple garde, à Israël,
car pour Israël,
Jésus est un messie (8) qui n'a pas su le sauver
et sa mère est suspecte;
tandis que pour l'Islam,
Jésus et Marie sont deux prophètes, (9)
saints et immaculés;
et la mosquée de l'Ascension reste commune,
cédée trois jours par an aux franciscains.
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De même, la chrétieneté ne peut se faire restituer le Cénâcle,
ni par l'Islam
ni par Israël
(qui l'a pris en 1948 pour le psautier)
car tous deux y vénèrent (10) la tombe de David.
Enfin, Israël peut difficilement se faire rendre la Sakhra, le Rocher du Sacrifice pascal;
car l'Islam, qui la détient,
y a remplacé se sacrifice figuratif annuel,
(transférépar son fondateur)
à Arafât et Mina (11),
par la prière du vendredi,
sous une coupole où les inscriptions arabes célèbrent Jésus comme Messie d'Israël (12);
et la chrétieneté ne peut pas oublier,
elle,
que la dernière Cène de Jésus a réalisé la Pâque juive pour toujours.
En revanche, le mur des Lamentations
peut et doit être visité
à nouveau
le 9 âb;
Hébron,
Mambré et Béni Naïm (Nabi Lout = S. Lot)
pourraient être vénérés
par les trois religions
à égalité." (1)
(1) Note de Massignon : Cf. Psaumes. LXXIX et CXXXII.
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Louis Massignon, Opéra Minora, t. 3, pages 219, 220,
in, Les Lieux saints, Youakim Moubarac, L'Âge d'Homme, 2005, pages 121,122.
citant, Lieux saints, Mgr. Bernardin, PUF, page 10.
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Notes E'M.C. :
(1) Nom arabe original الخليل Al-Khalil, l'Ami de Dieu, خليل الله.
(2) Voir, étymologie évolutive du nom (à venir, E'M.C.)
(3) Plus exactement Mecque, hiéronyme se suffisant à lui-même.
(4) Nous considérons le mot "greffe" comme malvenu, qui perd de vue que l'Islam (4') n'étant du tout une "greffe", est la religion de la Fitra, فطره - prime nature - depuis la création hors acte procréatif conjoint, d'Adam, Prophète.
(4'), l'Islam, en tant qu'Insoumission "absolue" à tout ce qui n'est Allâh, Imparité exclusive du pluriel Elohim, en distenduité à El, initial d'Ur, Mésopotamie, Mère de Civilisation(s).
Loin de la malbête-dispendieuse-opiniâtre acception, politiquée, de l'invertébrale soumission galvaudée, à qui veut bien l'entendre, aux concerts démultipliés de l'Acéphalie "glu-conceptualiste"
(5) Les savants musulmans ayant abondamment traité de ce sujet, en se basant, de La Sourate 17, dite Al-Isra, الإسراء, Le Voyage nocturne dans sa double dimension-acception terrestre (horizontale) et céleste (ascensionnelle);
Massignon, ne retenant là que l'aspect symbolique de l'élévation seigneuriale de l'âme du Prophète à Son Enseigneur.
Note de recherche fondamentale, Massignon (ne) considérant, paradoxalement, le musulman (que) comme (inestimable) "catéchumène" (à ramener !).
(6) Cet aspect, fin des temps, du voyage du Haram primordial (Lieu saint à Mecque) et Mosquée du Prophète totalisateur (Lieu saint à Médine), ayant également été traité et "tranché" par les savants musulmans.
Lors du Troisième avènement messianique de clausule de cycle et de résurrection universelle.
(7) Autre graphie phonétique. Al-Aqça.
(8) Jésus, "maître" adirant, transfuge (jamais messie!) voir Caïphe et Anne Maîtres de la Poète Temple (d'alors).
(9) Marie toujours révéremment virginisée - Immaculée - par l'Islam, voir Sourate 17, Marie مريم qui porte son Nom. Pas Prophète.
(10) L'Islam (sunnite s'entend) -hors étoilement hérétique- rejette avec horreur le culte des tombes, et en premier celle du Prophète Mohammed lui-même.
(11) Voir, Pèlerinage Cinquième pilier de l'Islam, Rituel, Étude et symbolique.
(12) rejetté comme Messie par les Juifs, orthodoxes pour qui tout s'arrête au prophète Moïse, et laïcs ultra-libéraux, pour qui David est la clé de voûte de l'Empire en expansion.
Note d'appoint - ou de rappel aux érudits - (et/ou) à qui voudrait saisir l'œuvre de Louis Massignon, que celui-ci, catholique [Hallajien] de rite melkite, initiateur de la Badaliya, réalise ses prières "dans l'Idiome de Dieu", en arabe classique.
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Choix, dé-coupage, notes, bibliographie(s), E'M.C.