Interrogez-le, il vous le dira: il n'est pas un chanteur de funk, il n'est pas un chamane distillant son vaudou sur scène. Il est poète, venant de Caraïbes qui en ont connu tant. Kamau Brathwaite, Wilson Harris, Erna Brodber. Et Derek Walcott, surtout. Et Anthony Joseph.
«Je me considère vraiment comme un poète, explique-t-il encore frais après une bonne heure de concert. J'écris les textes et on travaille ensuite avec le groupe pour composer la musique, pour placer le tout ensemble dans un processus organique». De fait, sur scène, il chante, il parle, il conte, il harangue. D'une voix chaude à la scansion tranchante. On jurerait être devant Gil Scott-Heron. «J'aime beaucoup ce qu'il fait, mais on ne peut pas dire que ce soit une influence. Je l'ai découvert quand j'avais une vingtaine d'années et j'écrivais déjà des poèmes». Comme lui, pourtant, c'est un exilé. Il est parti de Trinidad vers Londres. Repéré en France par son producteur, sur la foi de ce qu'il avait publié sur MySpace.
Reste le groove. La bonne grosse pulsation fixe du Spasm band secoue le public, qui déserte les gradins trop sages du Théâtre antique, après deux heures de concert de Salif Keita. Un funk proche de la transe. Attachant. Envoûtant. Sismique.
Une vidéo d'Arte Live Web
