E'M.C. (avatar)

E'M.C.

Abonné·e de Mediapart

Billet publié dans

Édition

Palestine

Suivi par 187 abonnés

Billet de blog 30 décembre 2015

E'M.C. (avatar)

E'M.C.

Pr.-Apprenant permane, assigné à résilience.

Abonné·e de Mediapart

" UN JEU D'ENFANTS "

Cf. Terrorisme du ciel, Vidéastes au Vif, Un Nuremberg pour l'ONU, La Cigogne, Bruxelles. E'M.C.

E'M.C. (avatar)

E'M.C.

Pr.-Apprenant permane, assigné à résilience.

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Cette guerre est une guerre de luxe.

Comparés aux guerres précédentes, c'est un jeu d'enfants.

Les pilotes de chasse lâchent leurs bombes sans être inquiétés, comme s'ils étaient à l'entraînement.

Les soldats qui servent dans les chars et l'artillerie bombardent des maisons et des civils depuis des véhicules blindés, et les soldats du génie, à l'abri dans leurs engins monstrueux, détruisent des rues entières sans rencontrer de véritable résistance.

C'est une guerre menée par une armée grande et  forte contre une population impuissante et une espèce d'organisation militaire faible et sous-équipée qui se protège pour survivre et n'engage pratiquement aucun combat.

Il vaut mieux l'avouer avant de célébrer notre héroïsme et notre victoire.

Mais cette guerre est aussi "un jeu d'enfants" à cause de ses victimes.

Un tiers des victimes de la guerre de Gaza sont des enfants.

311 enfants, selon le ministère de la Santé Palestinien, 270, selon Betselem, sur un millier de morts - données d'hier.

1549 des 4500 blessés de cette guerre sont des enfants selon les données de l'ONU.

D'après les mêmes sources, le nombre d'enfants tués a été multiplié  par trois depuis le début de l'intervention terrestre.

Ces proportions sont énormes au regard de tous les critères humains et moraux.

Il suffit de regarder les images  qui parviennent  de l'hôpital Shifa de Gaza pour constater combien d'enfant brûlés, vidés de leur sang et mourants arrivent là-bas.

L'histoire récente a connu beaucoup de guerres, plus atroces les unes que les autres, mais jamais dans ces proportions.

Qu'un tiers des tués soit des enfants montre de quelle mesure s'est cette guerre.

Dieu n'a pas pitié des enfants des écoles maternelles de Gaza et Tsahal non plus.

Voilà ce qui arrive lorsqu'on attaque une zone aussi densément peuplée et à forte natalité.

Environ la moitié des habitants de Gaza a moins de quinze ans.

Aucun pilote ni aucun soldat ne va à la guerre pour tuer des enfants.

Aucun d'eux n'a eu l'intention de les tuer, mais on dirait aussi qu'aucun d'eux n'a jamais eu la ferme intention de ne pas en tuer. 

Quand cette guerre a commencé, 952 enfants et adolescents avaient déjà été tués par des soldats de Tsahal depuis l'an 2000.

                          --------          --------

L'effarante indifférence de l'opinion publique face à ces chiffres est inexplicable.

Si nombreux soient-ils, les propagandistes et les commentateurs ne trouveront jamais d'excuse à ce crime.

On peut toujours accuser le Hamas et lui faire porter la responsabilité de la mort de ces enfants, mais aucun être humain sensé au monde n'avalera cet infâme salmigondis de propagande et de contre-vérité quand il aura vu les chiffres et les images de Gaza.

On peut toujours prétendre que le Hamas  se cache au milieu de la population civile, comme si la Kyria (Voir notule) n'était pas située en plein centre de Tel-Aviv, et comme si à Gaza un seul endroit qui ne soit pas "au coeur de la population".

On peut aussi prétendre que le Hamas se sert des enfants comme boucliers humains, comme si chez nous, on n'avait pas enrôlé des enfants dans les organisations qui se sont battues, à l'époque, pour la création de l'Etat.

L'immense majorité des enfants tués à Gaza ne sont pas morts parce qu'ils étaient des boucliers humains ni parce qu'ils étaient au sevice du Hamas.

Ils sont morts parce que Tsahal a tiré des missiles  ou jeté des bombes sur eux, leur famille ou leur maison.

C'est pourquoi le sang des enfants tués à Gaza est sur nos mains et non celles du Hamas, Et nous  ne pourrons jamais échapper à cette responsabilité.

Les enfants de Gaza qui auront survécu grandiront avec la mémoire de cette guerre.

Il suffit de regarder le film extraordinaire de Juliano Mer-Khamis, Les enfants d'Arna, pour comprendre ce qui croît sur les ruines et le sang que nous laissons derrière nous,

En grandissant, les enfants de Jénine, qui ont vu moins d'horreur que ceux de Gaza n'en voient aujourd'hui, deviennent des combattants, des terroristes et des bombes humaines.

Un enfant qui a assisté à la ruine de sa maison, à la mort de son frère, à l'humiliation de son père, ne pardonnera pas.

Les enfants de Gaza n'oublieront jamais ce qu'ils voient et vivent en ce moment.

La dernière fois que j'ai été autorisé à me rendre à Gaza, en novembre 2006, je suis allé à l'école maternelle d'Indira Gandhi à Bei Lehyia. 

Les enfants ont dessiné ce qu'ils avaient vu la veille : un missile de Tsahal avait frappé leur bus scolaire, et leur maîtresse, Najwa Khalif, avait été tuée sous leurs yeux.

Ils étaient horrifiés.

Certains d'entre-eux ont peut-être été tués ou blessés.

                                    •

La Kyria, le quartier de Tel-Aviv où est situé le centre de commandement de l´armée. 

                                     •

Gaza -articles pour Haaretz, Gideon Levy.

                                    •

Choix et découpage, E'M.C.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.