Pour un peu, le Buena Vista Social Club n'aurait pas existé. En 1996, la grande idée de Nick Gold était de rassembler des artistes «vétérans» maliens et cubains de son label World Circuit pour un «supergroupe» de musique afrocubaine. Devinez ce qu'il arriva: les Maliens furent bloqués à Paris, «en raison d'un stupide problème de passeports perdus par la poste».Devant l'objectif de Wenders, à côté des Compay Segundo, Ibrahim Ferrer, Ruben Gonzalez ou Eliades Ochoa, on aurait du trouver le ngoniste Bassekou Kouyaté et le guitrariste du Rail Band de Bamako Djelimady Tounkara. Il ne manquait guère qu'Ali Farka Touré pour réunir le All-Stars malien.
Plus de dix ans ont passé là dessus et huit millions d'albums du Buena Vista Social Club. Un regret probablement aussi, puisqu'en 2008, Nick Gold a repris son projet. Beaucoup de campesinos étaient morts, mais les Maliens étaient toujours, avec même quelques nouvelles vedettes, comme le koriste Toumani Diabaté, le joueur de bala Lassana Diabaté et le chanteur Kassé Mady Diabaté pour accompagne le Grupo Patria d'Eliades Ochoa, Bassekou Kouyaté et Djelimady Tounkara.
«En Afrique de l'Ouest, la musique cubaine était extrêmementpopulaire dès les années 1940 et 1950, expliquait, dans un entretien à Mediapart, Nick Gold. Au Mali, par exemple, au début des années 1960on n'entendait que de la musique cubaine à la radio. Après son indépendance, leMali a développé une relation forte avec Cuba, comme avec d'autrespays socialistes. De nombreux liens ont été tissés avec Cuba, et notammentartistiques. Des musiciens maliens sont allés étudier la musique plusieursannées à Cuba avant de revenir au Mali.» Côté cubain, en revanche, l'affaire est plus compliquée: la musique mandingue apparaît moins comme une évidence et les Maliens devront se couler dans la trova cubaine.
«Tout est allé très vite, poursuit Nick Gold. Tout le monde s'est retrouvé à Madrid. Si les Maliens se connaissaient tous entre eux, et partageaient les habitudes de la musique mandingue, ils ne connaissaient absolument pas les Cubains, à l'exception de Toumani et Eliades qui s'étaient déjà rencontrés. Pourtant dès le premier jour on avait le sentiment d'une réunion d'anciens étudiants. Ils se sont tous assis les uns à côté des autres, on a réglé les micros. Ils ont commencé à jouer Al vaiven de mi carreta, qui est devenue ladeuxième chanson de l'album, et tout était déjà en place. Je l'ai immédiatementcompris. A la fin de la semaine, on avait enregistré tout Afrocubism.»
- Le 15 juillet à 21 heures au théâtre antique d'Arles.