
Impassible et spontanée, la révolte, organique à souhait, poussait entre les pavés comme trop souvent rage au soleil. L’aube, tombée à genoux, suppliait l’orée d’une force aussi intense que sauvagine. L’été venait à peine d’éclore découvrant son lot de farniente au seuil d’un décor des plus banals.
Cent jours à la traîne, cent jours à la peine, perdus parmi le lot de tous ces rêves profanés de vains espoirs, bafoués sous la plus grande des indifférences, jetés dans l’opprobre des promesses de campagne. Waterloo, morne plaine, ne sens-tu rien pourrir ? Fétide rugissements lancés comme pitance aux félons.
Comment pouvoir s’imaginer effacer de la sorte, d’un simple coup de baguette magique, toute trace et toute forme de contestation sociale ? Comment s’affranchir sans encombre de cette plaie béante en plein cœur d’une démocratie décadente ? Comment croire que l’ordre dit Républicain puisse résoudre sans encombre le désordre et remettre en marche le chaos institutionnel ?
Les mots dans l’indifférence des maux. République de faussaires. République bananière. L'imposture flanquée dans ses godillots.Maladie des temps modernes. Chaos des affrontements.

Agrandissement : Illustration 2

Sous les écueils effrités de tous ces oubliés que l’on efface volontiers d’un simple trait d’indignité, en ces jours maudits le roi décline. À grands coups de semonce, voilà qu’il s’indigne outre mesure, affirmé de son bon droit constitutionnel. Mal élu, mal fichu, Foutriquet, aristocrate à culotte serrée.
Piqué d'orgueil, telle est hélas cette volonté de s’incarner à sa propre gloriole, défiant contre us et coutumes la souveraineté du peuple. La République en deuil, de pied en cap. Face au tumulte de la nation, le roi se fourvoie dans les relents des extrêmes. En feu follet il se consume sur les braises de la discorde, le roi se meurt. Politique d'un vouloir absolu, l'absolu du pouvoir.
De plus en plus sauvage, retranchée en ces pénates Marianne gronde. Elle est vivante. Elle reprend son souffle. Elle n’en peut plus. Elle n’en veut plus. Prise de tremblements, certains soirs indigestes, un sanglot l’étreint dans son indomptable insolence. Serrant les poings, elle s’enfièvre les yeux écarquillés, cherchant à chasser ces visions d'épouvante qui défilent sans repos.
" La morgue prend à l'aube des airs de moisson. les poux luisants, les brins d'épis évadés de nos matelas brillent comme un champ d'astres "
À tous bras elle vocifère plus fort que le brouhaha des ors du palais des nantis. Toujours debout face au malheur, résolument acquise à la cause des proscrits saccagés de tant d’espérances déçues, de tant de passions déchues. De sa plaie béante d'amour, Marianne reprend le flambeau de la « Vierge rouge ». Éblouie de son chant prodigieux, il lui arrive de rêver de quoi réinventer le monde.
" Ce n’est pas une miette de pain, c’est la moisson du monde entier qu’il faut à la race humaine, sans exploiteur et sans exploités " Louise Michel